Gérer c'est coacher et savoir s'adapter
RDS2 et le RDS.ca présenteront le match entre les Stars et les Sénateurs dès 19 h ce soir.
Qui ne se souvient pas de ce commentaire d'il y a plus ou moins une semaine de Martin St-Louis qui disait : « Moi je veux qu'ils amènent leur game dedans la game », question d'imager son style en tant qu'entraîneur? J'ai trouvé cela très intéressant.
Peu importe que ce soit une question de concept, structure ou schéma, ce commentaire aussi anodin est plus important que cela puisse paraitre. Il témoigne de ce grand changement et de la réalité entre le coaching d'aujourd'hui et celui d'hier, notamment au niveau de l'encadrement et du développement des hockeyeurs professionnels.
Il s'agit d'une facette où certains vétérans entraîneurs ont dû ajuster leur façon de faire pour demeurer dans la profession. Ceux qui se sont entêtés ont tout simplement été placés sur la voie d'évitement.
Les entraîneurs ont dû trouver une façon de s'adapter à cette nouvelle génération de joueurs, tant dans la façon qu'ils perçoivent les choses que dans leur approche. Ils doivent éviter de les dénaturer et travailler sur leurs qualités principales.
Il faut maximiser le potentiel de l'athlète, l'amener à compétitionner en fonction de ses forces, sans pour autant banaliser certaines faiblesses dans son jeu.
Certes, St-Louis (Montréal) et D.J. Smith (Ottawa) travaillent à l'heure actuelle dans deux mandats et contextes complètement différents. Le premier est dans les chaussures d'un entraîneur qui se concentre davantage sur le moyen et le long terme en s'attardant davantage sur une identité renouvelée. Il travaille sur l'implantation d'une nouvelle culture organisationnelle dans une quête d'imputabilité individuelle surtout chez les plus jeunes, eux qui représentent le futur organisationnel de la Sainte-Flanelle.
Et le second, soit Smith, est en train de faire la démonstration que gérer un club, c'est savoir coacher, mais c'est aussi savoir s'adapter à cette nouvelle réalité chez les Sénateurs d'Ottawa. L'intention de passer à un autre niveau est une chose, mais de poser les actions pour y arriver représente une autre étape en lien avec les attentes organisationnelles, et ce, contrairement aux précédentes saisons.
Une des qualités reconnues chez St-Louis, dans un contexte d'attentes modérées, est de laisser certains de ses jeunes talentueux s'exprimer et de leur laisser de la place à la créativité jusqu'à un certain niveau.
Du côté de Smith, il semble avoir bien compris la réalité qui veut que ce ne soit pas aux nouveaux arrivés (DeBrincat, Giroux, Motte) et au noyau de la formation de s'ajuster, mais plutôt à lui comme entraîneur de s'ajuster à ce qu'il a sous la main en exploitant bien les forces et l'expérience de tous.
Reconnu pour être davantage un style d'entraineur près de ses joueurs et donnant l'heure juste, le moment actuel exige une gestion et du coaching avec plus de doigté dans la clarification des rôles et responsabilités de tout un chacun. Smith se doit de faire accepter à tout le monde le plan collectif, et comme le disait si bien Alain Vigneault, il doit trouver pour « chacun sa chaise » dans la gestion des minutes de qualité.
Malgré la genèse de la saison, sans paniquer malgré deux défaites en lever de rideau, l'homme derrière le banc qui a les deux mains bien fermes sur le volant a su bien faire les choses. Sans s'alarmer, il a maintenu le cap sur sa vision des choses dans la gestion des effectifs, toujours en évitant de faire des changements pour faire des changements. Il a tant bien que mal évité de remodeler ses différents trios après avoir marqué seulement trois maigres filets lors des deux premières sorties, ce qui aurait pu aussi bien être interprété comme un geste de panique. Sa patience aura été fructueuse.
