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RÉSULTATS

Des cicatrices, mais surtout, le sourire du vainqueur

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GÖTEBORG, Suède – Le sang n'était pas encore séché sous le nez de Lane Hutson quand il est sorti du couloir menant au vestiaire des Américains. Une éraflure à la commissure de ses lèvres colorait sa peau d'un ton légèrement rosé et l'éclairage dans les coulisses du Scandinavium donnait l'impression que son œil gauche était tuméfié.  

Impossible à manquer sous toutes ces cicatrices, le sourire du vainqueur. 

Le chétif défenseur n'aurait pas eu besoin de prononcer le moindre mot. Son visage racontait l'histoire du jour, celle d'une équipe qui s'est présentée en un lieu où elle n'était pas la bienvenue, mais qui a répliqué deux fois pour chaque coup qu'elle a encaissé et qui en est ressortie avec le seul argument pour lequel il n'existe aucune réplique. 

S'ils n'étaient pas négligés sur papier, les Américains l'étaient certainement dans l'estime du grand public. Dans la foule bruyante venue assister à la finale du Mondial junior, l'enthousiasme de la majorité suédoise allait de soi, mais on aurait cru que les supporteurs de toutes les nations précédemment éliminées s'étaient rangés derrière les favoris locaux. Ils peuvent être faciles à détester, ces Américains.

Les représentants de la puissance tricolore ont pris cette antipathie qui leur était dirigée et l'ont utilisée comme un miroir vers leurs bourreaux. 

Après avoir pris une avance de 3-1 grâce à deux buts d'Isaac Howard à la mi-match, les États-Unis ont été surpris par une frappe de Jonathan Lekkerimäki avec cinq secondes à faire à la deuxième période. Ce regain de vie des Suédois aurait pu les énerver. Il a eu l'effet inverse. 

Dès la deuxième minute de la troisième, le défenseur Zeev Buium a marqué sur un tir précis de la pointe. Il a célébré en se dirigeant vers la foule et en lui dirigeant un doux baiser. Le clapet des locaux était fermé. 

« Je joue avec beaucoup d'émotion. Les partisans avaient été bruyants depuis le début du match. Je me suis dit que j'allais leur redonner un peu d'amour », a dit Buium après la rencontre. 

Quand Ryan Leonard a fait 5-2 à la 57e minute, il a patiné vers le banc des siens la main droite ouverte près de son oreille, demandant à la foule ce qu'il en était de ce silence soudain. Quand son capitaine Rutger McGroarty en a ajouté dans un filet désert quelques secondes plus tard, le gardien Trey Augustine est sorti de son filet pour narguer la foule de ses bras tendus. 

« Ce n'était pas très respectueux, à mon avis, mais qu'est-ce que vous voulez que je dise? », a réagi le capitaine suédois Liam Öhgren. Ils ont gagné, alors je ne peux que les féliciter. » 

Les Américains sentaient qu'ils étaient entourés d'ennemis. C'est non seulement une dynamique qui leur plaisait, mais qui leur a permis d'offrir le meilleur d'eux-mêmes. 

« Qui n'aime pas être le vilain! », s'est exclamé McGroarty à son passage devant les caméras. « L'atmosphère était incroyable, les fans ici étaient super. C'est probablement le match le plus plaisant que j'ai joué dans toute ma vie! »

« Les huées nous ont vraiment aidés, jurait Hutson. C'est difficile de jouer dans ce genre d'environnement, mais on n'a jamais quitté notre objectif des yeux. On jouait pour quelque chose de plus grand que nous et on était déterminés à jouer de la bonne façon pour arriver à nos fins. » 

Hutson la « bête » 

Oubliez les célébrations un peu baveuses. Hutson a personnifié mieux que n'importe lequel de ses coéquipiers cet esprit de conquérant qui a permis aux États-Unis de décrocher la sixième médaille d'or de leur histoire à ce tournoi. 

Dans la dernière minute du match, les esprits se sont échauffés. Le franc-tireur américain Jimmy Snuggerud s'est retrouvé coincé entre deux rivaux, alors Hutson s'est porté volontaire pour lui prêter main forte. Sans égard à sa propre sécurité, il s'est lancé sur Anton Johansson, un défenseur de 6 pieds 4 pouces. 

Un juge de lignes les a séparés, mais quand Johansson a décidé de retourner voir Snuggerud, Hutson s'est réinvité dans l'arène. Sans casque, il s'est mis à lancer des gauches et des droites jusqu'à ce que le géant suédois se retrouve sur son dos. 

Au banc, ses coéquipiers exultaient. Sur la glace, Augustine en redemandait. 

« Les gens qui sont habitués de me voir jouer savent que ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, mais j'imagine que [les Suédois] ne digéraient pas le fait qu'on soit en train de se sauver avec le match. Je voulais juste essayer d'aider Jim. Il avait deux gars sur le dos, je n'avais pas le choix. » 

« Je ne veux pas ch*** sur la Suède, mais ça manquait de classe », a d'abord comment Buium avant de vanter les mérites de son coéquipier.

« Les gens pensaient peut-être que Lane ne serait pas de taille, mais ce gars-là est fort comme un bœuf. On savait qu'il allait gagner. »

« Lane est une bête, a crié son bon ami McGroarty. Je le répéte souvent et je le dirai toujours. Il ne recule devant rien. Ce n'est pas la taille de la bête qui compte, mais la grosseur de son cœur. C'est ça, Hutty. Il a toujours été comme ça. »

Hutson a été une bête de plus d'une façon à Göteborg. Après avoir joué pendant plus de 25 minutes la veille contre la Finlande, il a terminé la finale avec un temps d'utilisation de 27:20. Il a fini la compétition avec six mentions d'aide en sept matchs et a été élu au sein de l'équipe d'étoiles du tournoi

« Vraiment? Ah, c'est cool. Je ne le savais même pas », a-t-il répondu lorsqu'on lui a demandé un commentaire sur cette nomination, près d'une heure après la fin du match. 

À son cou pendait une médaille d'or qu'il ramènera avec lui à Boston après une nuit de célébration. C'est bien tout ce qui comptait.