Panthers-Rangers : la meilleure équipe a gagné
Les Panthers de la Floride se sont invités en finale de la Coupe Stanley l'an dernier. Ils n'étaient pas les bienvenus. Ils n'avaient pas d'affaires là!
De fait, ils n'avaient même pas d'affaires en séries au terme d'une saison régulière ô combien décevante.
En première ronde, les Bruins de Boston, champions de la saison régulière et forts d'une avance de 3-1, étaient en voie de retourner les Panthers sur les plages, là où ils auraient déjà dû être.
L'éveil de Sergei Bobrovsky a tout changé. « Bob the Goalie » n'a pas seulement orchestré la remontée historique de son équipe, mais il n'a encaissé qu'une seule défaite au fil des deux rondes suivantes – une contre les Maple Leafs de Toronto en deuxième ronde avant de balayer les Hurricanes de la Caroline en finale de l'Est – pour propulser les Panthers en grande finale.
Une grande finale dont ils ont été expulsés rapidement par les Golden Knights de Las Vegas.
Cette année, les Panthers méritent pleinement leur place en grande finale. Une place qu'ils avaient dans la mire dès « le moment où ils ont vu les Golden Knights brandir la coupe Stanley à bout de bras », a reconnu Aleksander Barkov au collègue Shawn McKenzie.
Les Panthers ont éliminé de bonnes formations en première et deuxième ronde. Mais ils étaient trop forts pour leurs voisins de la Floride, le Lightning de Tampa Bay, et trop forts aussi pour les Bruins.
Ils viennent aussi de prouver qu'ils étaient trop forts également pour les Rangers de New York.
Champions de la saison régulière, les Rangers étaient considérés par plusieurs comme des prétendants logiques à la coupe Stanley. Ils comptaient sur des marqueurs de premier plan, sur une attaque massive dévastatrice, sur une défensive solide et un gardien plus solide encore alors qu'Igor Shesterkin est, à mes yeux, le meilleur gardien de la LNH depuis le début des séries. Peut-être le meilleur de la LNH tout court.
Mais si les Rangers sont en vacances déjà au lieu d'attendre le début de la grande finale à New York, c'est parce que les Panthers ont muselé les meilleurs éléments offensifs de leur formation.
Et pas seulement parce que Bobrovsky a été aussi bon devant la cage des Panthers que Shesterkin l'a été devant la cage des « Blueshirts ».
Derrière Barkov, qui a fait la preuve par 1000 qu'il méritait pleinement le trophée Selke et le titre de meilleur attaquant défensif de la LNH, les Panthers ont fait bien mal paraître les gros canons des Rangers.
Quand ils n'étaient pas carrément dans leur visage, ils étaient tellement à leur trousse que les « vedettes » des Rangers n'ont jamais été à l'aise sur la patinoire. Ou pas assez souvent...
Avec les résultats qu'on connaît.
Tenez : Artemi Panarin (49), Chris Kreider (39), Mika Zibanejad (26) et Vincent Trocheck (25) ont enfilé 139 buts en saison régulière. Ils ont récolté 344 points.
Ils ont marqué huit buts et récolté 19 points en quatre matchs contre les pauvres Capitals de Washington en première ronde. Les Rangers ont enfilé six buts en attaque massive.
En deuxième ronde, ils ont marqué 12 fois et récolté 30 points en six matchs contre les Hurricanes. Ils ont marqué cinq fois en attaque massive.
En finale contre les Panthers?
Les quatre leaders offensifs des Rangers se sont contentés de quatre buts et dix points. Les « Blueshirts » n'ont marqué qu'une seule fois en attaque massive.
Un seul but en 17 attaques massives.
Ne cherchez pas plus loin la raison de la victoire des Panthers. Oui Alexis Lafrenière s'est imposé avec quatre buts en grande finale. Oui Barclay Goodrow a imité le Québécois en aidant la cause de son équipe avec trois buts.
Mais dans l'équation selon laquelle pour gagner tes meilleurs doivent être tes meilleurs, les meilleurs des Panthers ont été beaucoup meilleurs que les meilleurs des Rangers.
Pas nécessairement en matière de buts marqués et de points récoltés. Mais en matière d'implication. En matière de conviction affichée sur la patinoire. En matière de la volonté de faire tout ce qui doit être fait pour mettre toutes les chances de victoires de leur côté.
Et à ce jeu, les Panthers étaient dans une classe à part. Comme leur entraîneur-chef Paul Maurice. Comme leur directeur général Bill Zito qui a su bâtir une équipe solide qu'il a renforcée avec des ajouts de qualité à la date limite des transactions.
Il ne restait qu'à s'assurer de ne pas être victime de Shesterkin. De ne pas laisser le brillant gardien les voler comme il a volé les Hurricanes en deuxième ronde.
Car au risque de me répéter – et je sais que j'aime beaucoup et peut-être trop les Hurricanes – la Caroline aurait dû être de la finale de l'Est. Et elle l'aurait été n'eut été de Shesterkin.
Et vous savez quoi? Peut-être qu'on aurait eu une meilleure finale encore.
Mais bon!
Pour venir à bout de Shesterkin, les Panthers ont su éviter les erreurs commises par les « Canes ». Les Hurricanes ont toujours, ou très souvent amorcé leurs matchs en force contre les Rangers. Ils ont ainsi su s'offrir des avances qui semblaient suffisantes. Mais ils ont été incapables de les empêcher de revenir de l'arrière. Trop occupés à chercher des moyens de déjouer Shesterkin, ils ont ouvert la porte aux vedettes de Rangers qui leur ont fait chèrement payer ces largesses.
Les Panthers n'ont jamais, ou presque, ouvert la porte. Et quand ils l'ont fait, ils ont pu compter sur les arrêts importants de Bobrovsky.
Gustav Forsling mérite qu'on enregistre les matchs des Panthers pour ensuite les regarder attentivement afin d'apprécier la qualité de son jeu dans les deux sens de la patinoire.
Il mérite aussi une place bien plus en vue au sein des meilleurs arrières de la LNH.
Une place qu'il forcera bien des amateurs à lui réserver tant il excelle depuis le début des séries. Depuis le début de la saison qu'il serait plus juste d'écrire.
Anyway! C'est du grand art.
Presque autant que les tableaux que Barkov peint chaque fois qu'il pose les patins sur la patinoire.
Mais ça, on pourra y revenir longuement une fois en grande finale.
Une grande finale qui devrait opposer les Panthers aux Stars de Dallas qui forment la meilleure équipe dans l'Ouest.
Mais avant de penser aux Panthers, les Stars doivent battre coup sur coup sur les Oilers d'Edmonton, dimanche soir et mardi, pour prouver qu'ils sont vraiment, comme je le crois, les meilleurs.
Mais attention : les meilleurs ne gagnent pas toujours!
Bon match!