Marc-André Fleury réalise que ça pourrait être son dernier départ au Centre Bell
MONTRÉAL – Et si la 987e partie de Marc-André Fleury était sa dernière au Centre Bell? Il a déjà vécu l'immense joie d'entendre son nom scandé par la foule montréalaise pour sa 500e victoire, mais cette rencontre, mardi soir, s'annonce également très fertile en émotions.
« Oui, j'y pense. Je l'ai déjà dit, je ne suis pas encore certain de ce que je veux faire. Mais je reste conscient que c'est peut-être ma dernière. C'est important pour moi de jouer ce match devant ma famille et mes amis. Je voudrai en profiter le plus possible de cette partie », a confié Fleury après l'entraînement du Wild.
Fleury affichait ses éternels sourires durant ce point de presse, mais ses réponses étaient aussi ponctuées de pause qui évoquaient bien la réflexion qui l'anime à la veille de ce départ.
« On dirait que ce n'est jamais facile à Montréal. On dirait que j'ai perdu plusieurs matchs ici. Pour vrai, c'est le fun de revenir à la maison et je vais souhaiter bien jouer. J'ai grandi comme un partisan du Canadien et du hockey en général. Je me considère chanceux puisque j'ai joué au Centre Bell souvent », a prononcé Fleury qui n'oubliera jamais un blanchissage de 1-0 à Montréal ainsi que son premier départ dans l'aréna du CH.
« Je trouvais ça intimidant et stressant. J'étais content de vivre cette expérience », a-t-il dit à propos de ce baptême au Centre Bell, le 3 janvier 2006, dans un gain de 6-4 des Penguins grâce à deux buts de Sidney Crosby et Michel Ouellet.
Voilà que 17 ans plus tard, l'enjeu sera encore de contrôler ses émotions, il croit pouvoir y parvenir même si une trentaine de ses proches seront sur place.
« J'imagine que oui. Je voudrai savourer le moment et en profiter », a répondu le doyen des gardiens de la LNH qui fêtera son 39e anniversaire le 28 novembre.
L'entraîneur-chef du Wild, Dean Evason, voit toute l'influence de Fleury au quotidien grâce à son expérience. Il ne s'inquiète donc pas du tout pour lui.
« Flower a joué assez de matchs de hockey et assez souvent ici pour composer avec ses émotions. Il est un pro. Il nous apprend des choses chaque jour, alors il sera aussi calme [que d'habitude] », a jugé Evason.
Dans le vestiaire, Frédérick Gaudreau, qui est devenu un grand complice de Fleury, comprenait très bien la portée du cliché de vouloir gagner ce match pour lui.
« On veut tout le temps jouer pour Marc-André. En fait, pour nos deux gardiens, on les aime tellement. Mais c'est sûr que c'est tout le temps le fun de jouer à Montréal et Flower, tout le monde le sait, c'est l'un des meilleurs coéquipiers au monde sinon le meilleur », a exposé celui qui a évité le pire, samedi à Toronto, à la suite d'un contact imprévu avec Ryan Reaves.
« C'est (Nicolas) Deslauriers qui m'avait dit ‘ Tu vas voir mon Big, c'est le meilleur coéquipier que tu peux avoir'. J'avais entendu cette légende de lui et plein d'autres personnes. Elle s'est confirmée et encore mieux. Je me sens très choyé de pouvoir le compter comme un ami, c'est une personne en or », a exposé Gaudreau.
Ainsi, Fleury parlait de savourer les petits moments de plaisir dans sa 21e saison dans la LNH. Comme ce match à Montréal, mais aussi d'observer les gradins plus souvent ou discuter avec les gardiens des autres équipes pendant l'échauffement.
« Je le fais toujours un peu. Je les salue et je leur souhaite bonne saison. Avant, il y avait plus de Québécois. Il n'en reste plus énormément. Mais les anglais sont aussi corrects, je n'ai rien contre eux ! », a commenté le Sorelois avec le sourire.
Fleury se promettait d'ailleurs de glisser un mot au Montréalais Devon Levi qui effectue ses débuts dans la LNH, avec les Sabres, à 21 ans. Il bavardera aussi avec Samuel Montembeault qui aime autant rigoler que lui.
