MONTRÉAL – Pendant que le Québec s’est couvert d’orange et de rouge afin d’éviter une deuxième vague trop virulente de la COVID-19, la LHJMQ sera en mesure de lancer sa saison, vendredi soir. Inutile de faire un dessin à Samuel Poulin, le capitaine du Phoenix de Sherbrooke, pour lui faire comprendre que lui et ses pairs s’en tirent bien dans les circonstances. 

Contrairement aux autres circuits juniors majeurs du pays, la LHJMQ a eu l’audace de démarrer son calendrier régulier « rapidement ». Bien sûr, cette décision s’accompagne de mesures restrictives comme l’absence de spectateurs, mais il s’agit tout de même d’un grand privilège pour les joueurs. 

« Je suis très excité. On est très, très chanceux de pouvoir jouer en ce moment, pratiquer tous les jours et s’entraîner. Tu ne dois pas tenir ça pour acquis. Je vois vraiment ça d’une manière positive de pouvoir jouer », a commenté Poulin, au RDS.ca, jeudi. 

« C’est certain que ce serait encore mieux avec des spectateurs, mais je comprends la situation. Pendant les parties préparatoires, on remarquait un peu leur absence, mais quand le match est intense et que tu veux absolument gagner, tu n’y penses pas trop. Tu joues pour aider l’équipe avant tout. Oui, il y a aura moins d’ambiance et d’énergie dans les arénas, mais on parvient à se motiver nous-mêmes », a-t-il ajouté. 

En tant qu’équipe championne de la saison 2019-2020 écourtée, le Phoenix recevra le trophée Jean-Rougeau à cet égard avant la partie inaugurale contre l’Armada de Blainville-Boisbriand. Inévitablement, la cérémonie au Palais des sports Léopold-Drolet sera moins bruyante qu’en temps normal, mais tout le monde devra s’y faire cette saison. 

Au niveau personnel, la décision du circuit Courteau est libératrice pour Poulin. En effet, il était trop jeune pour être admissible à jouer dans la Ligue américaine de hockey (LAH). D’ailleurs, il serait périlleux de se prononcer maintenant sur la date de la relance de cette ligue. 

Samuel PoulinBref, sans l’option de la LHJMQ, il aurait dû attendre à la reprise des activités de la LNH vers la fin 2020 ou le début 2021 pour tenter de convaincre les Penguins de Pittsburgh de le garder avec le club. Il évite donc de composer avec une situation difficile. 

« Exactement, j’ai quelques amis qui sont un an plus vieux que moi. En ce moment, ils attendent à la maison et ils s’entraînement comme ils peuvent de leur bord. Ils patinent un peu, mais ce n’est jamais pareil que des pratiques en équipe. Tu as beau t’entraîner, la game shape ne revient qu’en jouant des matchs. C’est plate pour eux, donc je me considère vraiment chanceux », a convenu Poulin qui fera encore partie d'une très bonne équipe malgré la perte de Félix Robert

Sullivan a bien expliqué sa décision à Poulin

Justement, au début octobre, Poulin aurait dû vivre le dernier droit du camp d’entraînement à Pittsburgh en vue de la saison 2020-2021. La pandémie lui a fait perdre cette audition, mais ça ne le brime pas trop puisqu’il a pu exposer sa progression, cet été, avant le départ vers la bulle de Toronto. 

« J’ai quand même pu participer à un camp auquel plusieurs espoirs des Penguins n’ont pas pu assister. Déjà là, je me trouvais chanceux d’avoir passé du temps avec les autres joueurs et le personnel. J’ai pu montrer un peu où j’en étais rendu dans mon développement. Je pense que, dans un sens, ce camp a eu le même effet qu’un vrai camp d’entraînement pour un jeune comme moi. Ça s’est très bien passé dans les scrimmages. Oui, je suis déçu qu’il n’y ait pas le camp habituel, mais j’ai pu faire un semblant de camp à un autre moment », a-t-il témoigné. 

En regardant les choses se dérouler, le choix de première ronde (21e au total) des Penguins en 2019 a cru qu’il pourrait accompagner l’équipe à Toronto, mais les dirigeants n’ont pas retenu cette option. 

« L’entraîneur-chef (Mike Sullivan) m’a parlé pendant 10-15 minutes dans son bureau pour m’expliquer les raisons de leur décision et comment l’organisation voyait le tout. Quand j’avais reçu la nouvelle, la veille, j’étais déçu, c’est sûr. Je m’attendais à aller les aider et tu te fais dire que ça n’arrivera pas. Mais, après ma rencontre, je comprenais leur décision », a mentionné le gaucher qui a récolté 77 points (32 buts et 45 aides) en 46 parties dans la LHJMQ la saison dernière. 

« Ils m’ont dit qu’ils croient fortement que je vais jouer dans la LNH avec eux, que c’était juste une question de temps. Ils ne voulaient pas trop rusher mon développement non plus pour que ça devienne négatif à long terme. Ils veulent être patients avec ça », a ensuite dévoilé Poulin. 

Au final, il aura passé près d’un mois dans l’entourage des Penguins. Durant les deux premières semaines, il était dans l’un trois groupes composés pour respecter le protocole sanitaire établi par la LNH. 

« On embarquait sur la patinoire avec un entraîneur pour développer nos habiletés. À partir de la troisième semaine, on rentrait dans la phase suivante qui ressemblait plus à un camp d’entrainement. Mais notre groupe a été en contact avec quelqu’un qui a été déclaré positif à la COVID-19. On a eu à se placer en quarantaine durant cette semaine sans pratiquer du tout. Pour la dernière semaine, on a été avec tous les autres gars pour pratiquer avec eux », a décrit le patineur à la carrure imposante. 

Il n’allait surtout pas laisser le coronavirus sabrer ses efforts physiques des dernières années. Durant le confinement, il a passé beaucoup de temps à s’entraîner dans le chalet familial qui a été aménagé à cet effet et ses adversaires de la LHJMQ devraient le constater assez rapidement cette saison.