Une année de plus, un point de moins...
MONTRÉAL - Il y a un an jour pour jour, le Canadien surfait sur une séquence de trois victoires consécutives.
Après avoir battu, en tirs de barrage, les Red Wings à Detroit, Martin St-Louis avait ensuite guidé ses joueurs vers des gains aux dépens des Canucks de Vancouver et des Penguins de Pittsburgh.
Le Tricolore se préparait en vue de la visite des Devils contre qui il avait la chance de signer une troisième victoire consécutive au Centre Bell, une quatrième de suite et une huitième après 16 matchs.
Les partisans étaient en liesse.
Après une saison misérable au terme de laquelle la victoire à la « Loto-Repêchage » avait permis de sélectionner Juraj Slafkovsky, le Canadien était en voie de surprendre ceux et celles – et ils étaient nombreux – qui prédisaient une autre année douloureuse.
À sa sortie de la réunion des directeurs généraux, à Toronto, le directeur général Kent Hughes s'était même fait demander si son équipe ne gagnait pas trop souvent. Si un aussi surprenant départ n'allait pas le contraindre à modifier sa stratégie et à faire l'acquisition de joueurs pour mieux encadrer ses jeunes plutôt que de liquider ceux qu'il avait à sa disposition en retour de choix au repêchage ou d'espoirs prometteurs.
« On ne gagne jamais trop », avait répliqué en riant le directeur général.
Kent Hughes avait toutefois affiché que la patience était au centre de la stratégie de l'état-major. Que lui et son patron Jeff Gorton accordaient plus d'importance à leur quête de faire du Canadien un club champion à moyen ou long terme qu'à un début de saison surprenant.
Quelques heures plus tard, au Centre Bell, le Canadien s'inclinait 5-1.
Des blessures en cascade ont ensuite contribué à stopper net un début de saison prometteur. Après ses sept gains en 15 matchs, le Canadien s'est contenté de 24 victoires à ses 67 dernières rencontres.
Le Canadien revenait là où il était attendu. C'était prévisible considérant le virage jeunesse et le fait que l'état-major devait d'abord terminer son travail de démolissage avant de se consacrer totalement à la reconstruction.
Pas de quoi s'inquiéter
Un an plus tard, au lendemain du revers de 2-1 encaissé mardi aux mains des Flames de Calgary, le Canadien affiche sept victoires après 16 matchs. Une de moins qu'à pareille date l'an dernier. Il affiche 16 points au classement. Un de moins qu'il y a 365 jours.
Est-ce que cette statistique portant à croire que la construction est plus lente que prévu devrait inquiéter les partisans? Est-ce qu'ils devraient se demander si les ouvriers recrutés par Hughes et son équipe ont vraiment les outils requis pour mener à bien le travail? Si Martin St-Louis est le bon contremaître pour mener à bien ce travail?
Pas du tout!
Bien que le Canadien affiche une victoire et un point de moins que l'an dernier après ses 16 premiers matchs, il joue du meilleur hockey. Il est plus souvent dans le coup.
La défaite de mardi aux mains des Flames est un exemple parfait.
Un brin dysfonctionnels et deux brins moins performants qu'ils devraient l'être, les Flames forment quand même un meilleur club de hockey que le Tricolore. Sur papier en tout cas.
Et quand on regarde l'allure du match de mardi, le Canadien aurait facilement pu sortir vainqueur de ce duel. Il aurait même dû gagner tant il est souvent passé proche de marquer.
Je suis le premier à rappeler que le fait de passer proche n'a une valeur qu'aux poches et à la pétanque. Mais dans le cas du Canadien, cela confirme qu'il progresse.
Maturité, confiance, esprit de corps
Kent Hughes a insisté sur la maturité affichée par son équipe, sur le niveau de compétition démontré sur la glace et sur l'esprit de corps qui unit le groupe pour illustrer la progression des 12 derniers mois.
Les 16 premiers matchs lui donnent raison.
Vrai que le Canadien a été déclassé à par les Devils et le Wild. Vrai qu'il a disputé un match horrible à St. Louis. Vrai aussi qu'il s'est fait sortir dès la première période la semaine dernière par le Lightning de Tampa Bay et que la deuxième période lui a été fatale, dimanche, lors de la visite des Canucks.
Mais le Canadien s'est accroché plus souvent qu'il a décroché jusqu'ici cette année.
Et c'est pour cette raison qu'il affiche six victoires et a récolté des points dans huit des dix matchs qui se sont décidés par un but jusqu'ici cette saison.
Cette statistique est bien sûr gonflée par le fait que le Canadien a signé cinq de ses sept victoires au-delà les 60 minutes réglementaires : quatre fois en prolongation – Cole Caufield a marqué à trois reprises et Kaiden Guhle a donné le quatrième gain – et une fois en tirs de barrage.
Mais pour gagner en prolongation ou en tirs de barrage, il faut d'abord s'y rendre.
Le Canadien s'y est rendu grâce à ses gardiens qui ont été très bons depuis le début de la saison. Ils ont même permis de voler quelques points ici et là. Il s'y est aussi rendu grâce au travail exceptionnel de Sean Monahan autant par la qualité du jeu qu'il offre à son équipe que par la plus grande qualité encore de son leadership.
Monahan prouve qu'en forme et en santé, il peut être un rouage important dans n'importe quelle équipe de la LNH.
Il est même arrivé à relancer Brendan Gallagher que trop de partisans et d'observateurs étaient prêts à envoyer en prison en raison du salaire qu'il touche (8 millions $) et de la portion qu'il occupe (6,5 millions $) sur la masse salariale. Pas question ici de prétendre que Gallagher représente une bonne affaire sur le plan budgétaire. Ça non! Mais tant que son corps très usé lui permettra de jouer à la hauteur de son intensité, il sera en mesure d'aider l'équipe.
La patience demeure de mise
Tout n'est pas parfait. Loin de là.
La blessure qui prive le Tricolore du vétéran David Savard place les jeunes arrières dans des situations pas toujours évidentes. Elle oblige Mike Matheson à trop en faire sur la patinoire.
La guigne offensive qui s'acharne sur Josh Anderson a non seulement coûté des buts au vétéran, mais certainement quelques points à son équipe.
Et en matière de production individuelle, on est en droit de s'attendre à plus de Juraj Slafkovsky même s'il est plus important encore de se rappeler qu'à 19 ans, il mérite qu'on affiche à son endroit la patience nécessaire pour lui permettre de se développer.
Ce n'est certainement pas parce qu'il se traîne les pieds que Rafaël Harvey-Pinard est toujours en quête d'un premier but lui aussi. Mais comme Anderson et les autres qui affichent des manques à gagner en matière de production offensive, il devra trouver une façon de trouver le fond du filet un moment donné lui aussi.
À ce titre, j'ai très hâte de voir comment un marqueur aussi prolifique que Martin St-Louis au cours de sa carrière s'y prendra pour mettre son expérience au profit de ses joueurs afin de les aider à sortir des léthargies dans lesquelles ils s'enlisent en ce moment.
Après avoir écrit tout ça, il est important de rappeler que la saison 2023-2024 est la première vraie saison de construction du nouvel état-major et de Martin St-Louis qui apprend sur le tas comme plusieurs de ses joueurs. Que les analyses doivent dépasser les points ajoutés ou perdus au classement.
C'est pour cette raison que la qualité du match disputé par le Canadien mardi devrait facilement faire contrepoids à la déception associée à la défaite.