Jan Mysak, à la sauce HP
Suivez le match entre le Rocket et les Admirals de Milwaukee avec RDS et le RDS.ca ce soir dès 19 h
LAVAL – Sous les estrades de la Place Bell se cache le refuge de Jan Mysak.
Dans un coin reculé des coulisses ceinturant la patinoire du Rocket de Laval sont accrochés une série de longs rideaux noirs délimitant une zone en « U » surplombée d'un cordage de sécurité. Au fond de ce repère, un filet qui a vécu de meilleurs jours est défendu par la silhouette d'un gardien de but de fortune. Une toile, des jambières, un bloqueur et une mitaine.
Au sol, un assemblage de tuiles de glace synthétique incite à ce qu'on y vide le contenu de la caisse de lait bleue remplie de rondelles laissée tout juste devant la cible, sans doute par Mysak. Parce que du temps, l'espoir du Canadien en passe pas mal ici.
Jan Mysak s'entraîne chaque jour à tirer sur ce filet caché dans les coulisses de la Place Bell.
Depuis qu'il a effectué son retour au jeu en février après une absence de deux mois en raison d'une entorse à une cheville, le Tchèque estime y prolonger ses séances d'entraînement de 45 minutes chaque jour. En plein cœur de sa rééducation cet hiver, les séances de tirs étaient encore plus longues, si bien qu'il peine à les chiffrer aujourd'hui.
« Deux semaines après avoir subi ma blessure, j'ai demandé s'il était possible que je puisse au moins lancer des rondelles, racontait Mysak lors d'une visite du RDS.ca en milieu de semaine. Les gars qui travaillent ici m'ont alors bâti une espèce champ de tir. J'étais super excité. »
La Place Bell étant un amphithéâtre grouillant d'activités, l'installation était toutefois éphémère.
« Ils devaient la retirer à l'occasion pendant quelque temps, parfois pendant une semaine. Mais cette semaine, je leur ai demandé s'il y avait une petite chance qu'ils me l'installent de nouveau. Ils m'ont bâti quelque chose d'encore mieux, une sorte de cage de frappeur. C'est fantastique! », s'émerveille Mysak de la gentillesse des employés de la bâtisse qui a fait les frais de quelques tirs hors-cible.
« Oui, j'ai abîmé des murs, c'est pour ça qu'ils m'ont construit une cage », rougit de gratitude l'attaquant de 20 ans.
« Les gens ici sont extraordinaires. J'ai demandé à des amis qui jouent un peu partout dans la LAH s'ils oseraient demander quelque chose du genre et ils m'ont tous répondu qu'ils ne le feraient pas. Je leur suis super reconnaissant. »
Plus musclé
Si Mysak ne peaufinait pas son lancer durant sa remise en forme, il n'était cependant pas très loin, occupé à prendre du coffre dans le gymnase.
« J'y étais tous les jours et j'y ai passé beaucoup de temps. J'ai fait beaucoup de bench press et d'exercices pour le haut du corps, avant de pouvoir recommencer à entraîner le bas de mon corps. »
Mysak, qui affichait un poids de 182 livres au moment de se rapporter au dernier camp d'entraînement du Canadien, affirme avoir ajouté 10 livres à sa masse musculaire au cours de l'hiver. À son retour au jeu le 10 février, le choix de 2e ronde du CH en 2020 (48e) a immédiatement pu en apprécier les bénéfices.
« Je vois déjà la différence, je le sens dans les batailles pour la rondelle et un peu partout sur la patinoire », assure-t-il, tout en reconnaissant que les 20 matchs précédant sa blessure n'ont pas été faciles sur le plan physique.
« Je le sentais dans les matchs que j'étais facile à frapper. Ce n'est pas un sentiment agréable quand tu te prépares à lutter pour la rondelle. C'était important pour moi d'utiliser ce temps pour gagner de la force. »
« Ça se voit qu'il est plus fort physiquement », corrobore l'entraîneur-chef du Rocket, Jean-François Houle, qui doit se résoudre à prôner la patience avec ce projet du Tricolore.
« C'est un joueur qui est encore jeune, il a une progression en avant de lui, rappelle le stratège. Tranquillement pas vite, je trouve qu'il prend un peu de galon. »
Jan Mysak
Les statistiques ne sont pour l'instant pas au rendez-vous. Avant de fréquenter l'infirmerie et les dédales de la Place Bell, l'espoir n'avait amassé que deux buts et une mention d'aide en 20 rencontres. Réinséré en douceur dans l'alignement lavallois une fois remis de sa blessure, le joueur de centre a ajouté trois passes à son dossier en 15 matchs essentiellement passés sur le quatrième trio, tantôt comme pivot, tantôt comme ailier gauche.
« C'est un joueur qui, je pense, voudrait avoir plus de points et produire un p'tit peu plus, mais vu la chaise qu'il occupe présentement, ce qui est important c'est qu'il garde ça simple, qu'il joue un bon match de hockey sur 200 pieds et qu'il ne fasse pas trop d'erreurs, recommande Houle. L'attaque, ça va peut-être venir un peu plus tard quand il va être plus vieux et qu'il aura plus d'expérience. »
« Ma récolte de points n'est pas bonne, reconnaît Mysak. Mais je ne peux que viser plus haut. Il faut que je tire davantage, que je crée plus de jeux. M'améliorer chaque jour, c'est la chose la plus importante. »
Comme Harvey-Pinard
Mysak, déjà réputé pour s'éterniser sur une patinoire à l'entraînement – « Tu pourrais l'attendre longtemps », nous prévenait la relationniste du Rocket, Frédérique Collerette, après notre demande d'entrevue mercredi matin –, pourrait donc y passer encore plus de temps d'ici la fin de la campagne et les prochaines à venir.
« Oui, je suis difficile à sortir de l'aréna. Mais j'aime vraiment ça. J'aime sentir que mon corps s'améliore. »
« Il est très passionné. Il veut travailler sa game, il veut s'améliorer, il veut faire du vidéo, il lance beaucoup de rondelles. C'est un jeune qui a la tête au hockey et c'est le fun travailler avec des gars de même. Trop de travail, c'est correct pour lui. Il aime ça », apprécie Houle de Mysak, qui affiche selon lui la même ardeur au travail qu'un de ses plus célèbres protégés.
« C'est comme avec HP (Rafaël Harvey-Pinard), c'est le genre de gars qui reste des fois peut-être un peu trop sur la glace après la pratique. Il faut aller le voir et lui dire : "Hey, relaxe un peu!". Ils sont tellement crinqués à s'améliorer que des fois il faut tirer les rênes un p'tit peu parce que c'est trop. »
« Ce n'est pas un gars qui joue des 20 minutes non plus, alors c'est correct de le laisser aller un p'tit peu, relativise Houle. Mais des fois, trop c'est comme pas assez. »
Au pire, Mysak pourra toujours se rabattre sur son filet. Son refuge.