Une lettre, un filet, puis des trophées

MONTRÉAL – La lettre était écrite à la main. La calligraphie laissait peut-être à désirer, mais déjà, Samuel Richard était charmé.

« Je ne m'attendais pas à ça », raconte le gardien des Reds de l'Université du Nouveau-Brunswick (UNB) de son premier contact avec l'entraîneur-chef Gardiner MacDougall.

À l'époque, en 2021, Richard s'apprêtait à amorcer sa dernière saison devant le filet des Huskies de Rouyn-Noranda de la LHJMQ.

« Son écriture n'était peut-être pas la plus lisible, mais le message était assez simple. Il me disait juste d'avoir une bonne saison et que UNB allait garder un œil sur mes performances. »

Peu après, le portier alors âgé de 20 ans était invité, tous frais payés, à passer une journée à Fredericton aux côtés de MacDougall, le sympathique moustachu qui le temps d'un tournoi a mené les Sea Dogs de Saint John à la conquête de la dernière coupe Memorial.

« Il m'a fait visiter tout le campus, il m'a fait rencontrer les joueurs. Il m'a expliqué vraiment la culture, toute l'histoire de UNB. Il a un charme assez fort pour te convaincre de faire partie de cette histoire-là. »

Un an et demi plus tard, Richard en fait non seulement partie, il l'a marquée.

Dimanche, il a aidé les Reds à blanchir les Golden Bears de l'Université de l'Alberta 3-0 en finale de la Coupe U Sports, le championnat universitaire canadien. Repoussant les 17 lancers de ses opposants, Richard a alors signé un blanchissage et une troisième victoire en autant de matchs dans le tournoi, raflant au passage le titre de joueur par excellence de la compétition.

Des habitués aux grands honneurs, les Reds ont ainsi été sacrés champions canadiens pour la quatrième fois en six tournois et pour la neuvième fois de leur histoire.

« En signant avec UNB, mon but premier c'était de gagner un Nationals. En visitant [le campus], j'ai ressenti la culture que UNB dégage et l'excellence qu'ils recherchent. Je croyais en nos chances de gagner dès cette année. On avait un groupe assez spécial et ça se voyait tout au long de la saison. »

Éliminés en quarts de finale l'an dernier, les Reds ont greffé 12 recrues à leur formation cette saison, dont Richard et les attaquants québécois Simon Pinard et Benjamin Corbeil. Portés par des vétérans désireux de se racheter et des joueurs de première année d'impact, notamment Pinard qui a été le troisième meilleur buteur au pays (19), les Reds ont d'abord survolé le calendrier régulier avant d'accéder au Championnat canadien à titre de champions de l'Atlantic University Sports (AUS).

« On voulait gagner pour les finissants », indiquait Richard, mardi, au RDS.ca.

Contre les Stingers de l'Université Concordia en quarts de finale, les Reds ont d'abord arraché un gain de 2-1 aux coriaces Montréalais, qu'ils ont toutefois limités à 14 lancers au cours de la rencontre.

« C'était peut-être l'effet d'arriver aux Nationals pour la première fois ou encore le fait que c'était notre première game, mais juste de passer à travers ça, on était confiants pour le reste [du tournoi]. »

En demi-finale, contre les Patriotes de l'UQTR, la confiance des Néo-Brunswickois sautait aux yeux. Dès la 16^e seconde de jeu, ils menaient 1-0 contre les champions canadiens en titre, filant tout droit vers un gain de 6-3 leur assurant une place en finale contre les finalistes de l'an dernier, les Golden Bears.

Samuel Richard

Richard et ses coéquipiers réservaient le meilleur pour la fin. Après une première période sans but de part et d'autre, les Reds ont brisé l'impasse au deuxième vingt avant d'ajouter deux buts au dernier tiers et de limiter leurs rivaux à deux petits lancers.

« Les gars ont vraiment fermé ça », analyse Richard, concédant qu'il doit une large part de son titre de joueur par excellence au brio de sa brigade défensive tout au long de la fin de semaine.

« Je n'ai jamais vu des gars bloquer des lancers autant que ça, c'était incroyable. Les gars étaient tellement impliqués défensivement, ils voulaient tellement gagner. Il y avait deux gars devant moi qui voulaient bloquer la shot, puis il y avait moi. C'était vraiment fou. »

Ce dévouement n'est certes pas étranger non plus au titre de recrue par excellence au Canada que Richard a raflé avant le début du tournoi. Avec 18 victoires à son dossier (18-4), le gardien originaire de Sainte-Catherine a fait mieux que tous ses autres confrères à évoluer dans le circuit U Sports. Sa moyenne de buts alloués de 1,59 n'a également pas eu d'égal, alors que son taux d'efficacité de ,933 le plaçait au troisième rang à l'échelle nationale au terme de la saison régulière.

Une campagne qu'il a pourtant amorcée sans garantie à sa sortie des rangs juniors et d'un camp de développement avec les Canucks de Vancouver. Une opération majeure subie par le vétéran gardien Griffen Outhouse durant la saison morte lui a toutefois ouvert la porte en début de calendrier.

« Je n'avais pas vraiment d'attente, mon but c'était vraiment d'essayer de gagner le plus de matchs possible et d'arrêter la puck du mieux que je le pouvais. Ç'a bien été. Alors, quand tout le monde était en santé, j'ai eu la chance de pouvoir garder mon net et continuer à jouer. »

Au retour d'Outhouse au mois de décembre, Richard a en effet gardé possession du demi-cercle des Reds. Et avec encore quelques saisons devant lui, l'étudiant en ingénierie n'est pas près de s'en éloigner, et ce même s'il ne crache pas sur une carrière professionnelle dans un avenir plus ou moins lointain.

« J'ai toujours une petite porte ouverte, mais c'est sûr que j'ai l'intention de finir mon baccalauréat en ingénierie avant. Et pour ça, il faut que je reste une couple d'années de plus. »

Bref, il n'a peut-être pas fini d'ajouter à la glorieuse histoire des Reds.

« Je pense qu'à chaque année, on va avoir une chance de se rendre loin, c'est sûr. »

Les Reds de l'Université du Nouveau-Brunswick célébrant leur championnat U Sports de 2023.