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RÉSULTATS

Le bonheur des Dubois à Winnipeg

Éric Dubois derrière le banc du Moose du Manitoba. Éric Dubois derrière le banc du Moose du Manitoba. - Courtoisie
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Les années passent, mais Éric Dubois ne change pas. Sans prétention, l'entraineur adjoint du Moose du Manitoba a toujours la même poignée de main franche et ses airs qui rappellent Tony Soprano, le personnage légendaire interprété pas James Gandolfini au début des années 2000. Sauf que Dubois n'a rien d'un mafieux tourmenté du New Jersey.

Sa business est celle du hockey et la seule marchandise qu'il se fait acheminer est du sirop d'érable de Saint-Fabien, près de Rimouski. Son fournisseur est l'entraineur des gardiens de l'Océanic, Michaël Rioux, dont la famille possède une érablière.

Éric Dubois a résidé six ans à Rimouski, dont les trois saisons où il a dirigé les défenseurs de l'Océanic sous les ordres de Serge Beausoleil. Il en est maintenant à sa septième campagne derrière le banc du club-école des Jets de Winnipeg. Une stabilité qui relève de l'exploit dans un milieu aussi volatile que le hockey.

« Ma femme trouve ça bizarre, comme si on était quasiment dû... » lance l'homme de hockey en riant. Puis plus sérieusement: « C'est toujours plaisant de savoir que tu es apprécié. On devient tanné de se faire barouetter d'un bord pis de l'autre! »

Difficile de le contredire quand on regarde son parcours. Comme joueur, il a roulé sa bosse pendant 17 ans du Titan de Laval, à différentes équipes professionnelles aux États-Unis, en Angleterre et en Allemagne. Un an après avoir accroché ses patins de défenseur, sa carrière d'entraineur prenait son envol dans la LHJMQ avec des passages à Baie-Comeau et Acadie-Bathurst. L'homme de 52 ans a traversé son lot de victoires, de défaites et de congédiements sans s'inquiéter de son avenir.

« Ça ne m'a jamais empêché de dormir. Fais tes affaires, fais du mieux que tu peux, travaille fort et tu vas te trouver une place », répond-il sans hésitation.

On peut penser que c'est le genre de phrase qu'il a aussi répétée à son fils Pierre-Luc, attaquant des Jets de Winnipeg. Le bébé de la famille s'est retrouvé dans la même ville que ses parents après avoir été échangé des Blue Jackets de Columbus en janvier 2021. Un vrai privilège pour ce clan tissé serré, dont le fils a quitté la maison dès les rangs Midget AAA.

« La première année, c'était de l'essai-erreur. Je disais à ma femme d'arrêter de l'appeler, de ne pas courir après »  se rappelle Éric avec le sourire. Lui-même a arrêté de texter fiston après chaque match pour prendre des nouvelles.

« J'attends que ce soit lui qui vienne à moi maintenant. S'il a envie de jaser, il m'appelle ». Le quotidien familial a vite repris le dessus. Non seulement Pierre-Luc passe fréquemment à la maison, mais il a même gentiment reproché à sa mère Jill, trop nerveuse durant les matchs, de ne pas être venue le voir jouer assez souvent la saison passée.

Éric assure que maman fait plus d'efforts cette année. Il faut dire qu'après une fin houleuse à Columbus et un début hésitant à Winnipeg, Pierre-Luc Dubois semble finalement avoir pris son rythme. Au moment d'écrire ces lignes, le Québécois est le deuxième meilleur marqueur des Jets, avec 48 points en 41 matchs, en route vers sa meilleure saison en carrière.

« Mentalement, il est à la bonne place. Il se sent bien », explique son père, en précisant que le jeune homme de 24 ans a gagné en maturité.

Les deux ont abordé le sujet durant le temps des Fêtes. Les Dubois ont loué un chalet pour passer Noël en famille, incluant l'aînée Daphnée qui travaille en marketing à Montréal.

« C'est pas facile d'être bon à tous les matchs, d'être constant. Les gens oublient que ce ne sont pas des machines, ce sont des humains qui vivent différentes émotions. Il est en train de comprendre comment être efficace soir après soir. » 

Rapidement, le ton paternel fait place à celui de l'entraineur qui en a vu d'autres et qui prône la patience dans le développement des joueurs.

« J'achète une banane verte et je voudrais qu'elle devienne jaune demain matin. Ça ne marche pas comme ça! »

D'autant plus que le hockey a bien changé depuis qu'Éric patrouillait lui-même la ligne bleue de ses différentes équipes. Les joueurs ont davantage besoin d'informations, de séances vidéo et d'une bonne communication avec les entraîneurs. Le défenseur Johnathan Kovacevic en est un bon exemple, lui qui a évolué trois saisons avec le Moose avant d'être réclamé au ballottage par les Canadiens.

« C'est le genre de joueurs qui ne se mettait pas de limites. Il est arrivé chez nous en disant qu'il était catégorisé défenseur défensif, mais qu'il pensait pouvoir être plus que ça. On a fait un plan. Il était très réceptif, mais il voulait voir et comprendre », raconte son ancien entraineur en vantant l'intelligence du joueur ontarien.

Éric Dubois

Éric Dubois s'assure donc de bâtir une relation personnelle avec ses défenseurs et s'il peine à y arriver, il se tourne désormais vers son fils qui a le même âge que plusieurs de ses joueurs.

« Pierre-Luc est très proche des Européens dans ses équipes. Je lui ai posé une question à propos d'un de mes Finlandais, concernant mon approche avec lui. Il m'avait dit: “Essaie ça papa!“ Ça a marché. »

Maintenant que le fils peut aussi donner des conseils de hockey au père, ce n'est pas étonnant d'entendre Éric affirmer sans hésiter: 

« Ma plus belle réussite, c'est notre esprit de famille. »

Côté hockey, le vétéran entraîneur espère encore faire le saut dans la LNH à titre d'adjoint.

« Je rêve de coacher contre mon garçon un jour et le rêve d'une Coupe Stanley n'est jamais très loin. »

Que ce soit le père ou le fils, on ne peut que souhaiter que les Dubois puissent un jour mettre la main sur le gros trophée.