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RÉSULTATS

L'apprentissage en accéléré de William Dufour

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LAVAL – Le lancer est toujours là. Aussi, sinon plus lourd et précis qu'auparavant. Le pif pour le filet, il ne l'a pas perdu non plus. À sa saison recrue dans la Ligue américaine, William Dufour maîtrise encore parfaitement les atouts qui ont fait de lui une terreur à sa dernière année junior.

 

En 61 rencontres jusqu'à présent dans l'uniforme des Islanders de Bridgeport, le colosse de 6 pi 2 po et 215 livres a déjà atteint le plateau des 20 buts et ses 42 points le placent dans le top-10 (8e) des meilleurs pointeurs chez les patineurs de première année dans l'antichambre de la LNH.

 

« L'an passé, offensivement, j'ai connu ma meilleure saison en carrière, rappelle celui qui a inscrit 56 buts dans l'uniforme des Sea Dogs de Saint John avant de briller à la Coupe Memorial et au Mondial junior. Les habiletés offensives, ce n'est pas vraiment quelque chose qui s'apprend. J'ai ça en moi. Mais je ne pensais pas avoir autant de points cette année. »

 

« Sa production offensive est excellente, confirme l'entraîneur-chef du club-école des Islanders, Brent Thompson. C'est une menace offensive chaque fois qu'il touche à la rondelle. »

 

C'est quand il n'y touche pas que ça se corse quelque peu, fait remarquer le pilote d'expérience qui dirige le banc de la filiale des Islanders depuis maintenant neuf campagnes.

 

« Il connaît une saison solide jusqu'à présent, mais c'est aussi une saison d'apprentissage pour lui. [...] Il apprend ce que c'est que de jouer dans cette ligue, il apprend les rigueurs d'une saison dans les rangs pros et il apprend à quel point c'est difficile de jouer sans la rondelle de la bonne façon. Je pense que ç'a été son plus grand défi cette saison. »

 

« Ce n'est pas que je suis mauvais défensivement, c'est plus mon positionnement, démêle le jeune attaquant de 21 ans. Parfois, dans le junior, tu triches et ça n'a pas toujours de conséquence parce que le goaler fait l'arrêt. Mais ici, les gars sont tellement bons que si tu triches juste un peu, que tu leur donnes ne serait-ce qu'un demi-centimètre, ils la mettent dedans. »

 

Et dans la LNH, c'est parfois en millimètre que se calcule la marge d'erreur, a pu constater Dufour le 17 janvier dernier, alors qu'il a joué son premier match dans la grande ligue contre les redoutables Bruins de Boston.

 

Amorçant la rencontre sur le premier trio aux côtés du surdoué Mathew Barzal et du vétéran Josh Bailey, Dufour s'est retrouvé sur la patinoire pour deux buts des Bruins. Limité à 6:48 minutes de jeu, le hockeyeur originaire de Québec a regardé les 29 dernières minutes du duel du banc des siens, sans enjamber la rampe.

 

« Avec le recul, j'aurais peut-être fait deux ou trois affaires différemment sur la glace. Mais ça reste une première game dans la Ligue nationale et il ne faut pas oublier qu'il y avait le stress qui entrait en ligne de compte », notait Dufour, mercredi matin, à quelques heures du match des siens contre le Rocket de Laval à la Place Bell.

 

« Ç'a été très positif, même mon agent était surpris que je me fasse rappeler dès cette année, relativise-t-il. C'est une saison d'adaptation et la première année c'est tout le temps plus difficile, mais je pense qu'en général je fais bien. Quand j'ai été rappelé, j'étais juste très content. Jouer contre Boston en plus, une des meilleures équipes dans la ligue, c'était incroyable. Je n'ai pas joué beaucoup, mais une première game dans la LNH, tu n'en as qu'une seule. Je l'ai appréciée à 100 %. »

 

Il y en aura assurément d'autres dans un avenir rapproché, lui a laissé entendre le directeur général des Islanders Lou Lamoriello au moment de le rétrograder dans les mineures après un séjour de deux jours dans le circuit Bettman.

 

« C'était juste positif, se souvient Dufour de cette rencontre. Je suis rentré dans son bureau et il m'a dit : "Gardes la tête haute, on ne te renvoie pas parce que tu as mal joué. On voulait que tu vives une expérience et tu l'as vécue. La prochaine fois, tu vas être encore meilleur. Va à Bridgeport, fais ce que tu fais de bien et ne le prends pas personnel. Continue à travailler fort et tu vas te faire rappeler un jour ou l'autre". »

 

Une fois à Bridgeport, Dufour a montré que sa confiance n'était en rien affectée par ce court aller-retour, marquant même dès son premier match, en prolongation s'il vous plaît.

 

 

« C'est un kid assez confiant, apprécie Thompson. Il joue bien depuis son retour. Il a vu à quel point jouer dans la LNH c'est difficile et à quel point il faut être bon sans la rondelle défensivement. »

 

Un vol?

 

Dufour a encore au moins 10 matchs pour parfaire son jeu et au passage aider la cause de Bridgeport, qui lutte pour une place en séries éliminatoires. Si sa saison en venait à se conclure hâtivement, il pourra toujours se consoler à l'idée de profiter d'une période de repos qu'il n'a pu s'offrir l'été dernier en raison de ses participations successives à la Coupe Memorial et au Mondial junior estival.

 

« Je n'ai pas arrêté, ça c'est sûr. Je pense que j'ai dû passer trois semaines gros max à Québec. »

 

« Il n'a pas eu de pause ou de temps pour laisser son corps récupérer et s'entraîner. Cet été sera important pour lui. L'énergie qu'il y mettra peut le mener loin, car il a tout ce qu'il faut pour devenir un joueur d'impact », projette Thompson.

 

« Nos recruteurs ont fait tout un travail pour dénicher William, ajoute cet ancien défenseur qui a joué 121 matchs dans la LNH. Je pense que ce sera un vol, considérant le rang où il a été repêché en 5e ronde (152e en 2020, NDLR). Pensez-y, c'est un gros gars capable de marquer des buts. Son plafond de progression est très élevé. »