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RÉSULTATS

Une différence marquée entre le monde universitaire et professionnel

Gabrielle Carle Gabrielle Carle - Courtoisie - Instagram
Publié
Mise à jour

COLLABORATION SPÉCIALE

 

Depuis le début de la période morte, j'ai eu le temps de faire le point sur mes 6 premiers mois en Suède, et je ne peux m'empêcher d'être éblouie par la vitesse à laquelle cette demi-année a passé.

 

Du 20 juin au 14 août, la 1re division suédoise, OBOS Damallsvenskan, est en pause estivale. Une victoire contre Pitea lors de notre dernier match avant cette pause nous a permis de solidifier notre 3e position au tableau. Si nous conservons ou améliorons ce classement lors de la seconde moitié de la saison, nous aurons accès au tournoi de la Champions League l'an prochain. Bien sûr, notre objectif ne sera pas que de rester au 3e rang, mais bien de nous hisser au sommet du classement.

 

À mon arrivée en Suède, j'en connaissais très peu sur la ligue professionnelle féminine du pays. Malgré cela, je considère que ma transition entre la ligue universitaire américaine, dans laquelle j'ai évolué de 2017 à 2021, et la ligue professionnelle suédoise s'est déroulée sans trop de difficultés. Il y a tout de même certaines différences entre ces deux ligues auxquelles j'ai dû m'adapter. Voici donc ma liste des plus grandes distinctions entre la OBOS Damallsvenskan et la ligue universitaire américaine.

 

Je n'ai eu besoin de vivre qu'une semaine en Suède pour observer une première différence majeure : le rythme de vie. Au cours de mes 5 années à Florida State University, j'ai vécu ma vie à la cadence de Road Runner dans Bugs Bunny: constamment en mouvement, en allant tellement vite que j'avais rarement le temps d'observer le paysage autour de moi. Avec un entraînement par jour, deux matchs par semaine, un voyage en avion une semaine sur deux et 5 à 6 classes par semestre, le mode de vie d'un étudiant-athlète aux États-Unis est définitivement stimulant, mais impose un quotidien chargé dans un environnement haut en pression. Si la saison américaine est un sprint, on peut dire que la saison suédoise est un marathon. Avec environ 6 matchs par mois sur une période de 7 mois, la saison est plus longue, mais le rythme est moins effréné. Les 5 à 6 jours typiques entre chaque match sont idéaux pour récupérer et offrent amplement le temps de nous familiariser avec notre prochain adversaire. Le fait que je ne sois présentement pas inscrite à l'université aide également à ralentir mon rythme de vie.

 

Autre distinction entre les deux ligues : la gestion des blessures. Puisque la saison universitaire ne dure qu'un maximum de 3 mois et demi et que deux matchs sont joués par semaine, une blessure qui idéalement demanderait deux semaines de repos devient miraculeusement une blessure qui ne nécessite que 4 jours de convalescence. Avec la possibilité de rater 4 à 6 matchs sur cette période de deux semaines , les entraineurs comme les athlètes préfèrent habituellement adopter la mentalité « push through it ». C'est une solution que j'ai moi-même fréquemment favorisée, l'idée de prendre quelques semaines de repos ne semblant pas être une alternative viable lors d'une saison aussi condensée. En Suède, prendre le temps de récupération nécessaire au rétablissement complet d'une blessure est encouragé. Avec une saison deux fois plus longue que celle de la NCAA, manquer quelques matchs au lieu de jouer sur une blessure qui pourrait s'aggraver et soudainement demander des mois de convalescence est l'option logique à adopter.

 

En division I de la NCAA, il y a 338 équipes féminines de soccer réparties dans 31 conférences différentes. Le calibre de ces conférences varie grandement, tout comme celui de chaque équipe à l'intérieur de ces conférences. FSU fait partie de la ACC, conférence considérée comme l'une des meilleures en NCAA D1 pour le soccer, dans laquelle j'ai eu la chance d'affronter des adversaires de haut calibre. J'y ai également joué plusieurs matchs moins difficiles, certains matchs hors-conférence ainsi que quelques matchs de conférence n'offrant pas toujours le niveau de compétition espéré. En contraste, il n'y que 14 équipes en division 1 suédoise, et le talent est bien réparti dans chacune de ces équipes. Bien sûr, il y a certaines équipes moins dominantes que d'autres, mais généralement, les résultats des matchs sont difficiles à prédire. Il n'est pas rare qu'une équipe de bas de tableau surprenne une équipe plus haute classée.

 

La dernière différence majeure que j'ai remarquée entre la NCAA et la OBOS Damallsvenskan concerne l'argent. Les programmes athlétiques comme FSU, provenant d'une des 5 conférences de la « Power 5 », ont une quantité impressionnante d'argent. Le budget dans les 8 chiffres auquel le département athlétique de FSU a accès lui permet de bâtir des infrastructures sportives haut de gamme et d'offrir à ses athlètes les meilleures ressources pour performer. Entre bénéficier de massothérapeutes après nos matchs, utiliser la gigantesque salle de musculation et la tout aussi grande salle de traitement, toutes deux très bien équipées, et même voyager en avion nolisé pour de nos matchs à l'extérieur, les étudiants athlètes de FSU sont entourés de ressources similaires à celles allouées aux athlètes professionnels de ligues à hauts revenus. En Suède, nous faisons face à une réalité assez différente. Si vous avez déjà vu nos uniformes de match, vous avez certainement constaté que les logos de nos multiples commanditaires y sont imprimés. C'est un peu hors du commun, mais ce sont ces mêmes commanditaires qui nous permettent de vivre de notre sport. KDFF n'a pas les mêmes moyens que FSU, et n'a donc pas les mêmes ressources à sa disposition, mais je considère que tout ce qui est nécessaire est à notre portée. Par exemple, le gym et la clinique de physiothérapie sont à 10 minutes à vélo de chez moi, et le bain de glace, c'est-à-dire la mer, est à 20 minutes en voiture.

 

Il y a plusieurs différences entre la ligue suédoise et la NCAA, mais selon moi, ce qui compte vraiment, c'est que j'ai adoré mes 5 années passées à représenter FSU, et que jusqu'à maintenant, j'adore porter les couleurs de KDFF. Dans chacune de ces organisations, j'ai été/je suis entourée de coéquipières, d'entraineurs et d'autres membres du personnel qui ont embelli/embellissent mon passage dans leur organisation, et qui ont le succès de l'équipe à coeur.