Shane PintoUn premier test d'adversité réussi
Trois victoires en autant de sorties au milieu d'une séquence de cinq parties à domicile (une première depuis 2007-2008) auront été une réponse plus que positive aux deux premières défaites. Malgré ce court échantillon, il y aura eu des buts en quantité industrielle (18 en trois parties). Ceux qui ont la responsabilité de produire l'ont fait, mais les Sens ont aussi profité d'une contribution non-négligeable des joueurs de profondeur, tant par leur engagement, leur résilience et leur implication physique que par une production offensive dans cette séquence victorieuse de la dernière semaine.
Smith compte sur une belle profondeur au sein des troisième et quatrième trios, unités complètement différentes des deux premières. Ces deux trios ont su apporter leur grain de sel et leur contribution dans certains moments critiques, notamment face aux Capitals de Washington lorsque la formation visiteuse avait pris les devants 2-0 après la première période.
Un de ceux qui a retenu l'attention au cours des derniers matchs est le jeune joueur de centre Shane Pinto, qui a marqué quatre buts à ses quatre dernières parties.
Presque absent de la compétition au cours des deux dernières saisons (17 parties seulement) en raison de la COVID-19 et d'une blessure importante la saison dernière, ce choix de deuxième ronde en 2019 (32e au total) impressionne au plus haut point.
Il démontre un bon sens des responsabilités, dans les deux sens de la patinoire, une très bonne utilisation de son bâton sur l'aspect défensif du jeu, et surtout une qualité de tir dans la zone payante assez remarquable, lui qui a une grande facilité de trouver les espaces libres en territoire adverse.
Une valeur ajoutée qui reflète bien une des forces premières de la formation ottavienne dans la ligne de centre pour les saisons à venir avec les jeunes Josh Norris (23 ans), Tim Stützle (20 ans), Shane Pinto (21 ans), et l'énergique Mark Kastelic (23 ans). Ce dernier apporte sa saveur dans une dimension complètement opposée grâce à son style papier sablé, lui qui tire un malin plaisir à déranger l'adversaire soir après soir.
Alex DeBrincat et Josh NorrisAlex DeBrincat se fait-il attendre? Oui et non...
Quand ça va mal pour les marqueurs, ils ont tendance à « surjouer » et forcer les choses, par manque de confiance souvent.
Les marqueurs naturels du meilleur circuit de hockey au monde comme les Ovechkin, Stamkos, Matthews et Pastrnak, ont compris assez rapidement que de maximiser les tirs au filet représente une des raisons de leur succès. Oui, principalement en raison de la qualité de leur tir, mais au volume, plus ils tirent plus ils ont de chance de marquer. Ils ont aussi une facilité à trouver les espaces libres et bénéficient d'un temps de qualité sur l'avantage numérique, qui représente souvent jusqu'à 40-50% de leur production offensive.
Joueur autonome avec compensation à la fin de la présente saison, Alex DeBrincat, qui a marqué 41 buts en 2018-2019 et 41 buts en 2021-2022, doit demeurer patient, car il semble toujours être en période d'adaptation dans son nouvel environnement. Et il sait aussi que les attentes envers lui sont grandes!
On remarque qu'il tient son bâton un peu plus serré, qu'il précipite souvent l'action, lui qui a marqué un but et ajouté quatre passes en cinq parties, ce qui est loin d'être mauvais. Or, il démontre certains signes d'impatience. Il sait qu'il se retrouve avec une formation assez bien nantie offensivement, contrairement aux précédentes saisons chez les Sénateurs, et que certains autres ont aussi cette capacité de finir le jeu au filet, mais on comprend qu'il veut faire bouger les cordages.
Servi par une bonne éthique de travail et un fort désir de compétitionner et de se surpasser, d'après moi ce n'est qu'une question de temps avant que DeBrincat s'acclimate pleinement à ses nouveaux coéquipiers, retrouve ses repères et fasse honneur à sa réputation de marqueur figurant parmi l'élite de la Ligue nationale.
Bonne semaine de hockey!