Fleury : Une belle manière de dire au revoir et peut-être adieu!
Si Marc-André Fleury a affronté le Canadien de Montréal pour la dernière fois de sa carrière, mardi, sa victoire de 5-2, la façon dont il a protégé la cage de son équipe et la première étoile obtenue pour sa performance de mardi, bien sûr, mais aussi toutes celles qu'il a multipliées au fil de ses escales à Montréal, permettront à ce match d'occuper une place de choix dans la très belle histoire de sa carrière.
Souriant, comme toujours, plus affable – comme si c'était possible – qu'il l'a toujours été, Fleury savourait visiblement sa 545e victoire en carrière. Un gain qui le rapproche à six du total en carrière de Patrick Roy (551) et du deuxième rang dans l'histoire de la LNH derrière Martin Brodeur qui semble intouchable avec ses 691 victoires.
« C'était sensationnel! J'ai apprécié chaque minute », a convenu Fleury qui a plusieurs fois insisté sur le fait qu'il ne savait pas encore s'il venait de disputer son dernier match au Centre Bell contre l'équipe qu'il adulait quand il était gamin.
Son corps, qui aura probablement le dernier mot dans cette décision, était loin de faire les 39 ans qu'il célébrera le mois prochain.
Au contraire!
Car s'il est vrai que le Canadien est loin d'avoir canardé le « petit gars de Sorel » en se contentant de 15 tirs au cours des deux premières périodes, Fleury a eu à se signaler à quelques reprises au dernier tiers. Le plus actif du Tricolore avec 14 tirs.
Avec un arrêt spectaculaire effectué en balayant sa mitaine devant Jonhathan Kovacevic, avec un autre réalisé en superposant ses deux jambières lors d'une glissade, sans oublier le tir qu'il a bloqué avec son épaule droite appuyé sur le poteau aux dépens de Cole Caufield, un arrêt qui rappelait celui réalisé aux dépens de Nicklas Lidstrom pour confirmer sa première conquête de la coupe Stanley en 2009.
Il ne manquait qu'un plongeon lui permettant de harponner la rondelle aux dépens d'un adversaire fonçant à vive allure vers son filet pour compléter le carré d'as des styles d'arrêts qui ont permis à Fleury de briller tout au long de sa carrière. Des arrêts qui lui permettront de rapidement aller rejoindre au Temple de la renommée les autres grands gardiens qui ont marqué l'Histoire du hockey.
« J'ai appris à arrêter des rondelles de plusieurs façons », a timidement commenté le gardien après le match.
En passant, c'était la première fois depuis le 3 janvier 2006, alors que Fleury avait croisé José Théodore dans le cadre d'un affrontement Canadien-Penguins, que deux gardiens québécois se livraient un duel au Centre Bell.
« Ça démontre qu'il y a moins de gardiens québécois dans la Ligue qu'avant », a réagi la vedette du match de mardi.
Fleury! Fleury! Fleury!
Bien qu'il soit incapable de confirmer qu'il en était à son dernier match à Montréal, Fleury s'est assuré d'absorber toutes les émotions vécues lors de cette rencontre, et peut-être aussi de défiler en rafale des souvenirs heureux, avant de retraiter au vestiaire.
Après que ses coéquipiers soient venus le féliciter, Fleury a repris sa place devant sa cage. Il a étiré les bras et les jambes pour rejoindre les poteaux à sa gauche et à sa droite.
Et comme il s'apprêtait à se faufiler entre les trois derniers joueurs qui l'attendaient près de la sortie menant au vestiaire, Fleury a bifurqué. Il s'est appuyé sur ses jambières en regardant la patinoire. Il a ensuite salué la foule de sa mitaine, une foule qui a répondu avec un début d'ovation.
Un début d'ovation qui a mené à une deuxième, plus sentie celle-là, lorsque « Flower » est revenu sur la glace à titre de première étoile. Lors de ce tour d'honneur, le tout premier choix au repêchage de la cuvée 2003, a remercié la foule en frappant ses mains encore protégées par sa grosse mitaine et son bouclier avant de retraiter au vestiaire pour de bon.
« Je ne voulais pas m'éterniser sur la patinoire, mais c'est sûr que j'ai savouré ce moment-là », a reconnu le gardien québécois à qui la foule a réservé un bel hommage.
En début de rencontre, les Fleury! Fleury! Fleury! entonnés par les partisans du Canadien ressemblaient bien plus au chant larmoyant des sirènes visant à le déconcentrer. À le rendre plus vulnérable face aux tirs de leurs favoris.
