Mettre la table pour la rentrée
La fin de semaine dernière à Vancouver, le CF Montréal avait une opportunité de remporter un deuxième match de suite et donner un véritable envol à sa saison. Cet espoir s'est rapidement envolé en début de match avec la sortie sur blessure de Samuel Piette et l'expulsion de Rudy Camacho.
Une semaine plus tard, l'objectif est beaucoup plus modeste... stopper l'hémorragie.
Le déplacement en Nouvelle-Angleterre (3e dans l'Est) s'avère compliqué pour la bande d'Hernan Losada (15e) qui aimerait bien préparer son match d'ouverture au Stade Saputo avec de deux victoires et quatre défaites plutôt qu'une fiche inquiétante d'un seul gain et cinq revers.
Pas plus qu'ailleurs?
Au-delà du nombre de joueurs qui ont franchi la porte de l'infirmerie, c'est le manque d'unité dans le discours entourant les blessés qui me laisse perplexe.
D'un côté, le directeur technique dit que les blessés sont un problème sur lequel le staff doit se pencher. Le préparateur physique abondait dans le même sens la semaine dernière en confirmant que des ajustements ont été apportés dans la méthode de travail.
De l'autre, le coach affirme que le CF Montréal « n'a pas plus de blessés que le reste des équipes ». Ironiquement, ces propos précédaient l'annonce d'une absence prolongée (6-8 semaines) pour son capitaine.
À pareille date l'an dernier, les relances de derrière coûtaient cher au XI Montréalais. Malgré ces moments difficiles, tout le monde restait sur la même longueur d'onde.
D'Olivier Renard à Wilfried Nancy, en passant par les joueurs, tout le monde tenait le même discours. Peu importe le nombre de questions posées sur le sujet, on revenait toujours à une version de « on doit mieux gérer le risque, mais c'est notre identité et on n'en dérogera pas ».
Dans le dossier des blessures, le spectre est un brin plus large. Quand on lit entre les lignes, ça va de « il y a un problème » à « il n'y pas vraiment de problème ».
Ce manque d'alignement dans le discours est surprenant. Surtout pour un club qui a démontré une grande unité en ce sens ces dernières années.
Je comprends Losada de vouloir rester patient et ne pas jeter d'huile sur le feu. Il est toutefois important d'éviter la pensée magique ou de jouer à l'autruche. Les blessures sont un problème indéniable qui affecte sans arrêt des joueurs clés de l'équipe depuis près de deux mois.
Avec les investissements limités de l'entre-saison, ce contexte place le club dans une situation très précaire.
Sans y remédier, la saison pourrait être très longue.
Victor Wanyama
Face au Revolution, Montréal devra non seulement se débrouiller sans Piette, mais il sera également privé de son quart-arrière, Rudy Camacho étant suspendu après son expulsion à Vancouver.
Victor Wanyama a peut-être réduit son salaire de moitié, mais il reste le joueur le plus dispendieux de l'équipe. Il est aussi le seul joueur désigné de l'effectif montréalais. Des matchs comme celui-ci offrent une magnifique opportunité de justifier ce statut unique.
Le moment serait fort bien choisi pour que le Kényan connaisse son premier match référence de l'année. À l'image du groupe, Wanyama vivote depuis le début de la saison. Il a présenté quelques bons flashs par-ci par-là, mais il ne s'est jamais élevé du lot sur un match entier.
Le XI Montréalais vit sa période la plus difficile depuis 2020. Il a besoin d'inspiration, de leadership et de lucidité avec le ballon. Bref, toutes les qualités qu'apporte Wanyama dans un bon jour.
Vitesse défense
Lors de la défaite à Vancouver, la défense montréalaise a très mal paru. Losada avait tout à fait raison d'être frustré en voyant les Whitecaps se créer un maximum d'occasions avec un minimum d'effort.
Il serait cependant réducteur d'isoler la défense comme seule variable défaillante.
Il est clair que le trio défensif doit mieux anticiper les longs ballons joués dans son dos. Cela dit, c'est le travail à la source qui est encore plus important.
D'une part, en pressant mieux l'adversaire, l'empêchant de lever la tête et tenter ces longs ballons. D'autre part, en perdant moins bêtement la possession.
Au cours des cinq premiers matchs, Montréal a trop souvent joué une seule passe à la fois. Il n'y a pas assez de suite dans les idées du groupe, pas suffisamment d'automatismes. À chaque passe, on a le sentiment de voir les joueurs réfléchir à la prochaine étape.
Dans pareilles circonstances, les hommes en charge d'équilibrer le jeu sont pris entre deux chaises et le doute s'installe. Si ton travail est d'assurer la couverture en cas de perte de balle, tu dois savoir où le jeu s'en va. C'est ce qui te permet de savoir où l'équipe sera vulnérable.
En ce moment, les patrons de jeu sont très imprévisibles, ce qui prend souvent la défense au dépourvu et la fait mal paraître.
Avec les absents et la dégelée en Colombie-Britannique, un match nul en Nouvelle-Angleterre serait un succès. Ce serait une maigre récolte au classement, mais ça mettrait bien la table pour la rentrée au Stade Saputo à la 8e journée.
Au-delà des points, c'est un sentiment de progression que les hommes d'Hernan Losada doivent ramener à la maison. Peu importe le résultat, on doit pouvoir mieux cerner à quoi veut ressembler cette nouvelle mouture du CF Montréal.