LPHF : des décisions difficiles pourraient attendre Danièle Sauvageau
UTICA, New York – L'équipe montréalaise de la Ligue professionnelle de hockey féminin est arrivée au camp d'évaluation organisé cette semaine à Utica avec, sur papier, 15 joueuses sous contrat sur une possibilité de 23. Dans les faits, d'autres ententes ont été conclues et n'attendent qu'à être annoncées.
La directrice générale Danièle Sauvageau ne s'en est pas cachée lorsque nous l'avons rencontrée dans les couloirs du large complexe sportif où sont rassemblées depuis dimanche les six équipes du circuit. Des postes à gagner, il n'y en a pas une tonne au sein du groupe qu'elle est en train d'assembler.
Mais ses joueuses feraient erreur de comprendre ici qu'elles peuvent prendre leurs aises et se la couler douce. Les contours du visage de l'équipe ont peut-être été tracés, mais ses architectes ont encore du temps devant eux pour y effectuer des retouches.
Cette semaine qui marque en quelque sorte le point médian du camp d'entraînement est une étape importante de la construction de l'effectif qui sera à la disponibilité de l'entraîneuse Kori Cheverie pour le début de la saison le 2 janvier. Pendant cinq jours, le Nexus Center de l'Université d'Utica sera un carrefour où convergeront plus de 160 joueuses ainsi que les décideurs qui ont leur sort entre leurs mains. Chaque équipe disputera trois matchs qui se concluront par une prolongation de cinq minutes et une séance de tirs de barrage.
Pour Sauvageau et ses quatre entraîneurs qui ont fait le voyage, l'occasion sera idéale pour évaluer la progression de leur équipe dans un contexte compétitif, mais aussi pour jeter un œil sur ce qui se passe dans la cour de leurs rivaux.
« On va retourner à la liste qu'on avait bâtie en vue du repêchage. Si une joueuse est libérée, on va faire des liens. On n'a pas pu l'avoir à ce moment-là... est-ce qu'on la ramène? », explique Sauvageau.
Les équipes de la LPHF ont déjà traversé une première vague de coupes. Au 29 novembre, elles ont été tenues de réduire leur alignement à 27 joueuses. En quittant Utica, elles devront s'amincir une deuxième fois afin de n'inclure que 23 joueuses détentrices d'un contrat standard en plus de deux joueuses de réserve.
Les équipes auront ensuite trois jours pour évaluer leurs options parmi les joueuses dont le nom aura été placé au ballottage. Ces décisions seront basées sur les observations faites sur le terrain à Utica, mais aussi sur l'interprétation de données plus poussées recueillies après avoir passé au peigne fin des heures de contenu vidéo. Au sein de son personnel, l'équipe de Montréal compte sur Mikael Nahabedian, dont le titre officiel pourrait être traduit par « directeur de l'analyse de données ».
« C'est peut-être mon chapeau d'enquêteur qui entre en ligne de compte, mais si tu me dis une chose, j'ai tendance à répondre ‘Ok, mais est-ce qu'on a regardé ça?', expose Sauvageau. Il faut vraiment faire une analyse croisée de ces statistiques. On l'a vu, tu peux avoir des joueuses qui ont des chiffres ou des données extraordinaires, mais dans le style de jeu qu'on veut pratiquer, c'est une autre affaire. »
En s'appuyant sur le résultat de ces évaluations, Sauvageau aura la possibilité de résilier un contrat d'un an déjà attribué pour l'offrir à une autre joueuse nouvellement sur le marché.
« C'est une équipe professionnelle. Si tu arrives au camp et que depuis trois semaines, on n'a rien vu de ce qu'on avait vu de toi au printemps et qu'à l'inverse, il y a une joueuse qui nous a épatés... On a repêché sur des données qu'on a récoltées rapidement. Ça ne veut pas dire que ça ne peut pas arriver. »
La DG a beau dire qu'elle aborde la situation de façon pragmatique – « pour moi, ce n'est pas dramatique, c'est factuel », assure-t-elle – elle reconnaît qu'il ne s'agit pas de l'aspect qu'elle préfère de ses nouvelles tâches.
« Des fois, je crois que j'aimerais mieux qu'on me dise : ‘Voici ton équipe, arrange-toi avec'. C'est difficile. On dit toujours que c'est dur pour les joueuses de se faire retrancher, mais c'est dur pour un staff. Surtout qu'il n'y a pas de système avec une équipe réserve. Tu ne peux pas leur dire qu'elles s'en vont dans la Ligue américaine. Les plus jeunes vont peut-être aller jouer en Europe, il y a des ligues en Suède ou en Italie. Mais pour celles qui ont 32, 33, 34 ans, c'est fini. »
Montréal s'est incliné 3-0 devant New York lundi soir dans son premier match de la semaine. Au-delà du résultat, la qualité de l'effort fourni par les représentantes du Québec n'aura certainement pas impressionné Sauvageau. Les Montréalaises auront l'occasion de corriger le tir mardi après-midi contre Boston et jeudi matin contre le Minnesota.