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RÉSULTATS

Un quatrième trio inspirant

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MONTRÉAL – Depuis qu'on lui a confié le poste d'entraîneur du Canadien, Martin St-Louis a pris l'habitude de nous sortir des petites perles de sagesse, des observations comme seuls les esprits les plus affûtés dans leur domaine peuvent en offrir.

Mais jeudi soir, n'importe qui aurait pu tirer la même conclusion que le coach. De sa position derrière le banc, St-Louis a vu la même chose que les journalistes juchés sur la passerelle, que les spectateurs qui n'étaient pas trop occupés à se prendre en égoportrait, que ceux qui suivaient le match à la brasserie du coin ou encore qui étaient restés à la maison pour compléter leur pelletage, écouteurs aux oreilles.

C'était à ce point évident.

« Je ne suis pas sûr s'ils ont connu un mauvais shift », a dit l'entraîneur au sujet du trio composé d'Alex Belzile, Rafaël Harvey-Pinard et Michael Pezzetta, dont la performance étincelante dans une défaite de 4-3 subie en prolongation face aux Red Wings de Detroit a pratiquement fait oublier le résultat final.

Le monde du sport est rempli d'exagérations, de comparaisons hâtives et d'analogies gonflées à l'hélium. Mais dans ce cas-ci, il fallait prendre St-Louis au mot. Les membres de son quatrième trio ont littéralement provoqué une étincelle à chaque fois qu'ils ont enjambé la bande. Et par la force des choses, ils l'ont enjambée souvent. Les trois complices ont chacun été utilisés plus qu'à n'importe quel autre moment de la saison dans une rencontre où ils ont amassé, à eux trois, un total de sept points.

« Quand une ligne te donne ça, c'est dur de ne pas l'embarquer, s'est justifié St-Louis. Ça s'explique un peu par les circonstances. On a perdu [Christian Dvorak] pendant un moment, [Kirby Dach] s'est battu, on a joué à neuf attaquants pendant un bon 5-6 minutes. Mais ils ont joué un très bon match pour nous et ont été une grosse raison pourquoi on a été dans le match. »

Belzile, Harvey-Pinard et Pezzetta ont tous des profils différents, mais des traits communs qui font que la combinaison de leurs efforts peut, dans une bonne soirée, faire vivre l'enfer au quintette qu'on décide de leur opposer.

Harvey-Pinard, « l'espoir » du groupe, ignoré deux fois au repêchage de la Ligue nationale avant d'être sélectionné en septième ronde à sa troisième année d'admissibilité. Son acharnement au travail lui a depuis valu une ascension que peu lui prédisait. Il compte déjà quatre buts en neuf matchs dans la grande ligue.

« Je commence à le connaître, j'avais beaucoup entendu parler de lui, a dit St-Louis. Je l'avais vu un peu l'année passée, je l'ai vu au camp d'entraînement et là j'ai un autre échantillon de lui. Je commence à comprendre les belles affaires qu'on m'a dit de "HP". »

Le Saguenéen, première étoile du match contre les Red Wings, avait obtenu une audition de quatre rencontres il y a un an. Il estime être un nouvel homme à son deuxième rappel.

« Je pense qu'au niveau de la confiance, ça a un gros rôle à jouer. Je suis beaucoup plus à l'aise sur la patinoire avec mon bâton, je prends beaucoup plus mon temps avec la rondelle. Je pense que ça fait une énorme différence. En un an j'ai gagné en maturité, j'ai vécu des expériences. Ça m'a aidé à m'améliorer. »

Belzile est le vieux bourlingueur qui s'est toujours accroché à son rêve. Il a joué son premier match dans la LNH à 28 ans et trois ans plus tard, il est toujours dans le portrait. Aussi étranger à la dentelle qu'à la complaisance, le natif du Bas-St-Laurent bûche et tient son bout en quête de son premier but dans le circuit Bettman. Il a quatre mentions d'aide en trois matchs cette saison.

« Ça va arriver. Je ne sais pas quand, mais je ne m'en fais pas avec ça. Je répète la même chose, tant que tu as des chances de marquer, c'est positif. À soir, c'était le tour de Raf, un autre soir ça peut être quelqu'un d'autre. [...] C'est ma onzième année pro, je connais la business, je sais comment ça marche. À tous les jours, il faut que tu recommences. Il n'y a absolument rien d'acquis. »

En termes d'ancienneté, Pezzetta est le plus expérimenté des trois. Il s'approche tranquillement de la centaine de matchs dans la LNH, mais ce n'est que dernièrement que son jeu a retrouvé l'épice qui lui avait permis de s'y accrocher la saison dernière. Les retrouvailles avec ses vieux buddies de la Ligue américaine ont semblé lui faire le plus grand bien.

« C'est sûr que pour "Pezz", c'est plus facile pour lui de jouer avec des gars qui jouent davantage nord-sud. Ça joue plus dans ses forces. Mais c'est ce qui arrive avec ces trois-là, ils sont tous sur la même longueur d'onde. Chacun a différents atouts, mais ils se complètent bien parce qu'ils ont la même mentalité sur la glace. »

« J'en parlais avec Raf, on joue la même game qu'à Laval, on n'a rien changé, note Belzile. Et d'avoir un gars comme "Pezz" avec nous qui amène beaucoup d'énergie, un gars physique, bon en récupération de rondelle, ça cadre bien avec notre style. Ça fait longtemps qu'on joue ensemble, on se connaît bien. Quand tu commences ton match et que tu es déjà confortable, tu te sens bien, tu es calme avec la rondelle, ça aide pendant le match. »

Ensemble, les trois amis totalisent 171 matchs en ECHL et 574 autres dans la Ligue américaine. C'est dans la Ligue nationale qu'ils continueront d'engraisser leurs compteurs respectifs s'ils parviennent à aligner les performances comme celle qu'ils ont offerte jeudi.