Martin Brodeur voit le vrai gardien no 1 se faire plus rare

Le membre du Temple de la renommée, Martin Brodeur n'en revient pas comment la position de gardien est devenue instable dans la LNH.

Dans un entretien avec Pierre LeBrun de The Athletic, il constate que le statut des gardiens est devenu vraiment volatile et que les résultats de ces portiers sont désormais imprévisibles.

« Le sport a changé, mais cette position aussi a beaucoup changé, simplement en raison de la charge de travail de ces gars-là, a expliqué cette semaine le vice-président des opérations hockey des Devils du New Jersey, qui a joué pendant près 22 ans dans la LNH.  C'est tellement volatile. La première année, vous pouvez être le meilleur gardien alors que la deuxième année, c'est comme si tu n'avais même plus ta place dans la ligue. C'est étrange à quel point la position est devenue volatile. »

Brodeur ajoute que l'on a du mal à faire confiance aux gardiens en matière de constance. « À l'heure actuelle, dans la ligue, il y a probablement cinq gars sur lesquels vous pouvez compter – peut-être jusqu'à huit. À l'époque, c'était 30 gars. C'est donc différent. Comme je l'ai dit, je pense que c'est la charge de travail, je pense que c'est aussi le talent des joueurs. Vous savez. Pendant des années, on disait : " Les gardiens sont trop bons. Il faut trouver des moyens de marquer des buts ". »

« Maintenant, c'est comme si tu devais trouver des gardiens pour arrêter ces gars-là. »

Le gardien Andrei Vasilevskiy était le gardien de référence lors des conquêtes consécutives de la coupe Stanley de Tampa Bay en 2020 et 2021 alors que l'année dernière, Adin Hill n'a commencé un match éliminatoire qu'en deuxième ronde dans la montée en force des Golden Knights de Vegas jusqu'à la coupe.

Darcy Kuemper, qui a guidé l'Avalanche du Colorado jusqu'à la coupe Stanley en 2022, n'était plus avec l'équipe la saison suivante. Au début de la saison 2018-19, Jordan Binnington était le quatrième gardien dans la hiérarchie chez les Blues de St. Louis avant de les mener à un premier titre.

Brodeur, qui a gagné la coupe Stanley en 1995, 2000 et 2003 avec les Devils, constate aussi le phénomène dans sa propre équipe.

« L'année dernière, nous avions (Vitek) Vanecek, qui, avec ses statistiques (2,45 de buts alloués et .911 de pourcentage d'arrêts), était peut-être un peu au-dessus de la moyenne. Mais il nous a aidés à connaître une excellente saison au New Jersey. Nous avons eu le plus grand nombre de points au classement l'année dernière. Et je me dis : « J'ai pourtant fait partie de très bonnes équipes. »

« Avec un gardien de but légèrement au-dessus de la moyenne, nous avons pu obtenir ces résultats. Cette année, ç'a été un peu plus difficile. »

Cette année est en effet plus difficile pour le gardien qui montre une moyenne de buts alloués de 3,18 et un pourcentage d'arrêts de ,890. « C'est le système 1A et 1B qui va créer cela, a poursuivi Brodeur. Parce que ça sera toujours :  " Nous ne pouvons pas jouer des (matchs) consécutifs. "  Vous avez tellement peur que le numéro un se blesse. »

Vanecek n'est d'ailleurs déjà plus avec les Devils, qui l'ont échangé aux Sharks de San Jose à la date limite des transactions.

« Donc les gars jouent 55 matchs alors qu'ils devraient jouer 65 à 70 matchs comme nous. »

« Je pense que nous dorlotons nos gardiens. Je le vois. J'en fais partie. C'est comme si mon entraîneur des gardiens disait :  " Il a joué cinq matchs au cours des huit derniers jours…  » Je me dis :  Et alors? »

Brodeur s'empresse également de souligner que les équipes ont aussi connu du succès avec des duos dans le but.

« C'est la réalité maintenant : il faut avoir deux gardiens. Je pense que c'est là que ça devient biaisé. C'est devenu difficile de trouver un numéro un.  Il y en a un à Nashville, à Tampa et à Calgary. Il y a quelques endroits qui en ont. Mais il n'y en a pas beaucoup. Ce sont surtout des tandems. »

« Vous regardez Boston. Ils vivent avec un duo de gardiens depuis deux ans. »

Brodeur affirme néanmoins que le niveau global d'habileté est meilleur que jamais dans le but. « Le gardien moyen est meilleur que lorsque je jouais. Ce sont des athlètes incroyables. Mais vous arrivez aux matchs – le jeu est tellement ouvert que si vous êtes un jeune gardien de but, c'est plus difficile… nous le voyons maintenant. Nous avons cédé nos jeunes gardiens dans les mineures et nous avons obtenu deux gardiens plus âgés. Nous voyons à quel point l'expérience compte. »