En fin de match, alors qu'il était clair que Fleury avait su, comme Ulysse attaché au mât de son bateau, faire fi du chant des sirènes, les partisans ont scandé d'autres vagues de Fleury! Fleury! Fleury! Le ton et le rythme avaient totalement changé alors que les cris saccadés rappelaient les Carey! Carey! Carey! entonnés après des arrêts importants et spectaculaires de l'ancien gardien du Canadien.
Fleury a dépensé beaucoup d'argent mardi pour payer les billets des quelque 90 parents et amis venus assister à cette rencontre potentiellement historique. Sans oublier la somme promise aux coéquipiers en guise de remerciement pour une victoire.
Qu'est-ce qui a coûté le plus cher? Les billets ou la ristourne aux coéquipiers?
« C'étaient de bons investissements », que Fleury a répondu en guise d'esquive.
Fleury a aussi démontré sa vivacité d'esprit lorsqu'on lui a demandé si la rondelle du match, que son coéquipier Ryan Hartman a récupérée après le dernier coup de sirène, occupera une place de choix dans son casier ou dans sa collection personnelle. « Pas vraiment. Car si ce n'était pas mon dernier match, cette rondelle ne voudra rien dire... »
Le genre de réponse qui permet de croire que le gardien de Sorel pourrait revenir stopper les tirs du Canadien dans un match au Centre Bell. Ou ceux des clubs qui passent par Montréal pour y affronter le Tricolore! Des fois qu'il prolongerait sa carrière pour endosser l'uniforme du club de son enfance...
Chose certaine, Marcus Foligno, l'un des leaders du Wild du Minnesota, considère que Fleury peut encore guider son équipe vers la victoire. Et qu'il pourra le faire encore longtemps.
« Nous savions que ce match était important pour lui. Nous voulions tout faire pour maximiser les chances de victoires. Mais avant la partie, je me suis assuré d'aller le voir pour lui rappeler qu'il était encore très loin de la retraite et qu'il était toujours un membre important de notre club. Vous avez vu comment il a réagi devant le filet. Les quelques gros arrêts qu'il a effectués ont été salués par la foule. C'était renversant de sentir ça sur le banc. C'est le club local qui aurait dû être motivé par d'aussi bonnes occasions de marquer. Mais comme la foule était derrière notre gardien, c'est nous qui étions les plus soulevés par ses arrêts», a indiqué Foligno qui a entarté son gardien lors de l'entrevue qu'il accordait à Marc Denis après le match.
« Marc-André est un joueur de tours très actif. J'avais la chance de me venger. J'espère qu'il ne m'a pas vu », que Foligno a lancé.
Lorsqu'on lui a montré la séquence diffusée en direct sur RDS alors qu'on le voit clairement arriver derrière Fleury, Foligno a réagi d'un coup : « Je suis condamné pour le reste de l'année! »
Ça n'a toutefois pas semblé le déranger...
Le CH paralysé
Dans le cadre de ce match qui pourrait être historique pour Fleury, le Canadien est loin d'avoir offert une performance qui passera à l'histoire.
En fait, non! Le Canadien a réécrit une page grisâtre de son histoire en accordant pas seulement un, mais les deux premiers buts du match, alors qu'il profitait pourtant d'une attaque massive. Deux buts marqués par le Wild en 25 petites secondes. Une première en 14 ans.
La bonne nouvelle, c'est que le Canadien n'a pas redonné de but au Wild pendant ses autres supériorités numériques.
On se console comme on peut.
La moins bonne, c'est qu'il n'en a pas marqué (0-en-5) non plus.
Peut-être paralysés par le fait qu'ils savaient déjà que Kirby Dach ratera le reste de la saison en raison de la blessure au genou qu'il a subi, samedi, lors de la visite des Blackhawks de Chicago, les joueurs du Canadien jouaient sans âme et sans grande conviction mardi.
Pas juste en attaque massive. Une attaque massive totalement désorganisée. Prévisible sans bon sens. Facile à contrer.
Mais aussi à forces égales.
Sans oublier que le Wild a marqué ses trois autres buts alors que le Canadien se défendait à court d'un homme.
L'indiscipline affichée lors des deux premiers matchs n'avait pas encore fait mal. Ce n'était qu'une question de temps avant que cela arrive. Avec les huit supériorités numériques offertes au Wild, c'est arrivé mardi soir!