L'entêtement de Gary Bettman!
COLLABORATION SPÉCIALE
L'orgueil peut représenter plus une qualité qu'un défaut pour certaines personnes qui ont cette capacité de rebondir après certains échecs ou certaines humiliations du passé, et faire fi de l'opinion publique.
En effet, certaines personnalités publiques ont la « couenne » plus dure que d'autres. C'est le cas de Gary Bettman, qui carbure à certaines erreurs du passé pour rebondir et prouver son point avec un entêtement assez impressionnant. Ces gens ont une carapace très solide.
Dans le monde des Sénateurs d'Ottawa, dans lequel je suis maintenant plongé depuis 23 saisons à titre d'analyste, je dois dire que le commissaire Gary Bettman, qui sera dans la capitale nationale ce lundi, a réussi son pari, et ce, malgré plusieurs embuches au fil du temps (faillite, vente de l'équipe, etc.). Bettman aura probablement réussi à faire des Sénateurs la franchise vendue au plus haut prix de l'histoire des équipes canadiennes dans la LNH. Or, il aura surtout réussi à en faire le levier pour les prochaines entités qui pourraient être à vendre dans le futur, sans compter le prix révisé de nouvelles expansions potentielles.
Un montant de 900 millions, 925 millions, 950 millions? Peu importe le prix final, cela relève d'une vision, d'une façon de voir et vendre le produit au sein de cette ligue professionnelle où la plus-value représente un facteur non négligeable lors du moment de la vente.
Certes, ce n'est rien à comparer certains autres sports et propriétés professionnelles de la NFL, NBA, MLB, etc., mais dans un marché aussi petit que celui d'Ottawa le fait de vendre une franchise à ce prix est un accomplissement assez impressionnant.
Le fait d'avoir présentement plus ou moins six groupes présentant un intérêt plus qu'élevé pour l'achat de cette franchise vouée à de jours meilleurs, en raison de la forte présence de plusieurs jeunes joyaux au talent illimité, a de quoi susciter la passion des partisans dans le marché actuel.
De constater l'intérêt et le désir des nouveaux investisseurs, et de penser à la forte possibilité de l'équipe de se rapprocher du centre-ville – le scénario rêvé autant pour le milieu corporatif que celui du grand public – a vraiment de quoi réjouir tout le monde, principalement Gary Bettman.
En contrepartie, l'exercice des prochains jours, voire semaines, sera crucial dans la sélection des nouveaux propriétaires qui ne peuvent absolument pas être orientés uniquement sur le prix de la concession exigé par les filles du défunt Eugene Melnyk, espérons-le. Il faut faire très attention au danger de l'odeur du dollar.
Il faut se concentrer sur un groupe de propriétaires qui est intéressé à investir pour les bonnes raisons et non les mauvaises. On se doit de choisir des propriétaires qui laisseront les gestionnaires faire de la gestion et les hommes de hockey faire du hockey, tout en reconnaissant la reddition de compte à l'employeur le moment venu.
Ces nouveaux acquéreurs, espérons-le, éviteront, dans la mesure du possible, de jouer le rôle de quêteux et de revendiquer à gauche et à droite des sommes d'argent du municipal, du provincial et du fédéral dans l'octroi d'argent public pour la réalisation du nouveau projet d'infrastructure dans le centre-ville. À moins que chacun y trouve son compte dans un partenariat d'affaires et une situation gagnant-gagnant, il faudrait éviter cela.
Une réalité qui aura tout un impact sur l'identité des nouveaux acheteurs de cette franchise, qui avait été acquise à un « prix d'ami » par monsieur Melnyk dans une époque pas si lointaine, il y a 20 ans. On se rappelle qu'il avait acquis les Sénateurs pour 92 millions de dollars américains en 2003.
Bon séjour à Ottawa, Monsieur le commissaire!
Patience et lucidité sont de mise!
Dylan Ferguson
À quelques semaines de la fin de saison 2022-2023, à moins d'un miracle, la formation de la capitale nationale sera exclue du portrait des séries éliminatoires. Au moment d'écrire ces lignes, l'équipe se trouve à sept points des Penguins de Pittsburgh et du dernier rang donnant accès à la danse du printemps, avec moins de neuf parties à disputer d'ici la fin du calendrier régulier du 13 avril prochain.
Une dure réalité du moment, considérant que les Sénateurs ont fait partie de cette danse du printemps pour la dernière fois en 2017, lorsqu'ils ont accédé à la finale d'Association, alors qu'ils étaient dirigés à l'époque par Guy Boucher. Ils s'étaient inclinés lors d'un match décisif en prolongation face à la bande de Sidney Crosby.
Cette autre non-participation représente un sérieux test d'adversité du moment pour le personnel de joueurs et pour l'organisation, qui est sur le point d'être vendue à un nouveau groupe de propriétaires et qui suscite la plus grande des curiosités du marché à l'heure actuelle.
De l'adversité à l'état pur, des moments où chacune des décisions dans l'action amène le joueur et le compétiteur à se surpasser lors de moments critiques et qui justifie ou non la réelle valeur qu'il représente au niveau de la charte de profondeur.
Dans une phase de reconstruction annoncée depuis plusieurs saisons, et malheureusement pour les jeunes faisant partie du noyau de la franchise actuelle – certains ont déjà plusieurs années d'expérience (Thomas Chabot sept ans, Brady Tkachuk cinq ans, Drake Batherson cinq ans, Josh Norris quatre ans) tandis que d'autres ne font que commencer, mais démontrent déjà de belles choses (Tim Stützle, Jake Sanderson, Shane Pinto) – les Sénateurs ont été incapables de satisfaire immédiatement le désir des partisans.
Une fois de plus, on doit faire appel à la patience et à la lucidité pour surmonter les difficultés du moment, et ce, malgré une progression bien sentie de plusieurs des joueurs mentionnés ci-dessus dans le processus de développement.
Oui, il s'agit d'une équipe améliorée dans certains aspects collectifs du jeu. On parle ici notamment d'un rendement des unités spéciales nettement supérieur aux années passées (avantage numérique à 23,9%, 7e dans la LNH; infériorité numérique à 82,0%, 8e dans la LNH). On parle aussi d'un style de jeu un peu plus axé sur l'offensive en raison des exigences du circuit dans cette nouvelle Ligue nationale de hockey construite sur la vitesse et l'intelligence du jeu. Puis, on peut regarder la progression assez significative de certains jeunes, qui ont réussi à maîtriser « l'art d'apporter leur game dans la game », comme dirait si bien Martin St-Louis.
Dans ce contexte répétitif des dernières saisons chez les Sénateurs, il faut prendre exemple sur les Oilers d'Edmonton, et les Maple Leafs de Toronto, entre autres, pour se rappeler que c'est dans la défaite et dans l'adversité qu'on apprend le plus. C'est lorsqu'on passe au travers des différents défis qu'on réussit à construire une équipe qui peut se rendre à la terre promise.
C'est un peu ce que font présentement les Sabres de Buffalo, les Devils du New Jersey, et les Red Wings de Detroit. Il s'agit d'un passage quasi obligatoire en raison de la présence de ce plafond salarial et de l'importance de bien repêcher et développer ses joueurs.
La réussite dans la LNH représente un processus long et ardu qui exige un esprit de visionnaire avec beaucoup d'audace, mais aussi beaucoup de chance pour atteindre l'objectif tant désiré. C'est souvent beaucoup plus facile à dire qu'à faire!