Afin que l’Avalanche du Colorado roule par-dessus la compétition et accède en moins d’une saison au statut de puissance dans la LNH, Patrick Roy et ses acolytes ont dû accomplir un boulot colossal avec plusieurs joueurs dont la contribution étonne.

En premier lieu, Roy et ses adjoints n’ont pas perdu de temps à remporter leur pari du repêchage à propos de la sélection de Nathan MacKinnon. Cependant, ce n’est pas le seul exemple de réussite puisque l’échantillon est vaste, incluant l’apport revigoré du gardien Semyon Varlamov, de son adjoint Jean-Sébastien Giguère et du défenseur souvent laissé pour compte, André Benoit.

François AllaireEmbauché le 23 mai, Roy a rapidement confirmé son hypothèse selon laquelle l’Avalanche pourrait reléguer aux oubliettes son 29e rang en 2012-2013.

« On savait qu’on avait des ajustements à faire à certains endroits, mais on réalisait qu’on possédait un bon noyau de joueurs entre nos mains. Voilà pourquoi on était confiant de connaître une saison à la hauteur », a assuré Roy en incluant dans l’équation ses adjoints André Tourigny, Mario Duhamel, Tim Army et l’entraîneur des gardiens, François Allaire (photo).

D’ailleurs, Allaire s’est imposé comme une pièce maîtresse de la renaissance de l’Avalanche puisque les gardiens devaient être à la hauteur derrière une brigade défensive peu reconnue.

« Une semaine avant d’accepter le défi (d’entraîneur avec l’Avalanche), j’avais appelé François pour l’embarquer dans l’aventure et je lui avais dit qu’il allait avoir du plaisir à travailler avec Varlamov et Giguère qu’il a bien connu », a confié Roy.

« François a accompli un travail extraordinaire avec Semyon. Je me souviens que François m’avait appelé après l’avoir rencontré pour la première fois en Suisse et il m’avait dit : "ouf, on a du travail à faire". » Mais on doit admettre qu’il joue du hockey extraordinaire et qu’il est notre meilleur joueur cette saison », a ajouté l’ancien gardien émérite.

Giguère adore le revirement de situation 

Pendant ce temps, Giguère, l’allié d’expérience de Varlamov, ne donne plus trop l’impression de vouloir se retirer après avoir célébré son 37e anniversaire en mai prochain.

« Dans ce milieu, tu continues jusqu’au moment où quelqu’un te dit que tu n’es plus capable. C’est rare que des joueurs se retirent d’eux-mêmes », a raconté Giguère qui entend continuer sa route dans la LNH.

Ce retour en force de l’équipe provoque des bénéfices et Giguère n’aurait pas dit non à un effet de rajeunissement.

Jean-Sébastien Giguère« C’est certain que j’aimerais être 10 ans plus jeune comme tout le monde, mais j’ai eu mon moment et j’apprécie ma saison cette année. On a une équipe vraiment agréable et les jeunes me gardent jeune! Le fait que MacKinnon demeure chez moi a aussi contribué à cela à ce stade de ma carrière », a évoqué celui qui a soulevé la coupe Stanley en 2007 en plus d’atteindre la finale en 2003.

Il y a près d’un an, un climat morose régnait dans le vestiaire de l’Avalanche et Giguère s’était assuré de démontrer son mécontentement en soulevant que ses coéquipiers pensaient plus à un certain voyage qu’à leurs performances sur la glace.

« On n’a pas encore entendu parler de Las Vegas! C’est bien », a-t-il lancé avec humour lundi en faisant référence à cette histoire.

La concentration sera nettement au rendez-vous pour le duel contre le Tricolore étant donné que tous les joueurs comprennent la signification de cette soirée pour leur entraîneur.

« C’est certain qu’il sera très motivé et ce sera un gros match pour lui, on ne se le cachera pas. Il aime ça venir au Québec et il adore le Canadien alors on va essayer de lui donner un gros match », a admis le gardien dont sa sélection au repêchage de 1995 par les Whalers de Hartford trahit son âge.

