Mondial junior : un beau détour dans l'itinéraire de Nathan Gaucher

EDMONTON – Depuis qu'il était devenu le premier Québécois sélectionné au repêchage de la LNH le mois dernier à Montréal, la chronologie avait toujours été claire dans la tête de Nathan Gaucher. Il participerait au camp de développement des Ducks d'Anaheim, il se rendrait à Calgary pour le camp d'évaluation de Hockey Canada, puis il reviendrait à la maison pour se préparer tranquillement pour la prochaine saison des Remparts de Québec.

À la dernière minute, un détour vers le nord de l'Alberta s'est immiscé dans son itinéraire.

D'abord convié à rejoindre le groupe qui est provisoirement considéré pour participer à l'édition 2023 du Mondial junior, Gaucher a appris que la sélection nationale avait d'autres plans pour lui. « Deux semaines avant le début du tournoi » qui s'amorce aujourd'hui à Edmonton, on lui a offert l'une des places laissées vacantes par les forfaits d'une poignée de vétérans qui avaient participé à la version avortée de la compétition en décembre.

« J'avais des petits frissons, a admis Gaucher lundi soir en se remémorant cette annonce inattendue. C'est sûr que j'y pensais parce que je savais que certains joueurs ne reviendraient pas. Tu y penses, mais moi dans ma tête, je m'en allais juste au camp! Je m'en venais faire ma place pour celui de décembre. Je savais que j'avais bien fait au camp estival en 2021, je me disais que j'avais laissé une bonne carte de visite. Mais à part ça, je n'avais pas trop de pensées par rapport à ça. »

Rapidement, l'attaquant de 18 ans a dû effectuer quelques petits réglages mentaux et envoyer le signal à ses jambes que la fin de l'été arriverait un peu plus tôt que prévu.

« Généralement, on a comme cinq ou six matchs hors-concours et un bon mois de préparation [avant le début d'une saison]. Là, on avait une semaine. C'est difficile de changer son état d'esprit, de dire "ok, je ne suis plus dans le hockey d'été". Tu arrives ici et il faut vraiment que ça soit du hockey solide. Mais justement, je crois que c'est une des forces de notre équipe. Ça a été facile d'arriver et de se rentrer dans la tête que là, c'était le temps de jouer un tournoi. »

Après Connor Bedard, Gaucher sera le deuxième plus jeune joueur à la disposition de l'entraîneur-chef Dave Cameron, qui dirigera une formation malgré tout expérimentée. Quinze des membres de l'édition reconstruite d'ÉCJ sont nés en 2002. Dix-sept étaient aussi là en décembre dernier.

L'apport de ces vétérans a d'ailleurs été vitale, admet Gaucher, pour permettre à cette nouvelle mouture d'entreprendre son mandat avec les idées claires.

« On posait beaucoup de questions, nous autres, on était impressionnés. On arrive ici, on est installés dans le vestiaire des Oilers, c'est incroyable. Moi c'est mon premier Mondial junior, il y avait un peu de nervosité. Ils te calment un peu au début, ils te disent que c'est normal d'être nerveux. Et puis ils t'embarquent dans le bateau. [Mason] McTavish, c'est un très bon capitaine. Il nous a aidés à nous sentir inclus dans le groupe. »

Lors du premier et seul match préparatoire d'Équipe Canada, contre la Suède, Gaucher a été placé sur le quatrième trio avec Elliot Desnoyers et Will Cuylle. Son temps de glace a été quelque peu limité dans les 40 premières minutes en raison des nombreuses pénalités décernées aux deux équipes, mais Cameron a commencé à l'utiliser en désavantage numérique – l'une de ses spécialités dans la LHJMQ – à la fin du deuxième tiers et ses tours sur la patinoire ont été plus réguliers en troisième période.

Joueur de centre naturel, il a été utilisé à l'aile droite. Il a terminé la rencontre avec un but et quelques bons coups d'épaule.

« Je vais être un joueur qui va donner de l'énergie à l'équipe. Avec Elliot et Cuylle, on est des gros bonhommes capables de patiner. On veut être capables de créer des revirements et, en boni, marquer des buts si on peut. »  

Sa marge d'erreur sera toutefois mince. Contre la Suède, Zack Ostapchuk a offert une solide performance après avoir été identifié comme le 13^e attaquant de l'équipe avant la rencontre. Il sera intéressant de suivre la progression de Gaucher sur l'échiquier canadien à mesure que la compétition prendra de l'âge.

« Il y a tellement de talent, tellement de bons joueurs. Il n'y a jamais un "spot" de garanti, réalise le colosse de 6 pieds 3 pouces. Il faut tout le temps que tu travailles, tout le temps que tu prouves que, justement, tu as ta place dans la formation. C'est ce que je vais faire chaque soir. »