La fierté des trouble-fêtes tchèques

HALIFAX – Personne dans le camp de la Tchéquie ne l'affirmera dans ces mots, mais simplement à observer les sourires illuminant les visages des joueurs, il était facile de conclure que ce qui venait de se produire allait au-delà des espérances de chacun.

À son 25e essai, cette victoire par la marque de 5 à 2 contre Équipe Canada junior était la première de la formation tchèque en temps réglementaire contre la formation 19 fois médaillée d'or du Championnat mondial des moins de 20 ans.

Il y a de cela quelques mois, en août dernier, elle avait signé un gain des plus étonnants pour exclure les États-Unis dès les quarts de finale.

Possiblement galvanisée par ce résultat, la Tchéquie n'a affiché aucun complexe face à un effectif canadien qu'on annonçait particulièrement redoutable.

Parmi les joueurs tchèques rencontrés, certains étaient conscients de cette page d'histoire. D'autres l'ignoraient.

Tous et chacun, par contre, partagaient le même sentiment de fierté.

« C'est notre première fois! C'est une immense victoire aux dépens d'une excellente équipe. Mais en même temps, j'aimerais qu'on le voit comme une récolte de trois points précieux, et qu'on continue dans cette veine dès demain », a partagé le défenseur Stanislav Svozil, auteur d'une soirée d'un but et une aide.

« Ce but qui faisait 5 à 2 pour nous, c'était un moment décisif, je crois. C'est ce qui nous a permis de croire (que ça allait se produire) », a-t-il souligné.

Špaček s'est permis une boutade envers Hinds

Le défenseur de 19 ans David Špaček, auteur du premier but de son camp dans la compétition sur une belle mise en scène de Svozil, reconnaissait que le moment est grand pour le programme tchèque.

« Je ne savais pas que nous n'avions jamais battu le Canada auparavant! (...) L'idée, c'était de jouer ensemble et de commettre le moins d'erreurs possible. C'est très gros pour notre pays, cette victoire », s'est émerveillé celui qui dispute une deuxième saison avec le Phoenix de Sherbrooke, dans la LHJMQ.

« Je dirais que c'est un trait des équipes tchèques. Lorsque notre groupe est soudé comme ça, nous croyons en nos moyens. »

Parlant du Phoenix, Špaček n'a pu s'empêcher d'échapper un rire lorsqu'on lui a demandé s'il avait échangé des politesses avec Joshua Roy et Tyson Hinds, ses coéquipiers à Sherbrooke.

« J'ai échangé quelques mots avec les gars pour plaisanter. Quand j'ai marqué, Tyson était sur la patinoire. Je me suis tourné vers lui et pour rire, je lui ai lancé : 'Mais tu étais où là-dessus? »

Un autre membre crucial de cette brigade défensive tchèque, le sixième choix au total du dernier repêchage, David Jiříček, se délectait de ce résultat étonnant... tout en ayant hâte d'aller fermer l'oeil.

Après un récit rocambolesque, incluant une escale ratée et un vol retardé, Jiříček, est arrivé à Halifax tard en soirée dimanche, sans que son équipement l'ait suivi.

« Je savoure cette victoire avec les gars. On ne l'a pas volée. Notre gardien a tout fait pour nous permettre de rester devant. [Connor Bedard] a été très bon, et nous avons eu un peu de chance (qu'il n'ait pas terminé en buts certains de ses jeux). »

Avant de repenser aux fortes émotions de la soirée tchèque, Jiříček a surtout hâte de reprendre un peu de sommeil.

« J'ai peu dormi ces derniers jours et je n'ai pas mangé de la très bonne bouffe! », a admis le sympathique athlète de 6 pieds 5 pouces, avant d'ajouter qu'il ne pouvait pas trop s'en permettre, avec un entraînement matinal à l'horaire.