Giguère est comblé de pouvoir protéger le filet de son équipe pour cette confrontation et il reconnaît que cette soirée sera spéciale surtout que sa carrière n’est plus jeune.

« On ne vient pas souvent à Montréal et j’aime toujours jouer au Centre Bell dans une belle atmosphère d’autant plus que mes frères, sœurs, neveux et nièces seront présents », a indiqué celui qui ressentira des papillons avant le déclenchement du match.

Dès l’embauche de Roy, Giguère s’est senti rassuré. À ses yeux, c’était évident que l’ancien gardien allait s’illustrer dans son nouvel emploi d’entraîneur puisqu’il a connu du succès dans toutes les étapes de sa carrière.

Reconnu pour briller durant les éliminatoires, Roy sait mieux que quiconque que cette période englobe des défis particuliers et il a l’intention de préparer son effectif avant d’atteindre cette étape.

« Il veut qu’on continue dans la même direction en demeurant une équipe offensive, mais il veut que nous soyons une équipe qui comprend bien le match. Par exemple, quand on détient une avance d’un ou deux buts en 3e période, c’est moins important d’aller chercher le prochain à ce moment-ci de la saison. C’est plus important d’exécuter le jeu pour sortir de notre territoire ou celui pour pénétrer en zone adverse. C’est ce qu’il essaie de nous inculquer dernièrement », a témoigné Giguère.

MacKinnon s’améliore aussi en français

Véritable phénomène pendant son parcours de deux saisons dans la LHJMQ, MacKinnon a fait des pas gigantesques depuis et il file vers le titre de recrue de l’année. Mais le prodige de la Nouvelle-Écosse ne progresse pas uniquement sur la patinoire. Après l’entraînement des siens lundi, MacKinnon n’a pu s’empêcher de rigoler en lançant quelques jurons en français en apercevant la meute de journalistes qui patientaient à son casier. Force est d’admettre que MacKinnon n’a pas seulement profité des conseils de Roy, Tourigny, Duhamel, Benoit et Maxime Talbot sur la patinoire…

Durant cet entretien, l’auteur de 52 points en 68 matchs a souvent vanté le travail des Roy avec les moins expérimentés et sa patience à son égard.

Construire autour de Nathan MacKinnon

« Il est excellent avec les jeunes et il est si intelligent. Je crois que les gens sous-estiment cette qualité chez lui. Il apporte tellement plus que le hockey à notre groupe », a mentionné l’ancien des Mooseheads de Halifax.

Même s’il a fait le saut dans la LNH dès sa première année, MacKinnon a reconnu les bienfaits de son implication progressive.

« Il faut être patient avec les jeunes et je me suis tellement amélioré cette année en commençant graduellement. Je commets encore des erreurs, mais je suis devenu plus responsable », a noté MacKinnon qui avait contribué à éliminer Roy et ses Remparts à sa première année dans la LHJMQ en séries 2012.

À l’autre bout du spectre se trouve Benoit, un défenseur de 29 ans qui semble enfin s’être établi dans la LNH. Il a d’ailleurs disputé son 100e match dans ce circuit cette saison. En plus de Roy, Tourigny a joué un rôle considérable dans sa progression.

« André, qui s’occupe des défenseurs, est excellent sur les petits détails et ça m’aide dans ma progression. C’est la clé pour demeurer longtemps à ce niveau », a remercié Benoit qui a déjà inscrit 24 points en 66 matchs cette saison.

Cet autre exemple revient au concept de partenariat implanté par Roy et ses adjoints avec ses joueurs. À ce sujet, l’entraîneur de l’Avalanche a remémoré une anecdote pour prouver leur implication.

« Heureusement pour nous, nous n’avons pas eu à patienter longtemps pour leur prouver que nous étions avec eux dans cette aventure. Dès le premier match, je ne me souviens pas trop ce qui est arrivé, mais ça me revient rapidement quand je regarde mon chèque de paie », a-t-il blagué à propos de l’amende reçue pour son énergique colère envers Bruce Boudreau des Ducks d’Anaheim.

Roy en plein contrôle
L'expérience Roy est un succès
Une première pour Tourigny
L'impact Patrick Roy