Sous pression, le CIO discute d'une réintégration des Russes
LAUSANNE, Suisse - Pressé de clarifier sa position, le Comité international olympique (CIO) discute mardi d'un retour des Russes et Bélarusses dans les compétitions internationales, une éventualité qui suscite des tensions diplomatiques à l'approche de JO 2024 à Paris, dont les qualifications ont débuté pour certaines disciplines.
Jusqu'à quand l'instance olympique peut-elle tergiverser, elle qui a annoncé dès décembre dernier « explorer des moyens » de ramener les bannis dans le giron du sport mondial, après avoir recommandé leur exclusion fin février 2022 en raison de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe?
Officiellement, la commission exécutive du CIO, qui tiendra un point de presse en après-midi, prévoit simplement de « passer en revue les conclusions et réactions enregistrées à l'issue de plusieurs consultations téléphoniques » avec ses propres membres, les comités nationaux olympiques (CNO), les fédérations internationales (FI) et les représentations des athlètes.
Sur les trois points à l'agenda, deux ne font aucun doute: les « sanctions à l'encontre de la Russie et du Bélarus », c'est-à-dire l'interdiction des symboles officiels des deux pays ainsi que des compétitions internationales sur leur sol, seront réaffirmées, tout comme la « solidarité », notamment financière, avec les sportifs ukrainiens.
Sous bannière neutre
Le suspense porte sur l'éventuelle levée des « mesures protectrices » à l'égard des sportifs des deux pays, c'est-à-dire leur exclusion de la plupart des compétitions en raison, selon l'argumentaire du CIO, de l'hostilité que suscite leur présence et de la menace qu'elle fait peser sur la bonne tenue des épreuves.
Pour l'organisation olympique, cette mise au ban ne peut s'éterniser: « aucun athlète ne devrait être interdit de compétition sur la seule base de son passeport », martèle le CIO depuis plusieurs mois, s'appuyant entre autres sur l'avis de deux expertes des Nations unies.
L'instance basée à Lausanne a donc balisé la voie du retour dès janvier: pour peu qu'ils n'aient « pas activement soutenu la guerre en Ukraine », un critère qui s'annonce délicat à apprécier, Russes et Bélarusses pourraient de nouveau concourir « sous bannière neutre ».
Mais quand? Le CIO, qui entend consulter le monde olympique aussi longtemps qu'il le faudra, n'a donné aucune échéance, et affirme par ailleurs que les fédérations internationales (FI) demeurent les « seules autorités » régissant leurs épreuves.
Sauf que l'organisation olympique avait su trancher sans ambiguïté à l'heure d'exclure les Russes et Bélarusses l'an dernier, et qu'à moins de 500 jours des JO de Paris, tout le monde attend de savoir s'ils pourront y participer.
Menaces de boycott
Laissées dans le flou, les fédérations internationales s'emparent de la question en ordre dispersé: jeudi dernier, celle d'athlétisme a confirmé l'exclusion « dans un futur proche » des sportifs des deux pays, alors même que ses épreuves qualificatives pour les prochains Jeux ont débuté.
À l'inverse, l'escrime est devenue le 10 mars le premier sport olympique à les réintégrer à partir d'avril, début de sa période de qualification, « sous réserve d'éventuelles recommandations/décisions futures du CIO ».
Or, les premières réactions ont illustré l'ampleur des difficultés à surmonter avant d'envoyer Russes et Bélarusses aux JO 2024, alors qu'une trentaine de pays, dont la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et le Canada, ont réclamé au CIO des « clarifications » à ce sujet.
Jeudi dernier, la Fédération allemande d'escrime a ainsi renoncé à l'organisation de l'étape de Coupe du monde de fleuret féminin prévue début mai à Tauberbischofsheim, jugeant qu'il restait « trop de questions ouvertes » sur la réintégration des tireuses exclues.
Quelques jours plus tard, la Fédération ukrainienne de la discipline annonçait qu'elle boycotterait toute compétition dans laquelle des sportifs russes et bélarusses seraient engagés, une menace qui plane d'ores et déjà sur les JO 2024 de la part de l'Ukraine comme de la Pologne et des pays baltes.