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Après un « black-out total », William Blackburn a retrouvé l'équilibre

William Blackburn William Blackburn - Dany Germain/Foreurs de Val-d'Or
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Mise à jour

MONTRÉAL – William Blackburn conserve la vidéo dans le dossier « Photos » de son téléphone cellulaire. Il la visionne à l'occasion, encore incrédule.

C'est le seul souvenir qu'a le gardien des Foreurs de Val-d'Or de sa collision accidentelle du 3 décembre dernier avec l'attaquant des Wildcats de Moncton Mathis Cloutier, qui a nécessité son évacuation du Centre Agnico Eagle sur une civière.

« Black-out total. Même aujourd'hui, je ne me souviens pas de ce qui s'est passé. Je me souviens juste que tout d'un coup je suis à l'hôpital, que mes parents sont là et qu'ils me disent t'as eu une collision. Je me souviens zéro de ce qui s'est passé. »

« C'est un joueur qui drivait le filet et il lui est rentré carré dedans. Comme une vraie mise en échec », éclaire l'entraîneur-chef des Foreurs, Maxime Desruisseaux.

Aux petites heures du matin, Blackburn a obtenu son congé d'hôpital et est rentré à sa pension avec une deuxième commotion cérébrale à soigner en l'espace d'un mois et demi. La première, plus légère et dont il s'était remis rapidement, avait été la conséquence d'un lancer frappé encaissé à la hauteur des yeux durant une séance d'entraînement.

« On pensait au début que ça allait passer parce qu'il y avait le temps des Fêtes qui s'en venait et il y a aussi eu le congé prolongé [en raison de la COVID]. On pensait qu'après ça, ç'allait être correct. »

Le portier se trompait, et pas à peu près. À son retour sur la patinoire en février pour de courtes séances d'entraînement n'ayant pour objectif que de le faire bouger une vingtaine de minutes à la fois, Blackburn a vite réalisé que ça n'allait pas du tout.  

« J'étais sur la glace et à un moment donné, j'ai vraiment eu un down. Je n'étais plus capable de rien faire pantoute. C'est là qu'on a vraiment pris les choses en main et qu'on a consulté un spécialiste. Il fallait vraiment commencer la réhabilitation de A à Z. »

Blackburn a alors réalisé tout le retard qu'il accusait dans sa remise en forme lorsqu'on lui a demandé de se tenir en équilibre sur une jambe pendant 10 secondes.

« Je n'étais pas capable. Je tombais tout de suite. Mentalement, ç'a été un choc. »

Alors qu'un retour dans le demi-cercle des Foreurs avant la fin de la campagne semblait de plus en plus utopique, Blackburn est néanmoins demeuré à Val-d'Or, où la proximité de ses coéquipiers et de ses entraîneurs lui a permis de rompre avec l'isolement dans sa famille de pension et d'y puiser une source de motivation.

« Il aurait pu tirer sur la plug plusieurs fois », note Desruisseaux, qui a renoué avec Blackburn chez les Foreurs la saison dernière après l'avoir dirigé avec les Élites de Jonquière dans la Ligue de développement M18 AAA en 2019-2020.

« Ça démontre à quel point c'est un passionné et qu'il voulait revenir avec nous. »

La fin du calvaire

Ce n'est qu'à la fin du mois de juin que Blackburn a obtenu le feu vert pour retourner sur glace. Il avait alors un mois et demi pour s'entraîner dans l'espoir de reprendre son filet à titre de gardien no 1 à sa troisième campagne dans la LHJMQ.

« C'est vrai que c'est court, mais j'ai vraiment mis les efforts en double pour arriver prêt. »

Épaulé par Mathys Fernandez, un jeune gardien acquis des Remparts de Québec avant le lancement de la saison, Blackburn a obtenu sept des dix départs de son équipe, signant cinq victoires. Ses 230 arrêts effectués jusqu'à maintenant, un sommet dans le circuit, lui permettent d'afficher une moyenne de buts alloués de 2,29 et un taux d'efficacité de ,935 (5e).

N'ayant accordé qu'un seul but dans chacun de ses trois derniers matchs, repoussant notamment 47 des 48 lancers de l'Armada de Blainville-Boisbriand vendredi dernier, Blackburn a ajouté trois gains à sa fiche, de même que le titre de joueur de la semaine dans la ligue. Au cours de cette séquence, il a maintenu un taux d'arrêt de ,974.

William Blackburn« Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi dominant, aussi rapidement, s'étonne Desruisseaux. On connaissait son potentiel et on n'avait aucun doute sur celui-ci, mais ça faisait quasiment huit mois qu'il n'avait pas goalé une game de hockey. Pour retrouver ses repères et un jeu aussi fluide, je m'étais dit que ça lui prendrait une dizaine de matchs. Finalement, ç'a été beaucoup plus rapide que je croyais. »

« C'est au-dessus de mes attentes », concède quant à lui le joueur de 19 ans. « Je ne m'attendais pas à un début de saison comme ça. »

Il y a bien eu quelques lancers sur le casque à l'entraînement, et même une autre collision semblable à celle qui a freiné sa progression l'hiver dernier, mais rien pour ébranler son assurance et sa nouvelle santé après un trop long calvaire.

« Ça fait peur, mais j'essaie de ne pas trop m'en faire. Ça n'a pas été facile l'année passée, mais tant que je suis là, je veux juste m'amuser et donner mon 100 % », relativisait-il mardi matin, à bord de l'autocar menant les Foreurs dans les Maritimes, où le vétéran risque d'obtenir le départ ce soir face au Titan d'Acadie-Bathurst pour le premier de trois matchs en quatre jours.

« Revenir, ça fait tellement du bien. Je suis vraiment heureux et content, j'ai du fun sur la glace. Je n'ai même pas les mots pour décrire ce que je ressens présentement, parce que ça fait tellement longtemps. »