Quel sera le visage du CF Montréal en 2023?

MONTRÉAL – Dans le chaos qui s'est invité sur la pelouse du Stade Saputo après que le rideau soit tombé sur la saison du CF Montréal, Djordje Mihailovic peinait à sécher ses larmes malgré les mots de consolation de Wilfried Nancy. Vendu au club néerlandais AZ Alkmaar, il portera d'autres couleurs l'an prochain.

Non loin de là, la tête enfouie entre les genoux pour camoufler ses sanglots, Ismaël Koné était conforté par le vétéran Kei Kamara. Des clubs anglais l'ont courtisé cet été et reviendront sans doute à la charge durant l'hiver.

Kamara, dont l'acquisition s'est avérée providentielle en début d'année, aura 38 ans lorsque s'amorcera la prochaine saison. Que restera-t-il dans ces jambes qui viennent de fournir neuf buts et sept passes décisives?

Alistair Johnston et Kamal Miller profiteront d'une vitrine incomparable afin d'exposer leur talent et leur potentiel en participant à la Coupe du monde au Qatar. L'intérêt grandissant à leur endroit pourrait générer des offres difficiles à refuser.

Victor Wanyama, dans un éclat de rire teinté de malaise, a déjà annoncé un départ qui laissera un énorme vide à combler en milieu de terrain. Sera-t-il remplacé par un autre joueur désigné?

À quoi ressemblera le visage du CF Montréal en 2023? Personne ne peut le prédire, mais d'importantes perturbations pointent à l'horizon. Dans les débris d'un party où les lumières se sont allumées beaucoup trop vite, la déception inhérente à chaque fin de saison était diluée par un amer regret, celui d'avoir laissé passer une occasion qui pourrait ne jamais se représenter.  

Les saisons comme celle que vient de conclure le CF Montréal sont difficiles à reproduire même avec un noyau gardé intact. Qu'adviendra-t-il de cette sympathique fratrie qui vient de forcer la réécriture de plusieurs pages du livre des records de cette franchise?

« Il y a toujours ce sentiment d'avoir vécu la dernière danse à la fin de chaque parcours de séries, a commenté Johnston. En MLS en particulier, c'est fou comment les équipes changent d'une année à l'autre. Même si certains de nos joueurs n'avaient pas connu les succès qu'ils ont connus, il y aurait eu des changements. C'est toujours difficile à accepter. Le groupe sera différent l'an prochain. Il faudra trouver un moyen de mettre en bouteille la magie que nous avons créée et tenter de l'en ressortir. »  

Nick Cushing, l'entraîneur du NYCFC, a vanté les mérites de ses rivaux montréalais après avoir contribué à leur élimination. L'homme à la tête des champions en titre de la MLS a parlé de l'échec du CFM comme d'un passage obligé vers des jours meilleurs. « Cette équipe deviendra une équipe gagnante, j'en suis convaincu, si Wilfried Nancy en est l'entraîneur », a prédit Cushing.

Voilà une transition parfaite vers la question qui tue. Qu'en est-il au juste de l'avenir de Nancy à la tête du CF Montréal? La question ne devrait même pas se poser. En deux ans, le stratège a transformé une équipe confuse et sans identité en aspirante aux plus grands honneurs. Il est adoré par ses joueurs et la qualité de son travail est désormais reconnue partout en Amérique du Nord – probablement même au-delà des frontières de la MLS.

On s'attendrait à ce qu'une équipe fasse des pieds et des mains pour garder dans sa cour un tacticien et un meneur d'hommes de cette envergure. Pourtant, Nancy n'est présentement lié au CF Montréal que par une année d'option rattachée à son contrat. L'incertitude liée à son avenir, quelque en soit les causes, est préoccupante pour la suite.

Nancy a rejeté une question en lien avec sa situation personnelle après la défaite contre NYCFC. Il s'est toutefois permis un moment de réflexion lorsqu'on lui a demandé si cette élimination représentait la « fin d'un chapitre ».

« Je ne prédis pas l'avenir. Quand j'ai pris les rênes de l'équipe, mon but était d'établir un projet de jeu clair et d'aider les joueurs que j'avais sous la main à devenir meilleurs. Pour moi, c'est un succès. Chaque joueur, individuellement, a grandi. »

« Maintenant, dans le futur, il y a la Coupe du monde. On a des jeunes joueurs talentueux. Je ne sais pas qui sera de retour, mais je sais que l'équipe sera encore ici et l'objectif sera de refaire la même chose », a-t-il laissé planer.  

Nancy a souvent répété à quel point ses joueurs et son personnel d'entraîneurs avaient appris des erreurs commises la saison dernière et de la déception ressentie après avoir été écartés du portrait des séries au tout dernier match du calendrier.

La saison qui vient de se terminer a assurément été toute aussi riche en apprentissages. Qui restera-t-il pour transmettre les leçons qui en seront tirées?