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Josef Martinez : Un « Roi » assagi, mais toujours aussi ambitieux

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ORLANDO, Floride – Taylor Bentley croyait avoir la berlue mercredi matin lorsqu'elle a aperçu un visage familier dans le lobby de son hôtel. Puis elle a vu une suite de jeunes hommes défiler devant elle avec le même uniforme bleu. Elle a fait une petite recherche sur son téléphone et a mis un et un ensemble.

Josef Martinez jouait maintenant à Montréal.

Bentley habite à Atlanta. Son meilleur ami a des billets de saison pour l'équipe de soccer locale depuis l'année de fondation du club, en 2017. Elle assiste régulièrement aux matchs. Quelles étaient les chances qu'elle tombe sur une ancienne légende du club pendant un voyage d'affaires à Orlando?

« Bonne chance, Josef! On ne t'a jamais oublié à Atlanta! », lui a-t-elle lancé au moment où Martinez, après un sympathique entretien avec des journalistes montréalais, se levait de son siège pour retourner à sa chambre. Le Vénézuélien, surpris, s'est retourné et lui a souri en levant son pouce en l'air.

Si Atlanta s'ennuie de Martinez, Martinez s'ennuie aussi d'Atlanta. Ses yeux s'illuminent lorsqu'il parle de ses premières années en MLS, de ses succès sur le terrain, bien sûr, mais aussi du lien qu'il y a bâti avec les partisans. Il est aussi le premier à admettre qu'il n'est plus le même homme que lorsqu'il a mis les pieds pour la première fois en Georgie.

Lorsque l'ami Olivier Brett lui relaie les salutations d'un confrère américain, il cache mal sa surprise.

« Je me battais beaucoup avec les journalistes à Atlanta, avoue, sans pouvoir réprimer un rire enfantin, celui qui arrivait à l'époque de l'Italie. Je ne comprenais pas comment on faisait les choses en MLS. On pouvait perdre un match et dix minutes après, ils entraient directement dans le vestiaire. Donnez-moi un break! C'était stupide de se battre pour ça, mais c'était ça. »

Il a eu besoin d'une année pour s'ajuster. Il a aussi découvert que la pression de gagner, aux États-Unis, était différente que ce qu'il avait connu en Europe. Il dit s'être calmé un peu. Sur le terrain, ça n'a pas toujours paru.

« J'ai fait beaucoup de conneries! Le soccer, ça me rend fou des fois. Mais c'est la vie. »

Les choses seront peut-être différentes dès qu'il sautera sur le terrain, ou au milieu d'une série de défaites au mois de juillet, mais à trois semaines du début de la saison, entre les palmiers et les piscines de la Floride, le flamboyant attaquant ne projette pas l'image de ce vilain garnement qu'il décrit en replongeant dans son passé.

 Il répètera à plusieurs reprises que l'arrivée récente de son garçon, Josef Andre, l'a transformé pour le mieux.

« C'est le plus beau moment de ma vie. Avant, je ne pensais toujours qu'à moi. Mais depuis que j'ai un fils, c'est différent. Ma définition de l'amour a changé, mes attentes ont changé. Tout ce que je fais maintenant, c'est parce que je veux le meilleur pour lui. C'est ce que j'essaie : d'être un bon père, une bonne personne, un bon coéquipier. »

C'est l'une des questions qui accompagne inévitablement l'arrivée d'un joueur de cette envergure dans un vestiaire dénué de véritable étoile. Après avoir été lui-même l'une des plus grandes vedettes du soccer nord-américain et après avoir côtoyé la bande à Messi à Miami, quelle place prendra celui qu'on surnomme El Rey – le Roi, en espagnol – dans l'écosystème montréalais?

Il n'y voit pas de problème. « L'équipe est jeune, mais j'étais jeune moi aussi quand je suis arrivé », fait-il remarquer. Il connaît George Campbell, un ancien coéquipier à Atlanta. Il a brièvement connu Bryce Duke et Ariel Lassiter à Miami. Il s'est depuis longtemps réconcilié avec Victor Wanyama, avec qui il avait eu des petits désaccords sur le terrain. « Au final, on est tous des joueurs de soccer. On sait ce qu'on a à faire. »

Oui, il a subi d'importantes blessures. Oui, sa vingtaine est derrière lui. Quand il dit que « le passé, c'est le passé », c'est un peu à quoi il fait référence. Il sait que ses meilleures saisons sont loin derrière. Mais ça ne fait pas de lui un homme moins ambitieux.

« Cristiano Ronaldo a 39 ans et il a encore faim », note-t-il.

« J'ai joué au soccer toute ma vie, c'est tout ce que je sais faire et j'ai encore envie d'atteindre le sommet de la montagne. J'ai ‘tout' gagné en MLS, mais j'ai encore des rêves. Je veux devenir le meilleur buteur de l'histoire de la ligue. Et je veux continuer d'aider mon équipe, aider la ligue. Les choses ont tellement changé depuis 2017. C'est un gros show et je veux faire partie du show. »

Quand on lui demande ce qu'il a fait pendant la semaine qu'il vient de passer à Montréal, le temps de se soumettre à ses examens médicaux, sa réponse sort plus vite qu'une frappe de vingt mètres peut quitter son pied droit : « j'ai mangé! ». En février, les restaurants de la métropole sont plus accueillants que ses trottoirs enneigés.

Plus sérieusement, Martinez se dit en bonne forme et n'exclut pas un scénario où il jouerait 90 minutes dès le premier match de la saison, le 24 février.

« Je vais essayer. Quand la saison commence, personne n'est encore à 100%. Plus tu joues des matchs, plus la forme revient. Même en milieu de saison, on peut jouer à 50% de notre forme optimale. Mais j'espère être prêt bientôt. »

Martinez portera le numéro 17 à Montréal, le même qu'il avait à l'Inter Miami.