Juste à temps, le CF Montréal a trouvé son « X »
MONTRÉAL – Pour quiconque a moindrement suivi l'histoire de l'Impact de Montréal en MLS, l'idée d'être témoin d'une victoire de l'équipe à Atlanta, dans n'importe quel contexte, avait déjà quelque chose d'extraordinaire. Celle qui s'est concrétisée sous nos yeux mercredi relève carrément du surréel.
Non pas que l'adversaire en face était particulièrement inatteignable, au contraire. L'Atlanta United FC n'est plus la puissance qu'elle a jadis été. Pour une rare fois depuis son avènement en MLS, son alignement est dénué de véritables vedettes. Sa forme du moment était plutôt médiocres. Sa défaite contre les visiteurs montréalais a d'ailleurs donné une sérieuse jambette à ses espoirs de jouer en séries cet automne.
En gardant en tête ses déboires historiques en Géorgie, c'est en repensant à son passé tout récent que le dernier résultat en liste du CF Montréal éberlue.
Cette équipe invaincue en cinq matchs, qui a prévalu avec flegme dans un environnement où elle avait toujours semblé victime d'un mauvais sort et qui a maintenant une semelle dans les éliminatoires, apparaissait il y a à peine un mois en totale perdition.
Laurent Courtois s'évertue à dire depuis des semaines que rien dans le contenu et la transmission du message n'a changé. Mais dans l'exécution, l'attitude et surtout les résultats, force est de constater qu'il y avait la nuit et qu'il y a maintenant le jour.
Samuel Piette l'a reconnu sans détour après le match contre Atlanta quand le collègue de TSN Jon Still lui a posé cette question toute simple : qu'est-ce qui a changé?
« Je crois qu'on a retrouvé le plaisir de jouer ensemble, de jouer l'un pour l'autre, a proposé le vétéran. Avant, chacun individuellement essayait de faire de son mieux en se concentrant sur ses propres performances. Aujourd'hui, on a l'air et on se sent davantage comme une équipe. »
Exposé aux mots de son capitaine, Courtois s'est montré plus diplomatique. « C'est facile, c'est l'humain. On a tous tendance, quand ça va mal, ça va très mal. Quand ça va bien, ça va très bien. Je nuance un peu ça en disant que les gars continuaient de travailler très bien aux entraînements. [...] Mais c'est vrai qu'en ce moment ça semble plus fluide c'est sûr. »
« Parfois, c'est juste difficile à expliquer, a avoué le défenseur George Campbell. L'année dernière, les médias avaient les mêmes questions, on nous demandait pourquoi notre saison était comme des montagnes russes. À certains moments, même nous ne le comprend pas. En ce qui concerne [ce qui se passe depuis un mois], je crois qu'on en a juste eu assez de perdre. »
« C'est normal dans une saison d'avoir des hauts et des bas, a relativisé le gardien Jonathan Sirois. Cette saison, c'est la première année avec un nouveau coach, on apprenait un nouveau système. Je pense qu'au début de l'année, on était un peu plus conservateur pour justement commencer l'année sur la route et essayer de récolter des points, ce qui a très bien marché. Après ça a été de trouver notre "X" tout au long de l'année. »
« S'adapter au système, aux demandes du coach, des fois ça varie, a continué Sirois, pertinent comme à son habitude. C'est de trouver aussi une constance personnelle pour chaque joueur dans nos performances. Je pense que ça a été ça le plus dur cette année. On a eu trop d'inconstance individuellement, ce qui faisait en sorte que collectivement c'était difficile d'avoir une certaine chimie sur le terrain. En ce moment c'est exactement ça. Chaque joueur fait ce qu'il doit faire, ce qui fait en sorte que collectivement, on est très fort ensemble. »
Le prédateur est devenu la proie
Pendant des semaines, le CF Montréal a tenté de s'extraire du lot dans une lutte qui semblait perdue d'avance pour une place en séries. Sa victoire de mercredi, combinée aux défaites de ses plus sérieux concurrents, a inversé les rôles.
Désormais détenteur du huitième rang dans l'Est, avec en prime un coussin de trois points qui le sépare de son plus proche poursuivant, le Bleu-Blanc-Noir peut respirer un peu. Il ferait toutefois erreur de se croire à l'abri et de relâcher sa garde.
« Le plus important, c'est de ne pas tomber dans la complaisance, approuve Sirois. On ne peut pas se sentir trop à l'aise parce qu'on sait que tout peut changer avec un seul match. J'aimerais qu'on aborde le prochain match en se disant qu'on peut viser le septième rang [dans l'Est], faire en sorte qu'il soit atteignable au dernier jour de la saison. C'est aussi possible d'assurer notre qualification pour les séries dès demain. C'est la mentalité qu'on doit avoir parce qu'on sait qu'il y a des équipes juste derrière nous qui n'attendent qu'on se plante. »
Campbell abondait dans le même sens que son gardien : « On ne peut pas tomber dans l'excès de confiance ou dans l'arrogance. En même temps, on doit garder en tête qu'on est une bonne équipe et qu'on peut être compétitif contre n'importe quel adversaire. Notre approche doit être exactement la même que dans les derniers matchs. »
« Je ne sais pas si le fait d'être où on est, ça change grand-chose, si ce n'est l'urgence d'aller forcer les choses. On est moins dans cette urgence-là, reconnaît Courtois. Mais si on ne met pas les ingrédients basiques, on va être en difficulté. »