Équipe Canada junior trébuche en ouverture du CMJ pour la 2e fois en 25 ans
HALIFAX – Le parcours d'Équipe Canada junior s'est amorcé sur une note aussi amère qu'inattendue, lundi, au Championnat mondial de hockey junior, alors qu'il a été surpris par la Tchéquie, 5 à 2, dans un duel du groupe A.
Ce succès signé devant une salle comble au Scotiabank Centre de Halifax était le premier de la formation slavale face aux Canadiens en temps réglementaire, à leur 25e tentative. Leur bilan était précédemment de 23-0-1.
À deux reprises, les Tchèques ont touché la cible deux fois en moins de 40 secondes pour se sauver avec une victoire qui, malgré le brio de leur gardien Tomáš Suchánek (36 arrêts), était tout de même méritée.
Par ailleurs, c'était la deuxième fois seulement en un quart de siècle d'ÉCJ perdait sa rencontre inaugurale de la compétition.
« Ce n'était pas le résultat souhaité. On s'est tiré dans le pied en se plaçant dans ses situations fâcheuses, notamment avec notre indiscipline. On ne peut se permettre de se défendre à court d'un homme à cinq ou six reprises, a résumé l'entraîneur-chef Dennis Williams.
« Je crois que nous avons joué de façon un peu trop individuelle par moments. Je nous ai vus essayer de déjouer trois ou quatre adversaires à la fois (...) Mais c'est un tournoi d'une courte durée, alors il n'est pas question de nous apitoyer sur notre sort », a-t-il ajouté.
Même si on ne peut lui reprocher le moindrement son ardeur à la tâche, le jeune prodige Connor Bedard est l'un de ceux qui ont forcé la note, tandis que son club tentait de rétrécir le fossé qui s'était créé en deuxième moitié d'affrontement.
Pressant le pas devant un déficit de trois buts, Bedard a tenté à de nombreuses reprises de traverser en entier le bloc défensif qu'on lui proposait, rendant ses actions plutôt prévisibles.
Le but refusé à Clarke a fait basculer le rythme
Après une dizaine de minutes de jeu au premier tiers, rien ne laissait présager que le ballon d'ÉCJ allait dégonfler de la sorte.
Quelques minutes après que Colton Dach eut offert au Canada sa première échappée de la soirée – le gardien tchèque a refermé ses jambières tout juste à temps pour empêcher la rondelle de pénétrer –, Équipe Canada junior s'est retrouvée sur l'attaque massive pour la première fois du tournoi, gracieuseté d'un geste d'obstruction de Gabriel Sztruc aux dépens du portier Ben Gaudreau.
La première unité canadienne n'a pas mis de temps à faire feu, alors que le capitaine Shane Wright a habilement fait dévier le tir bas d'Olen Zellweger en provenance de la pointe. Sur le jeu, l'un des deux autres joueurs d'ÉCJ ayant été prêtés par un club de la LNH, Dylan Guenther, a aussi récolté une aide.
Les favoris de la foule ont donné une nouvelle raison de festoyer lorsque le défenseur Brandt Clarke a servi un puissant tir frappé bas au portier tchèque.
Départ idéal pour les champions en titre du tournoi, donc, vous dites?
Pas si vite.
Les Tchèques ont obtenu gain de cause sur une contestation pour hors-jeu, annulant le filet réussi par Clarke après une longue période de délibération des arbitres.
Un premier vingt déjà ponctué de multiples interruptions en tous genres a ainsi continué de perdre du rythme, et c'est la cause des négligés qui a été servie par ce contexte.
Jouant d'audace en territoire canadien, les défenseurs David Špaček et Stanislav Svozil se sont tous les deux amenés profondément, près du filet de Gaudreau, et Szovil a distribué une savante passante que son compatriote a déposée avec facilité, créant l'égalité.
Seulement 35 secondes après Špaček, un autre arrière appartenant à une formation de la LHJMQ, David Movarec – des Mooseheads de Halifax, rien de moins – donnait à la Tchéquie sa première avance du match.
Cette enchaînement d'actions allait être symptomatique du reste de la performance du Canada, qui a été puni pour chaque moment d'égarement.
