Corruption d'arbitres : le FC Barcelone sous pression
BARCELONE, Espagne - L'enquête sur le scandale arbitral mettant en cause le FC Barcelone a accéléré jeudi avec la perquisition de la direction de l'arbitrage espagnol dans les locaux d'une Fédération déjà fragilisée par le scandale Rubiales.
Baptisée « affaire Negreira », en référence à José Maria Enriquez Negreira, l'ex-haut responsable de l'arbitrage espagnol au centre de l'enquête, ce scandale empoisonne depuis des mois la vie du Barça, qui nie toute irrégularité.
Jeudi, l'enquête a pris une nouvelle dimension, le tribunal barcelonais chargé de l'affaire ayant indiqué dans un communiqué avoir « ordonné une perquisition au siège du Comité technique des arbitres (CTA) ».
La Garde civile a confirmé à l'AFP mener cette perquisition dans les locaux de ce comité situé au sein de la fédération de football à Las Rozas, près de Madrid, et précisé qu'aucune interpellation n'était prévue.
Saisi par le fisc sur de possibles irrégularités dans le paiement des impôts d'une entreprise appartenant à M. Negreira, ex-vice président du CTA entre 1994 et 2018, le parquet avait ouvert une enquête préliminaire au printemps 2022.
Le FC Barcelone, ses ex-présidents Josep Maria Bartomeu et Sandro Rosell ainsi que M. Negreira et son fils sont inculpés notamment de « corruption » dans cette affaire depuis le mois de mars.
D'après le parquet, le club catalan a versé au total plus de 7,3 millions d'euros à M. Negreira. Des paiements, effectués via l'entreprise Dasnil 95, appartenant à l'ancien arbitre, qui ont débuté en 2001 et pris fin en 2018 quand ce dernier a perdu son poste de NO 2 de l'arbitrage espagnol et que le CTA espagnol a été restructuré.
« Effets désirés sur l'arbitrage »
Le Barça, qui fait également depuis fin mars l'objet d'une enquête de l'UEFA, soutient que Dasnil 95 a été payée pour conseiller le club sur des questions arbitrales. Mais la justice espagnole soupçonne que ces sommes aient pu servir à corrompre des directeurs de jeu.
Dans un document publié jeudi, le juge chargé de l'affaire indique « déduire » des éléments dont il dispose « que les paiements (du club à Negreira) ont produit les effets désirés par le FC Barcelone sur l'arbitrage ».
Un autre élément soutenant l'accusation, selon le juge, est l'envoi par Negreira d'une « lettre menaçante » au club après l'arrêt des paiements, montrant qu'il avait « conscience que des faits illicites assez graves s'étaient produits en faveur du FC Barcelone ».
« Le Barça n'a jamais acheté d'arbitres et n'a jamais eu l'intention d'en acheter, que cela soit bien clair », avait assuré en mars l'actuel président du FC Barcelone, Joan Laporta.
Sur le plan sportif, le FC Barcelone ne risque rien, à tout le moins en Espagne: les faits, vieux de plus de cinq ans, sont en effet considérés comme prescrits. Mais sur le plan pénal, ses anciens dirigeants risquent des peines de prison.
L'accélération de l'enquête autour de ce scandale arbitral intervient alors que le foot espagnol a été plongé dans le chaos depuis la fin août par l'affaire du baiser forcé de l'ex-patron du soccer espagnol Luis Rubiales à la joueuse Jenni Hermoso, juste après le sacre mondial de la « Roja féminine ».
La justice s'est également saisie de cette affaire et a inculpé M. Rubiales pour « agression sexuelle » et « coercition » en raison des pressions exercées sur la joueuse et ses proches par Rubiales et son entourage.
Deux jours après l'audition du frère et d'une amie d'Hermoso, l'ex-sélectionneur de l'équipe féminine Jorge Vilda, un proche de Rubiales limogé début septembre, a été inculpé à son tour mercredi.
Le foot espagnol est par ailleurs de nouveau secoué par ses vieux démons, une fillette de 8 ans portant un maillot de l'attaquant du Real Madrid, Vinicius Jr, ayant été victime d'insultes racistes de la part de supporters de l'Atlético Madrid dimanche avant le derby madrilène.