La fragilité du CF Montréal refait surface après avoir échappé deux buts d'avance
MONTRÉAL – Quatre jours après avoir arraché à la meilleure équipe de l'Association Ouest un match nul à saveur de victoire, le CF Montréal a goûté à l'amertume des points perdus contre l'une des puissances de sa propre conférence.
Le Bleu-Blanc-Noir a laissé s'évaporer une avance de deux buts, mercredi, et passera les prochains jours à digérer un décevant 2-2 contre les Red Bulls de New York.
Des buts de Sunusi Ibrahim et Kwadwo Opoku avaient placé les Montréalais dans une position enviable après 45 minutes, mais la puissante attaque des Red Bulls a profité du conservatisme de ses hôtes pour revenir à la parité.
Après un appel à la vigilance de Wiki Carmona à l'heure de jeu, l'Impact a laissé l'attaquant de 16 ans Julian Hall créer l'égalité à la 88e minute.
« Un scénario qu'on a vu un peu trop souvent, a déploré l'entraîneur Laurent Courtois, la mine déconfite, après la rencontre. On jouait à la maison, les choses totalement en notre contrôle. Sur les deux buts concédés, on s'était promis de ne pas laisser à l'adversaire ces opportunités-là et on a failli. »
« C'est sûr que c'est dur, surtout quand t'as un match presque dans la poche comme ça, a constaté Nathan Saliba, qui portait le brassard de capitaine pour l'occasion. On le ressent comme une défaite. Mais après, c'est quelque chose qui va nous motiver. Je le sais, je l'ai vu dans le visage de tous les gars. Je sens que c'est quelque chose qui va motiver toute l'équipe. C'est à nous de faire la différence [au prochain match] pour changer la saison. »
Dépassé par les efforts de remontée de ses rivaux, l'Impact n'a cadré aucun tir sur le filet adverse en deuxième demie. Ses meilleures occasions auront pour la plupart avorté avant qu'un réel danger ne soit généré. On pense notamment à une incursion dans la surface de Matías Cóccaro, qui a tenté d'aller chercher le penalty plutôt que de tenter un tir vers le gardien Ryan Meara à la 80e minute. L'arbitre Lukasz Szpala n'a pas mordu.
« Un célèbre entraîneur a déjà dit : "j'essaie de faire en sorte que mes joueurs se retrouvent dans ces situations, le reste c'est leur travail", a dit Courtois en paraphrasant Pep Guardiola. C'est une décision qui doit être prise rapidement dans le feu de l'action, ce n'est pas facile. Je ne sais pas s'il y avait une faute claire là-dessus. Je pensais que [Cóccaro] prendrait le tir. »
À l'autre bout, contre une équipe qui l'a bombardé de 24 tirs, Jonathan Sirois a réalisé une performance de huit arrêts.
Mince consolation, le CF Montréal aura prolongé à cinq sa série de matchs sans défaite.
Du réalisme gaspillé
Courtois avait exprimé le désir de voir ses joueurs faire preuve de davantage de réalisme. En clair, qu'ils trouvent le moyen de raccourcir la laisse de l'adversaire et de lui faire mal lorsqu'ils en avaient l'occasion.
Il a été entendu. Dans une première demie au cours de laquelle ses hommes ont laissé le gros de la possession aux visiteurs, l'entraîneur a eu le luxe de rentrer au vestiaire avec une priorité de deux buts.
Il y avait à peine dix minutes d'écoulées lorsque Ibrahim a placé son équipe derrière le volant. Sur un court coup franc gagné par Ruan, le petit attaquant a poussé derrière la ligne un ballon qui était auparavant passé par la tête de deux coéquipiers.
Au bon endroit au bon moment, l'improbable as buteur du Bleu-Blanc-Noir a enfoncé son sixième de la saison, son quatrième à ses quatre derniers matchs.
Plutôt que de donner un élan aux locaux, le but d'Ibrahim a semblé les plonger dans un étrange état de complaisance. Fébrile, un rempart défensif orphelin de son général s'est montré dangereusement permissif. En relance, un excès de déchets techniques a permis aux New-Yorkais de prolonger leurs séjours en zone ennemie. Privés de leurs deux principaux canons offensifs, les Taureaux ont cependant cruellement manqué de finition.
Leurs hôtes le leur ont fait payer. À la 40e minute, Raheem Edwards a balancé un long ballon dans l'axe à l'intention d'Opoku. Ce dernier s'est légèrement laissé déporter sur sa droite avant de déjouer le défenseur John Tolkin d'un habile crochet. Quelques secondes plus tard, son tir précis lançait les célébrations.
Montréal a amorcé la deuxième demie bien installé dans son territoire, invitant son adversaire à animer le jeu. Ses stratèges regretteront peut-être cette stratégie.
À la 59e minute, Ibrahim a dû intervenir sur la ligne de Sirois pour empêcher New York de s'inscrire au pointage. Mais ce n'était que partie remise. Quelques secondes après l'entrée dans le match de Josef Martínez, de retour au jeu après une absence de deux mois, Carmona a tiré dans la lucarne après une belle intervention de Sirois à l'extérieur de son rectangle.
« Je pensais vraiment que la deuxième mi-temps et le scénario nous permettraient de nous mettre à l'abri pour un troisième et un quatrième but, mais je ne m'attendais pas à ce qu'on donne aussi tôt dans la deuxième mi-temps l'opportunité à l'adversaire de croire en ses chances », a réagi Courtois.
Montréal a concédé le but égalisateur de la même façon qu'il avait ouvert le pointage, c'est-à-dire sur une combinaison de têtes sur corner. Celui-là, Courtois l'avait particulièrement sur le cœur.
« Je pensais qu'on était suffisamment matures maintenant pour se dire : "on s'est promis de ne pas concéder de cette manière et va rester intelligents", mais on n'a pas su. Beaucoup de déception. »
Le CF Montréal voyagera au Colorado pour y affronter les Rapids samedi. Il y retrouvera l'un de ses anciens, Djordje Mihailovic, qui est en feu par les temps qui courent. Le milieu de terrain a marqué trois buts mercredi contre St. Louis et devrait attendre son ancien club de pied ferme.