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À la maison, entre soulagement et réalisme

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MONTRÉAL – La semaine qui a commencé par une éclipse solaire totale se terminera par un événement tout aussi rare : un match à domicile pour le CF Montréal.

La qualité du jeu offert dernièrement par le onze montréalais suggère qu'il était temps. Depuis qu'il a franchi le point médian de la séquence de six matchs qui servait de rampe de lancement à sa saison, l'Impact joue comme une équipe épuisée mentalement. Il s'est effondré de façon dramatique à Chicago, a manqué de solutions à Washington et a carrément brandi le drapeau blanc à Seattle.

Les discours optimistes de Laurent Courtois, qui préférait voir dans cette amorce atypique une occasion unique de tisser des liens et de couler la fondation d'un excitant projet, n'ont plus l'air de faire battre le cœur de ses protégés. Ce groupe fier qui vivait dans ses valises depuis la mi-janvier est dû pour un retour à la normalité.

C'est ce qu'offrira le match de samedi, le premier de la saison à domicile, contre le FC Cincinnati.

« Ça fait beaucoup de bien, approuve Samuel Piette, le soulagement dans la voix. Beaucoup de bien de pouvoir rester à la maison, d'avoir un voyage très court de la maison [au Centre Nutrilait] pour venir manger, avoir notre meeting et ensuite partir pour le Stade Saputo. Ça fait du bien physiquement, c'est sûr, mais beaucoup plus je pense mentalement, pour tout le monde. »

« Je comprends maintenant à quel point jouer six matchs de suite sur la route s'avère extrêmement difficile, convient Ariel Lassiter. C'était une première pour moi depuis le début de ma carrière en MLS et j'ai trouvé ça dur. Ça a certainement joué un rôle [dans nos insuccès]. On est un groupe sérieux, professionnel. On veut gagner chaque fois qu'on saute sur le terrain, peu importe où et contre qui. Mais je sais que nous sommes tous très heureux d'être de retour à la maison. »

Piette affirme toutefois que la fatigue mentale n'excuse pas tout. Au cours de cette séquence active de trois revers, le CF Montréal a été indiscipliné (il a terminé deux matchs à 10 joueurs), nonchalant (« tu dois montrer de l'honneur », a dit le capitaine au sujet de la deuxième demie à Seattle) et a parfois semblé mal préparé. Tout mettre sur le dos d'un calendrier trop exigeant serait une invitation à la complaisance qui ne serait profitable à personne.

Le milieu de terrain québécois a d'ailleurs décrit la raclée subie à Seattle comme un « très bon wake-up call » qui arrive « à un bon moment ».

Perspective

Le contexte se prête tout aussi bien à un appel au calme. Autant il aurait été irresponsable d'inclure Montréal parmi l'élite après ses trois premiers déplacements, autant il serait déraisonnable de le croire voué à l'échec après autant de défaites.

Même si le terrain offre des signes de stagnation, le discours à la mode après la victoire à Miami tient toujours : le Bleu-blanc-noir a presque récolté autant de points sur la route que durant toute la saison 2023 et les premiers bourgeons viennent à peine d'apparaître aux branches des arbres de la métropole.

« C'est sûr que tout de suite après le match, tu viens de te prendre un 5-0, t'es dans l'avion, t'es déçu, t'es fâché, t'as toutes ces émotions négatives, dit Piette. Mais il faut remettre tout ça en perspective quand même. En tout cas, c'est notre devoir. Au final, ce n'est que sept points où on aurait pu en prendre un peu plus, mais c'est sûr que si tu m'avais demandé, avant six matchs à l'étranger et un mois et demi de préparation sur la route, si j'aurais pris sept points, en toute honnêteté, je t'aurais dit oui. »

Présentement, la moyenne de 1,17 point par match du CF Montréal le place dans le deuxième tiers des équipes de l'Association Est. Son différentiel de -5 est aussi plus encourageant que le -12 qu'il traînait au même stade la saison dernière.

Piette a rappelé mercredi que bien que les nombreuses journées passées à l'étranger ont accéléré la familiarisation de chacun avec son entourage, « ça ne fait que trois mois qu'on est ensemble. Il y a des choses qui vont prendre du temps. »

Patience

Au-delà du résultat qu'il décrochera, on se demande surtout de quoi aura l'air cette première version du CFM à la sauce locale.

Depuis le début de la saison, Laurent Courtois a usé de pragmatisme en mettant sur la glace certains des concepts qu'il tentait d'inculquer à ses troupes durant le camp d'entraînement. Le jeu court n'a pas coloré sa construction offensive autant que le travail en présaison ne le laissait présager, son pressing et son travail en récupération n'ont pas été aussi agressifs qu'anticipé et sa gestion des matchs a davantage été basée sur la contre-attaque que sur la préservation de la possession.

En dosant ainsi l'assimilation de ses enseignements et en laissant à ses hôtes le soin de faire le jeu, Courtois a donné de meilleures chances à ses joueurs d'être compétitifs et de viser des résultats contre des adversaires mieux rodés.

L'Impact qui s'installe à la maison pour ses deux prochains matchs sera-t-il plus collé à la vision de son nouvel entraîneur? Samuel Piette répond « oui », mais encore une fois en apportant certains bémols.

« C'est sûr que quand t'es à la maison, t'es dans le confort, t'es peut-être un peu plus à l'aise de prendre des risques avec le style de jeu que tu veux jouer. Après, il faut être conscient que même si c'est un match à domicile, pour certains, tout est encore nouveau. »

« Je ne dis pas que le match contre Cincinnati va être parfait, qu'on va avoir 90% de la possession et qu'on va épater la foule, mais c'est ce qu'on essaye de faire. Je pense qu'il y a des trucs qui vont prendre un peu plus de temps et d'autres qu'on est capables d'effectuer dès maintenant. On a eu quelques aperçus ici et là dans les matchs précédents. Mais il faut encore une fois réaliser qu'on n'a que six matchs ensemble et que tout ça, c'est un processus pour le long terme. »