Ça parle au Diable!
NEW YORK – Après deux raclées consécutives encaissées aux mains des Rangers, la saison des Devils s'en allait chez le Diable.
Les 52 victoires et les 112 points récoltés, deux records d'équipe, la course enlevante au premier rang de la division métropolitaine, course que les Hurricanes ont finalement gagnée par un tout petit point, les saisons sensationnelles de Jack Hughes, Nico Hischier, Jesper Bratt et Dougie Hamilton – deuxième fois de l'histoire que les Devils comptaient quatre marqueurs de 70 points et plus - tout ça était en train de prendre le bord alors que les Rangers menaçaient de les balayer en quatre petites parties dès la première ronde.
Voilà que le Diable a remis du bois dans la poêle et que ce sont les Devils qui chauffent maintenant les Rangers. Des Rangers qui ont très mal paru lundi soir alors qu'ils ont été incapables de maintenir le rythme imposé par leurs rivaux qui ont ramené les deux clubs à la case départ en signant à leur tour une deuxième victoire consécutive en territoire ennemi.
Oui les jeunes Devils manquent cruellement d'expérience en séries. Mais dans la victoire de 3-1 arrachée lundi, ils ont fait la preuve par 1000 que leur vitesse, leur implication et leur désir de vaincre peuvent faire contrepoids à l'inexpérience qui semblait en voie de les couler après deux revers au fil desquels ils ont accordé 10 buts en n'ont marqué qu'un tout petit.
Jack Hughes s'est d'ailleurs assuré de refroidir les ardeurs de tous ceux et celles qui sont aveuglés par son manque d'expérience en série et celui d'une majorité de ses coéquipiers.
« Quand tu tires de l'arrière 0-2 dans une série, ça n'a rien à voir avec un manque d'expérience, mais tout à voir avec le fait que tu ne joues pas assez bien pour rivaliser avec une très bonne équipe », a insisté l'auteur du premier but du match.
Un but marqué au terme d'une longue échappée offerte par son coéquipier Jonas Siegenthaler qui a dégagé la rondelle libre dans l'enclave pour « sauver » son gardien Akira Schmid.
Gallant pointe ses vedettes du doigt
Les Devils ont nivelé les chances dans la série du Hudson lundi soir parce qu'ils ont été meilleurs que les Rangers. Ils ont été plus rapides, plus impliqués, plus incisifs, plus convaincus dans leur manière de jouer que les Rangers qui ont passé la majeure partie de la rencontre à suivre le rythme imposé par leurs rivaux au lieu de l'imposer.
Cette domination des Devils s'est surtout manifestée au niveau des joueurs vedettes alors que les Hughes, Hischier, Hamilton ont éclipsé les Zibanejad, Panarin, Kane et compagnie.
Ce manque de vigueur a été plusieurs fois souligné par les partisans qui ont chahuté leurs favoris à plusieurs occasions. Qui les ont même hués à quelques reprises tant le niveau d'impatience grimpait dangereusement.
Il a aussi été souligné par l'entraîneur-chef Gerard Gallant qui s'est permis de pointer ses joueurs du doigt. Surtout ses vedettes.
« Nous n'avons pas été bons. Pas assez bon pour gagner. Même pas proche d'être assez bons. Nos gars ont dépensé plus d'énergie à rouspéter contre les juges de lignes qui les chassaient du cercle des mises en jeu. On a fait plein de mauvaises choses ce soir », que Gerard Gallant a lancé dès le début de son point de presse.
« C'est très décevant. Notre niveau d'implication était loin d'être suffisant. Nos gars se contentaient de regarder le jeu se développer devant eux au lieu d'aller l'appuyer. On a perdu des batailles pour les rondelles libres. On a eu quelques bons moments, surtout lors des attaques massives, mais nous n'avons pas vu de la part de nos joueurs la même implication que celles des joueurs des Devils. Particulièrement au niveau des meilleurs éléments des deux clubs », que Gallant a ajouté à la grande surprise des collègues de New York qui n'avaient encore jamais entendu de commentaires aussi tranchants de la part du coach des Rangers.
Gallant est allé plus loin encore lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il avait vu une étincelle après le but qui a permis aux Devils de prendre les devants 2-1 en troisième période. S'il avait senti un désir de revenir de l'arrière.
« Rien vu de tout ça! On a disputé des matchs parfaits lors des deux premières rencontres de la série. La défaite en prolongation a été encaissée au terme d'un match solide des deux équipes. On s'attendait à mieux, à beaucoup mieux, de la part de notre groupe ce soir. Et nous ne l'avons pas obtenu », que Gallant a conclu avant de se lever et de retraiter vers le vestiaire de son équipe.
