Avec les Boilard, le Drakkar veut « mêler les cartes »
Suivez le match entre le Drakkar de Baie-Comeau et les Mooseheads de Halifax dès 19 h ce soir sur le RDS.ca.
MONTRÉAL – Jean-François Grégoire a appris à connaître les frères Jules et Raoul Boilard à l'hiver 2017, entre deux mandats d'entraîneur adjoint dans la LHJMQ. Chaque dimanche matin, dans l'intimité d'un aréna de la région de Sherbrooke, ils avaient rendez-vous sur la patinoire. À 6 h tapant.
Ça, on appelle ça de la « passion », notait l'entraîneur en entrevue au RDS.ca, mercredi.
« Du talent, au hockey, il y en a plein. Mais des passionnés, il n'y en a pas toujours plein. »
Les exercices, les deux attaquants étaient heureux de les exécuter. Sans rouspéter, ils suivaient les directives et les conseils du coach veillant à leur développement depuis les rangs novices par l'entremise de l'école de hockey familiale.
« Souvent, les parents vont donner les outils à leurs enfants, mais tu vois qu'ils aiment ça plus que le jeune. Ça se voit quand les jeunes n'aiment pas ça. Quand ils sont sur la glace, ils ne performent pas, ils ne travaillent pas. »
Tout le contraire des Boilard.
Ces hockeyeurs, que Grégoire définit d'abord comme des « travaillants », ce sont les mêmes qu'il a récemment retrouvés à Baie-Comeau après les avoir convaincus de se joindre au projet du Drakkar, plutôt que d'emprunter la voie universitaire américaine dans laquelle ils s'étaient pourtant aventurés.
Autrefois engagés envers les Mavericks de l'Université de Nebraska Omaha dans la NCAA, les frangins coéquipiers ont passé la dernière campagne dans la BCHL, au terme de laquelle leurs droits dans la LHJMQ ont coup sur coup été troqués au Drakkar sur le plancher du repêchage le 10 juin.
Grégoire, qui cumule les fonctions de directeur général et entraîneur-chef du Drakkar, a d'abord acquis ceux de Jules, un ailier droit de 18 ans, de l'Océanic de Rimouski en retour d'un choix de 4e ronde. Puis, il a payé le fort prix pour s'offrir ceux de Raoul, un joueur de centre de 17 ans, cédant deux choix de premier tour (2024 et 2025), un autre de deuxième ronde (2025), ainsi qu'une sélection de quatrième tour (2023) aux Olympiques de Gatineau.
Ne restait plus qu'à les attirer sur la Côte-Nord.
« Si je ne suis pas à Baie-Comeau, ils ne sont pas là. On ne se racontera pas de menteries. C'est sûr que ç'a aidé », a reconnu Grégoire au sujet de sa relation de longue date avec ses protégés.
« Mais ça n'a pas été le facteur principal. Il y avait du travail à faire. Il a fallu démontrer où on s'en allait en tant qu'organisation sur le plan compétitif dans les prochaines années. Après ça, il y avait l'école et l'encadrement. Il y avait plusieurs facteurs et on a été capables de cocher chaque case. On est bien contents et je crois aussi qu'ils sont très heureux présentement. »
Raoul Boilard
Un an en avant?
Alors que s'entame la troisième semaine du calendrier du circuit québécois, les Boilard semblent en effet respirer le bonheur.
Avec deux buts et deux passes dès son premier match de la campagne, puis deux mentions d'aides ajoutées le lendemain, Jules s'est offert le premier titre de joueur de la semaine dans la LHJMQ. Évoluant sur le même trio que son aîné, Raoul, un espoir de premier plan pour le prochain repêchage de la LNH, a conclu sa première rencontre avec un but et deux passes à son nom, puis il s'est fait complice d'un autre but le lendemain.
En l'absence de plusieurs attaquants partis tenter leur chance dans des camps professionnels de la LNH, les Boilard ont vite obtenu l'opportunité de briller et de faire la différence.
« Jules, son éthique de travail est vraiment, vraiment au-dessus de la moyenne. Raoul a aussi une bonne éthique de travail, mais il est plus naturel. Quand je dis naturel, c'est que son patin est plus fluide, par exemple. Ses habiletés sont un peu plus naturelles, mais Jules a aussi de bonnes habiletés », détaille Grégoire.
« Oui, en raison de son âge, Raoul attire l'attention. Par contre, Jules va ouvrir des yeux. Il va se faire connaître et il va faire son propre nom. Il le fait présentement et il faut qu'il continue. Le monde du hockey commence à le découvrir. »
Avec une récolte de 10 points, Jules est actuellement le meilleur pointeur d'un Drakkar qui a notamment ramé sans les Isaac Dufort, Félix Gagnon, Matyas Mewlovsky et Justin Gill en début de saison.
Jules Boilard
Tous de retour de leur saucette chez les pros, notamment Gill, l'autre grosse acquisition du Drakkar durant la saison morte, ils offrent au club la profondeur offensive qui manquait dans les dernières années.
« C'est pour ça qu'on peut se dire qu'on veut être dans le mix cette année », estime Grégoire, qui tentera ce printemps de mener les siens à une première victoire éliminatoire en neuf saisons. « Notre identité, c'est vraiment une équipe de travaillants. Mais là, on a des joueurs capables de faire la différence et d'aller chercher le gros but qui manque de temps en temps. »
Les Boilard et Gill se sont greffés à un plan d'abord échafaudé autour de fidèles vétérans comme Dufort, Félix Gagnon, Émile Chouinard, Anthony Lavoie et Olivier Ciarlo. Ceux-ci étaient déjà supportés par une talentueuse cohorte de joueurs nés en 2006, entre autres le tireur d'élite Justin Poirier, ainsi que les défenseurs Julien Lanthier et Alexis Bernier.
Les bénéfices sont déjà tangibles. Lundi, contre les Olympiques, le Drakkar a encaissé son premier revers de la saison en temps réglementaire. Forts d'une fiche de 6-1-1-0 et d'une récolte de 13 points, la troupe de Grégoire trône au sommet du classement général alors qu'elle s'apprête à accueillir les Mooseheads de Halifax sur sa patinoire ce soir. Ce duel vous sera présenté sur le RDS.ca à compter de 19 h.
« C'est sûr que si on regarde notre fiche, elle est bonne, mais on a beaucoup de travail à faire quand même, relativise le pilote. Je cherche un peu plus de constance sur 60 minutes. Mais ça, toutes les équipes juniors vont dire la même chose. On est là-dedans nous autres aussi, mais il faut quand même reconnaître qu'on a un bon début de saison. »
L'avenir, donc, est prometteur.
« Je dirais qu'on est dans le milieu [de notre cycle], situe Grégoire. Les prochaines années, avec nos 2006, vont être bonnes. L'arrivée des Boilard a fait en sorte de nous donner une profondeur qui va nous permettre de gagner un an. On va être là pour les prochaines années. Et puis cette année, je pense qu'on va être capables de surprendre et de mêler les cartes. »