Un but qui atténue les critiques
Cole Caufield a fait bien plus que donner une victoire de 3-2 en prolongation au Canadien de Montréal en marquant son troisième but de la saison samedi soir.
Il a surtout atténué les critiques qui s'apprêtaient à déferler sur le Tricolore qui venait de laisser les Capitals de Washington combler un recul de deux buts en deuxième moitié de troisième période pour forcer la tenue de cette prolongation.
Je suis le premier à répéter qu'en cette année de construction, l'évaluation du Canadien dépassera le cadre habituel des victoires et des revers.
Comme plusieurs partisans prêts à afficher une patience certaine et non une certaine patience, je suis tout aussi conscient de la jeunesse et les conséquences associées à ce manque d'expérience, justifient qu'on soit prêts à plus souvent voir le verre à moitié plein qu'à moitié vide.
Mais quand même!
Après le match lamentable disputé mardi face à Marc-André Fleury et ses coéquipiers du Wild du Minnesota, le Canadien se devait d'être bien meilleur samedi face à Alexander Ovechkin et les « Caps ».
Et il l'a été. Sur plusieurs fronts.
En plus de marquer, Caufield a décoché 13 tirs en 21 présences. C'est énorme. S'il a pu dégainer autant, c'est qu'il a su prendre les moyens de s'offrir en cible en zone ennemie. C'est aussi parce que Nick Suzuki et les joueurs qui jouaient en compagnie du petit Cole ont su lui servir de belles et de nombreuses passes.
Parlant de Suzuki, il a disputé son meilleur match de la saison. Vrai que les trois premiers n'avaient vraiment pas été à la hauteur du talent du capitaine. Mais il a été plus efficace dans plusieurs facettes du jeu. Dont au cercle des mises en jeu (11-en-16 : 69 %).
Cela dit, Suzuki est capable d'être plus dominant qu'il ne l'a été samedi. Surtout qu'il aurait dû être en mesure de profiter plus encore de l'âge avancé et de la lenteur des Capitals pour trôner sur la patinoire.
Mais bon! Après trois matchs passés au neutre, il était intéressant de le voir se mettre enfin en marche.
Statistiquement – aucun point, un seul tir cadré sur les six décochés, deux mises en jeu gagnées sur six disputées – Alex Newhook a connu un match difficile samedi. Mais les statistiques ne disent pas tout. L'un des patineurs les plus rapides du Tricolore, Alex Newhook a mystifié les Capitals à plusieurs reprises. En relève à Kirby Dach, le nouveau venu n'a pas été en mesure de mettre Juraj Slafkovsky en évidence. Mais le travail est là et il mérite d'être souligné.
Comme l'efficacité des principaux joueurs employés en désavantage numérique. Jake Evans a encore été très solide dans ce rôle. Avec ses 5 min 0 s d'utilisation, il a été le plus sollicité des attaquants du Canadien. De fait, seul Jordan Harris (5 min 38 s) a été plus utilisé en désavantage. En passant, Harris et Johnathan Kovacevic ont été solides dans ces affectations défensives. Tout comme Jesse Ylönen qui joue du hockey très efficace après quatre matchs cette saison.
Jake Allen : première étoile
Il est plus que temps de rendre l'hommage qu'il mérite à Jake Allen.
Car s'il est vrai que le Canadien a été bien meilleur samedi, surtout lors des 40 premières minutes de jeu, le vétéran gardien a changé le cours de la rencontre en empêchant des « Caps » de marquer quelques buts en début de rencontre.
Allen qui a été parfait avec 12 arrêts au premier tiers, le Canadien s'est offert une avance de 1-0, avance qu'il a doublée en période médiane. Avec un but de Brendan Gallagher qui a profité des lacunes défensives des Capitals pour marquer son premier but de la saison.
Vous avez vu à quel point Gallagher semblait rapide sur la séquence qui a mené au but?
Ça démontre à quel point les Caps sont lents. Et ce but a démontré plus encore à quel point Evgeny Kuznetsov est généreux défensivement. Gallagher est derrière le vétéran joueur de centre lorsqu'il entre en zone ennemie. Mais Gallagher n'a pas la moindre difficulté à doubler son adversaire lorsqu'il a flairé l'occasion de marquer avant de foncer au filet et de pousser une rondelle libre derrière le gardien Darcy Kuemper.
Non seulement Kuznetsov n'a rien fait, rien de rien, pour nuire à Gallagher, mais on aurait juré qu'il a aidé sa cause au lieu de la compliquer. Ou d'au moins tenter de la compliquer.