Trouba tient le fort
Après avoir marqué 10 buts lors des deux premières rencontres, les Rangers ont été limités à un but dans un deuxième match de suite.
Blanchis cinq fois dans leur première défaite (2-1 en prolongation) encaissée samedi, les Rangers ont fait chou blanc trois fois lundi soir. Ils se sont non seulement contentés de deux tirs lors de ces trois supériorités, mais c'est Erik Haula, à quatre contre cinq, qui a obtenu la meilleure occasion de marquer lors des trois attaques massives des BlueShirts.
Ça vous donne une idée.
Malgré cette contre-performance soulignée par les partisans au cours de la rencontre et Gerard Gallant une fois le match terminé, Jacob Trouba s'est assuré de tenir le fort dans le vestiaire des Rangers.
« Ce n'est pas comme s'ils allaient s'amener ici et se laisser battre deux fois de suite », a répliqué Jacob Trouba lorsque les journalistes lui ont demandé s'il était surpris du réveil des Devils.
Le capitaine des BlueShirts s'est ensuite dressé devant les propos laissant entendre que les deux revers pourraient avoir des conséquences négatives pour son équipe.
« Nous étions loin de faire la fête après les deux premiers matchs que nous avons gagnés. Il est donc hors de question de céder à la panique après les deux matchs que nous venons de perdre. On savait que cette série serait longue et difficile. On va prendre les moyens pour rebondir. »
Si Trouba parlait haut et fort, ses coéquipiers Mika Zibanejad et Vincent Trocheck étaient beaucoup plus réservés dans leurs réponses. Ils étaient presque éteints.
« Ça ne paraissait peut-être pas du haut des gradins, mais je crois que nous avons justement tenté de trop en faire par moments ce soir. En plus, on a joué de malchance à quelques occasions. On se cherchait sur la glace. On attendait que quelqu'un prenne les choses en main. On doit juste revenir à notre manière de jouer », que Zibanejad a plaidé.
« C'était difficile ce soir. Il n'y avait pas beaucoup d'espace sur la patinoire. On s'est battu, mais ce ne fut pas assez. On amorce une série deux de trois », que Trocheck, l'unique marqueur des Rangers lundi, a ajouté.
Quel avantage de la glace?
Ce sera jour de congé mardi autant dans le camp des Rangers que dans celui de leurs adversaires du New Jersey.
Un congé salutaire? Ou un congé qui pourrait freiner l'élan victorieux des Devils?
« Le prochain match n'est que jeudi. Le congé de demain fera un grand bien pour reprendre de l'énergie. Nous venons de disputer deux gros matchs très émotifs. Ça fera du bien de sortir de cette pression », a indiqué Jonas Siegenthaler qui a marqué le but de la victoire.
Aperçu par Nico Hischier sur le flanc gauche déserté en défensive par les joueurs des Rangers, Siegenthaler a reçu une passe parfaite de son compatriote suisse pour déjouer Igor Shesterkin d'un tir précis.
Fort d'une expérience de plus de 2400 dans la LNH comme joueur d'abord et entraîneur-chef ensuite, Lindy Ruff a souri lorsque je lui ai demandé pourquoi l'avantage de la patinoire était loin d'avoir la même signification aujourd'hui que dans un passé pas si lointain.
Après 32 matchs disputés à l'étranger depuis le début de la première ronde, 20 victoires ont été signées par des clubs visiteurs. Les équipes évoluant devant leurs partisans n'ont donc signé que 12 gains.
« Je crois que la plus grande parité est la raison la plus importante. Cela dit, si je regarde mon équipe, nous avons tendance à jouer du hockey plus efficace sur la route qu'à la maison. Nous avons eu une très bonne fiche cette année (28-9-4) parce que nous sommes plus systématiques sur la route. À la maison, j'ai parfois l'impression que nous cherchons plus à plaire aux amateurs qu'à se contenter d'être efficaces. En plus, quand tu joues à domicile, tu dois composer avec les réalités de ton quotidien. La famille, les amis et d'autres facteurs externes prennent de ton attention alors que sur la route, tu te concentres sur le hockey », que Lindy Ruff a indiqué avant de conclure avec un souhait.
« Aucune équipe n'a encore gagné à la maison dans cette série. On retourne chez nous jeudi et j'espère que nous pourrons offrir une victoire à nos partisans au Prudential Center. »