Trop peu, trop tard... Encore une fois!
Il était autour de 21 h lorsque le Canadien s'est mis à jouer du vrai hockey au lieu de se contenter de faire acte de présence, samedi soir, au UBS Arena.
Les plus positifs trouveront une source de consolation en lançant qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Surtout que le Tricolore a évité la catastrophe après que Jake Evans, l'un des meilleurs attaquants depuis quelques semaines a été blessé au genou sur la dernière mise en jeu du premier tiers et qu'il n'est pas revenu au jeu par la suite.
Que le capitaine Nick Suzuki a marqué un premier but en 12 matchs complétant de très belle façon un très beau jeu orchestré par Jonathan Drouin qui joue du hockey inspiré pour la première fois depuis des semaines… peut-être même des mois !
Les plus réalistes répliqueront que ce sont là de bien minces consolations compte tenu du fait que le match avait débuté à 19 h 15, qu'on était rendu en troisième période lorsque le Canadien a donné signe de vie et que les Islanders qui menaient alors 2-0 ont quand même su protéger leur avance pour gagner 2-1 et mettre un terme à une séquence de quatre revers de suite.
Je vous laisse choisir votre camp.
Mais peu importe que vous décidiez d'être positifs, optimistes, réalistes ou pessimistes, il sera très important, crucial même, que le Canadien commence à jouer du vrai hockey avant 21 h, dimanche soir, au Madison Square Garden, où il croisera les Rangers.
Pas juste parce que les Blue Shirts forment une meilleure équipe que leurs voisins de Queens comme ils l'ont prouvé en balayant le Tricolore 4-1 il y a dix jours au Centre Bell.
Mais surtout parce qu'à 21 h, le match sera terminé depuis longtemps au sens propre comme au sens figuré, car c'est peu après 17 h que la première mise en jeu sera déposée.
Ok! La blague est facile. Trop même!
Mais aussi mauvaise et facile soit-elle, cette blague illustre parfaitement l'allure du match de samedi. Un match que le Canadien a amorcé plus tard que son adversaire. Un match que le Canadien a amorcé trop tard.
Cette mauvaise blague explique pourquoi le Canadien a encaissé sa 26e défaite de la saison, sa 23e en temps réglementaire. Une deuxième seulement en temps réglementaire (12-2-3) dans le cadre des matchs qui se sont décidés par un but.
Pourquoi il a raté l'occasion de jumeler deux victoires pour la première fois depuis les 23 et 25 novembre dernier à Columbus et Chicago. Une séquence de 22 parties…
Sur les talons!
Le Canadien a amorcé le match sur les talons; il s'est ensuite effacé devant un club solide. Un club difficile à affronter. Un club qui oblige ses adversaires à trimer dur pour mousser ses chances de victoire.
Le Tricolore est resté très loin d'Ilya Sorokin qui a eu la vie facile pour réaliser la presque totalité de ses 22 arrêts. Inversement, les 36 arrêts de Samuel Montembeault laissent croire que le match a été serré alors qu'il l'a été beaucoup moins que le score final pourrait le laisser croire.
Si, comme il l'a soutenu dans ses commentaires d'après-match, Martin St-Louis était vraiment satisfait de l'effort déployé par ses joueurs, c'est que l'entraîneur-chef du Canadien se contente de peu.
Vrai que c'est une année de reconstruction. Vrai qu'il faut être patient et ne pas accorder trop d'importance aux résultats des rencontres. Et je suis tout à fait d'accord avec ces deux grands principes. Des principes avec lesquels je serai encore en accord l'an prochain, et peut-être même dans deux ans.
Mais le manque d'intensité affiché pendant les 40 premières minutes du match, surtout les premiers instants de la rencontre, ne peut être mis de côté en raison des quelques bonnes minutes disputées en troisième.
Ce ne sont pas des champions potentiels de la coupe Stanley qui ont dominé le CH en première période. Ce sont les Islanders. Un club qui pourrait bien rater les séries lui aussi.
Aussi bon soit-il, et il l'est vraiment alors qu'il semble dominer depuis une éternité, le quatrième trio des Islanders – Matt Martin, Casey Cizikas, Cal Clutterbuck – a fait très mal paraître ses rivaux du Canadien en prenant le contrôle du jeu en zone ennemie avant que Cizikas ne fasse dévier un tir du défenseur Noah Dobson.
Après 145 secondes de jeu seulement, c'était déjà 1-0.
Moins de quatre minutes plus tard, c'était 2-0. Pourquoi? Parce que les joueurs du Canadien sont demeurés très passifs en zone défensive. Oui, encore!
Samuel Montembeault a été généreux en accordant un retour sur un tir du défenseur Scott Mayfield, je veux bien, mais c'est impensable qu'Anthony Beauvillier ait pu sauter sur le retour alors qu'aucun joueur du Canadien n'était assez près de lui pour au moins tenter de lui compliquer le travail. Au lieu d'être prêts à sauter sur le retour accordé par leur gardien ou pour lui venir en aide en s'interposant devant un rival, les joueurs du Canadien se sont contentés de regarder!
Lapidés et frappés : combinaison perdante
Au-delà un score final qui contourne un brin ou deux la vérité, les tirs au but donnent une meilleure idée de l'allure de la rencontre.
Pas juste les tirs cadrés que les Islanders ont dominés 38-23.
Mais surtout les tirs décochés qui eux donnent souvent une très bonne indication sur le temps de possession de rondelle puisqu'il faut avoir la rondelle pour décocher des tirs…
À ce chapitre, les Islanders ont dominé le Canadien 75-46.
Malgré cette énorme domination qui témoigne du fait que le Canadien a passé plus de temps à tenter de rattraper leurs adversaires que le contraire, les Islanders ont aussi dominé (25-18) les mises en échec assénées au cours du match.
Pas besoin d'être JoJo Savard pour prétendre que si le Canadien est encore dominé ce soir, cette fois par les Rangers, au chapitre des tirs cadrés, des tirs décochés et des mises en échec distribuées, les Blues Shirts vont se sauver avec la victoire.
Surtout en l'absence de Jake Evans s'il n'est pas en mesure de jouer. Et on va se le dire, les images de son genou mis à rude épreuve lors d'une chute suivant une mise en jeu sans importance – en zone neutre avec trois secondes à faire – n'augurent rien de bon.
Comment s'ajuster?
Kirby Dach a terminé le match au centre alors que Jonathan Drouin et Jesse Ylonen l'ont remplacé à la droite de Suzuki et Caufield. Dach pourrait donc obtenir le mandat de piloter un trio face aux Rangers. Drouin pourrait continuer à mener le quatrième trio.
Mais avec la perte d'un joueur qui était devenu important comme Jake Evans l'était devenu, il faudra que Mike Hoffman et Michael Pezzetta – j'ai l'impression que Martin St-Louis évitera d'y aller à seulement 11 attaquants avec un alignement aussi mince – profitent de leur retour au jeu pour vraiment prouver qu'ils méritent de jouer. Qu'ils n'obtiennent pas cette chance simplement en raison de la blessure à Evans. Ce qui reste à prouver…
La réponse tombera rapidement.
Bon dimanche!
Et n'oubliez pas: le match Canadien-Rangers débute à 17 h.