À ce sujet, personne ne sent une différence dans l'état d'esprit de Fleury même si la retraite semble se dessiner dans ses plans.
Tandis que Gaudreau a confirmé que Fleury blaguait toujours aussi souvent, son partenaire Filip Gustavsson croit avoir été victime de l'un des fameux tours de Fleury la saison dernière.
« Il n'a jamais confirmé qu'il en était l'auteur. Mais on était à Columbus et il avait réussi un blanchissage. Après ma douche, j'ai pris ma serviette pour me sécher et j'avais de la crème à raser partout sur le corps », a raconté le gardien suédois pratiquement fier d'avoir goûté à la médecine de Fleury.
Quant à son objectif de savourer cette campagne, Evason avait la réponse parfaite.
« Si je sens qu'il veut en profiter plus que quoi ? Plus que quand il a gagné la coupe Stanley? J'espère qu'il en profitera autant, a relancé Evason en voulant croire à ce résultat pour sa troupe.
« Si tu l'écoutes pendant les entraînements, il jase avec ses coéquipiers et les taquine. Ils ont tous, clairement, un grand respect pour lui. Il se fâche un peu quand les choses ne vont pas bien, et c'est ce que tu veux, n'est-ce pas ? Tu veux qu'un gars ait la flamme, et il l'a, mais il laisse aller assez vite et il est un professionnel », a vanté Evason.
Un partenariat qui comble Fleury
Désormais plutôt vu comme l'adjoint de Gustavsson, Fleury s'accommode mieux de cette réalité.
« J'ai une bonne relation avec Gus. C'est un bon vivant, un bon gars. J'aime ça partager des choses avec lui. Je peux aussi apprendre de lui, il est de la nouvelle école, a témoigné Fleury. Avec (Matt) Murray à Pittsburgh, je jouais moins aussi et je trouvais ça difficile au départ. Mon rôle est plus défini maintenant. »
Ce partage de connaissances de Fleury, Evason le chérit.
« Ce n'est pas seulement la relation que Fleury a avec Gus. C'est la relation qu'il a avec ses coéquipiers et avec le personnel d'entraîneurs. C'est un gardien du Temple de la renommée qui arrête la rondelle, mais ce qui le différencie des autres, c'est sa personnalité, la personne qu'il est en tant qu'individu. Il est incroyable avec notre groupe. Il a tout vu. Il y a des choses qu'il peut transmettre à Gus, mais il peut aussi expliquer au groupe comment gagner », a noté Evason qui le voit comme une extension de son personnel d'entraîneurs.
« C'est incroyable ! Dès le jour où j'ai été échangé, il m'a appelé pour me dire de le contacter si j'avais besoin d'aide, qu'il ferait de son mieux. Il a toujours été gentil et drôle avec moi », a précisé Gustavsson en ajoutant des détails techniques.
« Certaines vieilles techniques ne fonctionnent plus désormais, car les joueurs savent comment les battre. On essaie de s'aider. Je le regarde faire sa lecture un peu plus traditionnelle du jeu et je travaille ensuite avec ce que je connais davantage. On s'entraide », a-t-il souligné.
Quand devancera-t-il Patrick Roy ?
Cette entraide devrait permettre à Fleury d'accomplir l'autre exploit dans sa mire : celui de dépasser Patrick Roy au deuxième rang de l'histoire pour les victoires. Le premier choix du repêchage de 2003 doit en amasser huit pour atteindre le nombre requis de 552.
« Je ne veux pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Mais si ça arrive, il s'agirait d'un honneur. Pour moi, Patrick était une idole. Il était tout un gagnant et sa fiche en séries le démontre. Mais je trouve ça bizarre d'être dans la même phrase que lui », a conclu Fleury avec humilité.
Difficile de prédire la date de ce moment historique car ça dépendra de son rendement, son utilisation et celui de son équipe. Toutefois, on ne peut que remarquer le duel qui aura lieu, à Pittsburgh, le 18 décembre, lors du 29e match du Wild. Trois jours plus tard, le Canadien sera en visite au domicile du Wild.