VICTORIAVILLE – Pas de président, pas de gouverneur, pas de directeur général et pas d’entraîneur-chef.

À un mois du camp d’entraînement, voilà le scénario invraisemblable auquel étaient confrontés les Tigres de Victoriaville.

Décès, démission, congédiement... Le club des Bois-Francs a surtout été bousculé par le départ inattendu du DG et entraîneur-chef Éric Veilleux pour la Ligue américaine après à peine deux mois de service.

Dépouillés de leur prise de choix pour succéder à Daniel Fréchette et Brice Richardson, respectivement emporté par le cancer et remercié au terme de la dernière campagne, les Tigres ont donc été forcés de relancer le processus d’embauche.

Après une dizaine de jours de recherche, Kevin Cloutier, le bras droit de Serge Beausoleil avec l’Océanic de Rimouski, a d’abord hérité des fonctions de directeur général.

Et de un.

Ne manquait plus que l’entraîneur-chef. Un peu plus d’une semaine après son embauche, Cloutier a trouvé son homme. Louis Robitaille obtenait les clés vestiaire.

Et de deux.

La 30e saison de l’histoire des Tigres a alors finalement pu reprendre son cours « normal ». Mais le temps pressait. Robitaille, qui en est à sa première expérience à titre d’entraîneur-chef dans la LHJMQ après avoir occupé des postes d’adjoint avec les Voltigeurs et les Foreurs, n’a en effet eu qu’un peu plus de deux semaines pour préparer le camp d’entraînement de son équipe.

« Mes premières journées étaient assez rock’n’roll », convient Robitaille.

« Je partais de la Rive-Sud de Montréal, alors il y a eu beaucoup de voyagement, en plus des longues heures de travail. C’est sans compter qu’il fallait coordonner notre déménagement de Val-d’Or, où j’étais installé », raconte Robitaille, qui a emménagé dans la maison sélectionnée par Veilleux, un bon ami.

Une fois bien établi, Robitaille a pu consacrer toutes ses énergies à une tâche qu’il connaissait bien malgré son statut de pilote recrue.

« J’ai toujours été très impliqué, que ce soit avec Martin Raymond, Mario Duhamel ou même Mario Durocher. Je savais donc comment diriger un camp d’entraînement. Je l’ai d’ailleurs fait à deux reprises, alors que Martin Raymond et Mario Duhamel étaient retenus par Équipe Canada junior. »

Le jeune entraîneur de 34 ans est donc vite retombé sur ses pattes, tout comme son équipe d’ailleurs.

« On a retrouvé une certaine routine, les jeunes sont retournés à l’école. Il s’agit maintenant de s’assurer que nos 23 gars sont sur la même page côté hockey. »

L’attaque, le moteur

Pour ce faire, Robitaille peut heureusement compter sur 15 joueurs ayant endossé l’uniforme des Tigres la saison dernière. La stabilité est particulièrement notable à l’attaque.

Misant sur le retour d’une dizaine de vétérans, l’unité offensive des Tigres sera bien sûr menée par Pascal Laberge, repêché au deuxième tour par les Flyers de Philadelphie en juin dernier, et Maxime Comtois, un choix de première ronde potentiel au prochain repêchage de la LNH.

Alexandre Goulet, un joueur de 20 ans, risque lui aussi d’être d’une grande utilité aux Tigres, à condition qu’il revienne à Victoriaville. Acquis des Islanders de Charlottetown la saison dernière, Goulet a amassé 22 buts et 19 passes en 34 rencontres avec les Tigres. Une fin de saison qui a convaincu les Coyotes de l’Arizona de l’inviter à leur camp d’entraînement.

« On va avoir une attaque dynamique et expérimentée. Ils ont connu du succès l’an passé et c’est sûr que notre équipe aura encore beaucoup de créativité offensive, mais je ne veux pas qu’ils dénigrent l’aspect défensif », prévient Robitaille.

Le penchant des Tigres pour l’attaque leur a en effet joué des tours la saison dernière, notamment au premier tour des séries face aux Wildcats de Moncton. Échappant des avances lors des deux premiers duels ultimement perdus en prolongation, Victoriaville s’est finalement inclinée en cinq rencontres.

Un échec qui avait convaincu le DG de l’époque Daniel Fréchette de congédier l’entraîneur Bruce Richardson, qu’il jugeait trop porté sur l’attaque.

« Je suis un entraîneur qui coachait les défenseurs. J’ai appris de cette méthode et on veut implanter un bon mariage des deux. On devra prendre bien soin de notre territoire quand on y sera, mais une fois qu’on va en sortir, on va laisser nos jeunes exprimé leur créativité », promet Robitaille, qui aura en plus comme mandat de bien encadrer Comtois en cette saison charnière.

« Maxime, c’est un pro, dans sa façon d’agir et sa préparation. […] C’est une grosse année pour lui et ma job ce sera de lui donner du repos car il va vivre beaucoup de choses. Il vient de représenter le Canada aux moins de 18 ans et il va probablement aller au camp d’Équipe Canada junior. S’il n’est pas invité, il va tout de même jouer le match des meilleurs espoirs, en plus de devoir composer avec le regard des recruteurs qui viendront le voir toute l’année. Ce sera beaucoup de pression émotionnelle pour lui et ce sera à moi de bien gérer son temps », projette Robitaille, sans toutefois éprouver d’inquiétudes pour le jeune espoir.

« C’est un p’tit gars d’une droiture exceptionnelle », note-t-il.

Presque à maturité  

Si l’attaque des Tigres jouit d’une belle profondeur, la défense a quant à elle un peu moins de vécu. Trois des sept arrières ayant mérité un poste dans la formation dessinée par Robitaille n’ont en effet pas encore une saison complète d’expérience dans le circuit Courteau.

L’entraîneur-chef pourra néanmoins compter sur un top-4 d’expérience, alors que le capitaine Tristan Pomerleau, Bradley Lalonde, Vincent Lanoue et Jérémie Beaudin auront pour mandat d’épauler et de sécuriser les jeunes Andrew Smith, Pierre-Olivier Demers et Vladislav Utkin.

« Andrew et P-O sont encore à l’état brut, mais on a du temps devant nous. D’une grosse stature, ils vont être fatigants à affronter, mais je ne m’attends pas à des résultats à court terme. On veut les développer pour la fin de la saison »,précise Robitaille.

Devant le filet, les gardiens Olivier Tremblay et James Povall pourraient de nouveau se partager les départs à parts égales, du moins en début de saison, annonce Robitaille.

« J’ai deux gardiens prêts à garder les buts qui me donnent une chance de gagner alors que le début du calendrier sera condensé. Le filet, ils vont l’avoir. À eux de me prouver qu’ils peuvent le garder. »

Dans l’ensemble, Robitaille a donc une équipe pour le moins mature sous la main. Mais est-elle prête à rivaliser avec l’élite?

« Nous ne sommes pas les Sea Dogs de Saint John, les Cataractes de Shawinigan, les Huskies de Rouyn-Noranda ou encore les Foreurs de Val-d’Or », répond le coach, tout en concédant cependant que la fenêtre d’opportunité s’ouvre petit à petit pour son club.

« On ne sera pas parfait en début de saison. Si on joue de la bonne manière, les résultats vont venir. Je veux que mon équipe me parle. Ce sont les joueurs qui vont dicter nos attentes. »