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Mondial junior : une chance que Thomas Bordeleau ne pouvait laisser passer

Thomas Bordeleau Thomas Bordeleau - PC
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EDMONTON – À la fin du mois de juillet, un passant a accroché Thomas Bordeleau dans un aréna de l'ouest de Montréal pour lui souhaiter bonne chance au camp de l'équipe américaine en vue de la reprise du Mondial junior 2022.

« On va juste souhaiter qu'il ne m'arrive rien d'ici là », avait-il répliqué avec un sourire cynique au coin des lèvres.

C'est un penchant vers la prudence que personne n'aurait l'audace de reprocher à Bordeleau, qui a dû digérer sa part de malchance depuis un an et demi. Son abonnement aux mauvaises nouvelles semble toutefois finalement échu.

En décembre 2020, au milieu d'une superbe saison recrue avec les Wolverines de l'Université du Michigan, le jeune homme s'était fait exclure de la sélection américaine quelques jours avant le début du tournoi parce qu'il était considéré comme un contact proche d'un coéquipier qui avait rendu un test positif à la COVID-19. Un an plus tard, c'est lui-même qui avait contracté le virus juste avant de se rapporter au camp.

Au risque de lui porter malheur, sa participation à l'événement est maintenant imminente. Un peu plus de 24 heures avant le match entre les États-Unis et l'Allemagne qui clôturera la première journée du tournoi, il se dégageait une sincère sérénité de la voix de Bordeleau. Les déveines et les peines du passé résolument derrière lui, il approchait la suite avec une légèreté empreinte de gratitude.

« Quand on se prépare à sortir du programme de développement américain, on se dit qu'il faut en profiter parce qu'on n'aura peut-être plus jamais la chance de jouer ensemble. C'est ce qu'on a avec ce tournoi-là. Je retrouve plein de vieux chums », lâche le Québécois né au Texas dans une conversation avec RDS.

Cette participation au Mondial junior, Bordeleau n'y a toutefois pas souscrit sans se prêter à une profonde réflexion. L'occasion a beau être belle, elle se présente à la fin de ce que l'espoir des Sharks décrit comme « l'été le plus occupé de ma vie ». Il a participé au Championnat du monde en mai, puis au camp de développement à San Jose en juillet. Et avant longtemps, il sera temps de retourner en Californie pour un premier début de saison chez les pros.  

Bien au fait de son histoire, l'entraîneur américain Nate Leaman l'a approché pour lui vendre son projet. Il a dû se faire convaincant, mais après avoir dressé la liste des « pour » et des « contre », Bordeleau s'est finalement laissé séduire par l'idée.

« Le hockey pro, et j'espère la LNH, c'est mon avenir. Si tout va bien, ça va être ma vie pour les 15 prochaines années. Je ne crois pas que ma participation au Mondial junior va changer grand-chose là-dedans et je me suis dit que je ne devrais pas m'empêcher de vivre l'expérience pour ça. À la limite, ça pourrait même m'aider. En tout cas, c'était ma dernière chance et je ne voulais pas la laisser passer. »

Une nouvelle source de motivation

En décembre dernier, Bordeleau avait une motivation précise en tête en se préparant pour le Mondial junior. Il voulait profiter de cette vitrine pour prouver qu'il n'aurait pas dû glisser en deuxième ronde au repêchage de la LNH en 2020.

Avec le temps, ce feu intérieur s'est apaisé. Bordeleau a signé un essai avec le club-école des Sharks, a inscrit trois points à son premier match dans la Ligue américaine, a signé son contrat de recrue dans la LNH peu de temps après et, à l'âge de 20 ans, a disputé huit matchs au cours desquels il a amassé cinq points avec le grand club.   

« Avec la fin de saison que j'ai connue, cette crotte sur le coeur est un peu partie, dit-il. Mais j'en ai une autre. Je vais toujours en avoir une, je pense. Après la fin de saison, j'ai entendu dire que j'étais trop petit, que je n'étais pas assez vite, que j'avais juste eu ma chance dans la LNH parce que les Sharks n'étaient pas bons... »

Même s'il tente de se raisonner en se disant que ce genre de commentaires vient majoritairement de gens « qui ne connaissent pas vraiment ça », l'ancienne vedette du Phénix du Collège Esther-Blondin n'essaie pas de prétendre qu'ils n'ont pas touché une corde sensible. C'est de cette source qu'il puisera son carburant afin de convaincre les nouveaux dirigeants des Sharks qu'il mérite de commencer la prochaine saison où il a terminé la précédente.

Bordeleau ne partira pas nécessairement de la case départ avec ses nouveaux patrons. Il a connu le nouvel entraîneur-chef du club-école lors de son bref passage l'an dernier et a fait la connaissance de ses nouveaux adjoints au camp de développement. David Quinn, qui a récemment succédé à Bob Boughner, lui est encore moins étranger. Il avait essayé de le recruter à Boston University avant d'accepter le poste d'entraîneur-chef des Rangers de New York. Il l'a aussi dirigé cet été au Championnat du monde.

« Les nouvelles personnes en place ont dit qu'elles ne voulaient pas de longue reconstruction, elles veulent virer ça de bord rapidement. Je veux en faire partie », projette-il.

Mais juste avant, il lui reste un vieux rêve à réaliser.