Cette séquence illustre le marasme dans lequel les Caps sont en train de plonger. Elle illustre aussi pourquoi je crois vraiment qu'ils seront plus près du dernier rang dans la division Métropolitaine que de la deuxième des deux places réservées aux clubs invités en séries.
Revenons à Allen, le vétéran gardien a réalisé d'autres arrêts importants lors des deux derniers engagements pour protéger cette avance.
Allen a fait plus que sa part en donnant une chance de gagner à son équipe. Il mérite d'ailleurs pleinement la première étoile qu'il a obtenue. Une première étoile qu'on lui aurait volée en couronnant, comme on le voit malheureusement trop souvent, l'auteur d'un but gagnant enfilé en prolongation ou en tirs de barrage.
Surutilisation périlleuse
En troisième période, ses coéquipiers ne l'ont pas aidé.
Au lieu de profiter des cinq attaques massives obtenues au dernier tiers pour mettre le match hors de portée, les attaquants et défenseurs utilisés en supériorités numériques ont fait tout le contraire. Non seulement ont-ils bousillé ces occasions, dont deux en or – 54 secondes à cinq contre trois et 32 secondes à quatre contre trois – mais les spécialistes de l'attaque à cinq, surutilisés par Martin St-Louis, manquaient de jus en fin de rencontre.
Avec les résultats qu'on connaît.
Bien reposés après avoir regardé les spécialistes de la défensive s'époumoner sur la patinoire, les meilleurs joueurs des Capitals ont su profiter de la fatigue des meilleurs joueurs du Canadien qui avaient tellement perdu d'énergie en attaque à cinq qu'ils en manquaient cruellement en fin de rencontre à forces égales.
C'était la troisième fois déjà – après seulement quatre matchs cette saison – que le Canadien s'offrait une avance de deux buts en troisième période. Ce qui représente une statistique très positive, on en conviendra tous.
Du moins je l'espère.
C'était toutefois la deuxième fois qu'il échappait une telle avance. Une statistique beaucoup moins positive.
À Toronto, lors de l'ouverture de la saison, le Canadien a perdu en tirs de barrage.
Samedi, Caufield a sauvé les meubles. Bon! Les Caps l'ont grandement aidé en bousillant totalement un changement totalement désorganisé. La reprise démontre clairement que Caufield s'apprêtait à rentrer au banc. Réalisant qu'il était fin seul à la porte de la zone ennemie, Caufield a eu la présence d'esprit de regarder autour de lui pour déterminer s'il ne pourrait pas profiter de ce cadeau. Bonne idée! Car plus loin en zone défensive, Suzuki l'avait à l'œil. Il a profité de la complicité qui unit les deux joueurs pour offrir une échappée à Caufield qui, cette fois, n'a pas raté la cible. Ce qu'il avait fait huit fois sur les 12 tirs décochés jusque-là.
À cause de ce but et de la victoire qu'il a procurée, on accordera beaucoup moins d'importance à la générosité du Tricolore en fin de troisième. Surtout aux attaques massives bousillées.
On accordera beaucoup moins d'importance au fait que les « Caps » ont marqué le but égalisateur aux dépens d'un quatrième trio qui ne semblait pas en mesure de faire le poids. Un trio qui n'aurait peut-être pas été sur la patinoire n'eut été de la fatigue accumulée des meilleurs éléments en troisième période.
Un exemple, Mike Matheson a passé 11 min 30 s sur la patinoire en troisième période seulement. Dont 26 secondes de plus en attaque massive qu'à forces égales. Suzuki, Caufield et Josh Anderson qu'on a beaucoup vu en attaque massive ont passé près de 10 minutes sur la glace en troisième. Si le Canadien avait été en quête d'un ou plusieurs buts pour revenir dans le match, on comprendrait facilement cette surutilisation périlleuse.
Mais le CH avait une avance de deux buts à protéger.
Cela dit, peut-être que St-Louis tenait, avec cette stratégie, à offrir à ses meilleurs éléments offensifs toutes les chances au monde de sortir de leur torpeur. Surtout que l'attaque massive avait offert le premier but du match.
Ce qui est compréhensible aussi. D'où le grand principe du verre à moitié plein et non à moitié vide.
On accordera aussi moins d'importance au fait que 39 des 66 tirs décochés par le Canadien (22 bloqués en défensive, 17 hors cible) n'ont pas atteint la cage défendue par Kuemper.
Mais ces facteurs ayant contribué à pousser le match en prolongation ne peuvent être balayés du revers de la main par le but de Caufield.
Car ce sont exactement les points que le Canadien devra améliorer pour devenir un club vraiment solide.