Kirk Furey : « une expérience qui ne se représentera pas » pour l'Autriche
HALIFAX – De tous les intervenants qui ont mis le pied dans la zone mixte, cet espace réservé aux entretiens entre membres des médias et intervenants des équipes du CMJ, Kirk Furey est probablement l'un de ceux dont le mandat est le plus ingrat.
Depuis l'entame du Mondial junior à Halifax, l'entraîneur-chef de l'Autriche cherche du mieux qu'il le peut à tirer du positif, tandis que son effectif dépourvu de ressources se fait déclasser – ou bien se prépare à la prochaine « mornifle » qui l'attend dans le détour.
Qualifiée surprise en 2021 pour le groupe principal chez les moins de 20 ans, l'Autriche aurait possiblement vu son billet lui être retiré, si l'édition de l'hiver dernier à Edmonton n'avait pas été annulée en tout début de tournoi.
C'est donc à la recherche de la première victoire leur histoire au sein de la division A que les joueurs et entraîneurs autrichiens se sont amenés en Nouvelle-Écosse.
Mais à vrai dire, aucune des parties impliquées ne se faisait d'accroires : le match crucial dans le lot – du moins en ce qui a trait à la phase préliminaire – allait toujours être celui du 30 décembre l'opposant à l'Allemagne.
C'est à ce moment, selon toute vraisemblance, que sera décidée l'identité du pays qui disputera la ronde de relégation à compter du 2 janvier.
Mais avant de penser aux Allemands, la troupe de Kirk Furey ne peut qu'anticiper ce qui attend les jeunes athlètes qu'il dirige, dans quelques heures, face au Canada.
« Je suis excité pour les gars. Pour plusieurs, l'opportunité de vivre un tournoi comme celui-là ne se représentera pas », a-t-il lucidement déclaré, après l'entraînement matinal.
« C'est assez spécial, cette ambiance, surtout que la foule s'est éprise d'amour pour notre équipe. Elle sait apprécier que nos gars n'abandonnent pas malgré le genre de score que nous avons encaissé. »
La quête d'un premier succès n'est pas la seule qui afflige l'Autriche présentement.
Avant son troisième match de la semaine, elle n'a toujours pas un but au compteur; bien que ce soit passé près, en fin de partie contre la Tchéquie.
« C'est une pente très abrupte à monter, n'a pas cherché à se défiler Furey, qui a évolué en ligue autrichienne en tant que joueur pendant huit saisons, jusqu'en 2015.
« Il y a eu des moments difficiles dans le tournoi, et il y en aura d'autres. Mais il faut jouer malgré tout. Il faut essayer de rebâtir notre confiance. Certains vont prétendre qu'il n'y a pas de processus pour nous, mais je vous assure qu'il y en a un. Chaque jour qui passe, avec son lot de défis, est la suite de ce processus. »
Les objectifs de plusieurs des hockeyeurs qu'il dirige ne sont évidemment pas les mêmes que les représentants des grandes puissances du tournoi.
Sauf que Furey s'est donné pour mission d'inciter son groupe à profiter des moments vécus à Halifax, bien que différemment.
« Certains de nos joueurs n'avaient jamais vécu ça, de voir un enfant se présenter à l'entrée du vestiaire, et demander un autographe. Nous avons Vinzenz Rohrer [NDLR : capitaine de la formation et espoir des Canadiens] et David Reinbacher, et ces gars-là sont habitués à jouer sur la grande scène. Mais pour la grande majorité de nos jeunes, c'est une expérience nouvelle. Je leur ai mentionné avant de venir ici que la foule allait être vendue à notre cause, et elle ne nous a pas laissé tomber jusqu'ici. »
« Les gars se sont aperçus que peu importe leur provenance, les gens ici sont simplement heureux d'accueillir ce que le hockey junior a de mieux à offrir, dans leur amphithéâtre. »
Bedard, un mal de tête assuré
Il fallait voir l'expression amusée qui s'est dessinée sur le visage Furey lorsqu'on lui a demandé s'il existe la moindre stratégie pour la formation autrichienne de limiter les dégâts que causera inévitablement Connor Bedard dans quelques heures.
« Le plan, c'est de tenter de ne pas lui donner trop de temps et d'espace, a débuté Furey, avec un sourire en coin qui trahissait qu'il croyait plus ou moins à ses propres paroles.
« En vérité, ce joueur-là est carrément exceptionnel. Tu fais de ton mieux possible pour qu'il ne te fasse pas trop mal paraître, présence après présence », a-t-il suggéré.
Originaire de Glace Bay, une petite communauté située au Cap-Breton, au nord-est de la Nouvelle-Écosse, l'instructeur âgé de 46 ans a admis vivre une foule d'émotions depuis que sa formation et lui ont fait leur arrivée dans les Maritimes.
« Pour moi, personnellement, c'est une opportunité qui ne viendra pas souvent, de venir diriger à Halifax, près de l'endroit où j'ai grandi. C'est une belle fierté de savoir que des gens de ma communauté se seront déplacés pour l'occasion. Je suis certain que le match de ce soir aura une saveur particulière aussi », a-t-il reconnu.