« Je pense qu'ils ont travaillé plus fort que nous, tout simplement, a proposé l'attaquant québécois Joshua Roy.
« On est l'équipe la plus talentueuse du tournoi à mon avis. Mais si on offre le même genre d'effort à chaque match, on va avoir le même genre de résultat (que ce soir) », a évalué l'espoir des Canadiens de Montréal, l'un des huit membres de l'équipe couronnée en août dernier à avoir été sélectionné de nouveau.
Le défenseur Olen Zellweger, également un revenant de l'édition championne à Edmonton, est allé encore plus loin.
« Ce niveau de jeu, ce n'est même pas proche de ce que cette équipe est capable de produire », a martelé l'arrière à caractère offensif et choix des Ducks d'Anaheim.
Une couverture gênante sur le 3e but
Des murmures se sont mis à meubler l'ambiance encore enjouée, bien que précaire, lorsque Svozil, laissé sans surveillance à la pointe, a eu assez de temps pour compter cinq « Mississippi » avant de décocher le lancer qui portait la marque 3 à 1.
On aurait pu être porté à croire que l'image de cette nonchalance inhabituelle allait être effacée lorsque Bedard – sans surprise le joueur canadien le plus acclamé par la foule –a ouvert son compteur, 33 secondes après le filet de Svozil.
Même si la rondelle a dévié légèrement sur la lame de bâton de son couvreur, Bedard, qui s'est amené avec vitesse sur le flanc gauche, a tiré avec suffisamment de force pour battre Suchánek dans la partie supérieure.
Désormais en déficit d'un seul but, Équipe Canada junior a retrouvé de son mordant en échec-avant durant les premières minutes suivant ce deuxième filet.
L'attaquant Zachary Dean a voulu faire sa part à ce chapitre, mais a mis trop de zèle sur la mise en échec qu'il a distribuée à Ales Cech.
Le joueur d'avant des Olympiques de Gatineau a pris place au banc des pénalités. Il n'allait toutefois pas y demeurer longtemps, puisqu'après une révision – une autre – , une pénalité majeure et une inconduite de partie lui étaient décernées, les règlements de la FIHG étant moins souples quant aux coups qu'elle juge portés à la tête.
L'entraîneur-chef canadien n'a pas manifesté son désaccord envers la sévérité de la sanction imposée à Dean.
« C'est diffcile à dire. J'ai revu la séquence plutôt rapidement. Lorsque nous sommes revenus dans le vestiaire après la deuxième, j'ai tourné la page là-dessus », a-t-il assuré.
Pendant près de quatre minutes, les quatuors canadiens en infériorité numérique ont accompli du boulot plus qu'honnête, mais les 67 secondes restantes allaient changer drastiquement le cours du match.
Pour une deuxième fois dans l'affrontement, on avait à peine le temps de cligner l'œil que la Tchéquie enfilait deux buts, cette fois à 33 secondes d'intervalle, gracieuseté de deux employés de soutien : Jaroslav Chmelař, sur un retour de lancer près du demi-cercle de Gaudreau, et Matouš Menšík.
C'en était fait de la soirée de travail de Gaudreau, battu à cinq reprises sur 17 tirs, puis remplacé par Thomas Milic.
Sans dire qu'on n'attendait plus la moindre mouche voler à ce moment dans l'enceinte des Mooseheads, on s'en rapprochait pas mal.
L'unifolié a eu beau créer sa part de belles montées et de jeux de passes bien dessinés, les tirs cadrés dangereux se sont fait plutôt rares, à l'exception du trio de Wright.
« On doit revenir à un style plus robuste. Les chances offensives qu'on générait n'étaient pas assez souvent à l'intérieur du cercle des mises en jeu. Pas assez de mouvement dans le trafic. Et plus nous tentions de faire bouger les choses, plus on s'éloignait de ça », a reconnu Williams.
Après une journée de congé mardi, le Canada affrontera l'Allemagne mercredi, tandis que la Tchéquie enchaînera dès mardi avec un rendez-vous face à l'Autriche, humiliée 11 à 0 par la Suède plus tôt durant la première journée de compétition.