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RÉSULTATS

Stephen Eustaquio, le visage du renouveau imaginé par Mauro Biello

Mauro Biello Mauro Biello - Getty
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Mauro Biello sentait qu'il devait prendre d'importantes décisions pour assainir l'air autour de la sélection masculine canadienne, méconnaissable depuis sa participation à la Coupe du monde 2022 au Qatar. En début de semaine, lors de l'annonce des convocations pour le match crucial qui attend ses hommes ce samedi contre Trinité-et-Tobago, il avait parlé d'un « cultural reset ». Un redémarrage identitaire, en quelque sorte.

Sur sa liste d'invités, des absents qui avaient pourtant l'habitude de prendre beaucoup de place. Le gardien Milan Borjan, le défenseur Steven Vitória et le milieu de terrain Junior Hoilett ne font plus partie des plans. Dans une vidéo diffusée sur le nouveau compte X des Rouges, on voit Biello rendre hommage à ces vétérans déchus et demander à ses jeunes troupiers d'oser combler le vide laissé par leur départ.

Le sélectionneur montréalais voulait voir de nouveaux leaders se lever.

Vendredi, Biello a posé un geste symbolique, certes, mais pas moins significatif en confirmant que Stephen Eustaquio porterait le brassard du capitaine pour la rencontre qui pourrait permettre au Canada de confirmer sa participation à la Copa América au début de l'été.

« J'avais été en contact avec Steph et quelques-uns de nos autres leaders avant le début de ce camp, a expliqué Biello. À distance, on avait eu des conversations sur les meilleures façons d'améliorer cette équipe. À partir de là, ma réflexion a commencé à se préciser. Je me suis dit que Steph serait un bon candidat pour ce rôle et je lui ai fait part de ma décision au début du camp. Il répond à tous mes critères et je sais qu'il est très respecté au sein du groupe. »

Spectaculaire chef d'orchestre au milieu de terrain, Eustaquio n'est ni le plus extravagant, ni le plus volubile des ténors de l'équipe canadienne. Mais il se dégage de son jeu autant que de sa personnalité une sérénité que Biello apprécie et qu'il souhaite contagieuse dans l'approche de l'important défi qui attend ses troupes.

« Je vais laisser ma personnalité faire le travail, a dit le jeune Ontarien. Je vais tout simplement rester moi-même et pour cette raison, je crois que tout devrait bien aller. »   

Plus tôt cette semaine, Alphonso Davies, le joueur phare de l'Unifolié, avait confié à TSN qu'il avait signifié à son entraîneur son intérêt pour le titre de capitaine, qui avait été réservé exclusivement à Borjan depuis le retour du Qatar. Cyle Larin, le meilleur buteur de l'histoire de la sélection, Samuel Piette, le joueur actif le plus souvent convoqué (67 fois) ou l'attaquant vedette Jonathan David auraient aussi pu être considérés.  

Le choix de Biello s'est plutôt arrêté sur Eustaquio, un milieu de terrain de 27 ans qui évolue au FC Porto en première division portugaise. Il a pris part à 34 matchs depuis le début de sa carrière avec l'équipe canadienne. Il avait obtenu sa première convocation en 2019, à l'aube de ses 23 ans.

« Je l'ai annoncé au reste de l'équipe sur le terrain parce que c'est là que Steph est à son mieux. C'est là qu'il montre l'exemple à tous. Les gars l'ont applaudi, tout le monde l'apprécie. Mais en même temps, j'ai eu des conversations avec plusieurs de nos joueurs clés qui devront aussi prendre plus de place dans la suite de notre projet. »

Se détacher du passé

Biello, qui dirige l'équipe canadienne sur une base intérimaire, a précisé que son choix ne s'appliquait que pour le match de samedi. La suite de l'histoire repose en partie sur le résultat que ses hommes parviendront à décrocher contre la 96e équipe au monde.

Une défaite serait catastrophique pour la préparation de l'une des trois équipes hôtesses de la Coupe du monde 2026. Elle scellerait aussi presque assurément le sort du tacticien de 51 ans, qui a succédé à John Herdman après le départ de ce dernier pour la MLS en août dernier.

Le Canada a déjà bousillé une occasion de se qualifier pour la Copa América, une compétition qui oppose habituellement les dix pays de l'Amérique du Sud, mais qui a agrandi son tableau en 2024 pour permettre à six équipes de la CONCACAF d'y participer. En novembre dernier, il a bêtement laissé filer, devant ses partisans à Toronto, les honneurs d'une série aller-retour contre la Jamaïque.

C'est dans la foulée de cet effondrement que Biello a jugé nécessaire de couper le cordon avec certains vétérans qui faisaient partie des meubles. L'avenir dira si l'ancien pilote de l'Impact a bougé ses pions trop tard.

« Ça nous a ouvert les yeux, c'est certain, confesse Eustaquio. Je crois qu'on pensait qu'on les avait, surtout après une première demie où tout avait bien été pour nous. Mais pour être honnête, ils ont montré qu'ils étaient plus affamés que nous, qu'ils voulaient plus cette qualification. Il faut retrouver cette humilité, ce désir de vaincre et revenir aux bases qui nous ont permis d'atteindre la Coupe du monde. On avait toujours cette volonté d'être les meilleurs et je crois que ça nous a manqué dans notre dernier match. »  

« L'année 2023 n'a pas été facile, a reconnu Biello. Un nouveau personnel d'entraîneurs a dû être mis en place. Quand je suis arrivé, j'ai voulu être loyal envers les gars qui nous avaient permis d'arriver à cette étape. Ça n'a pas fonctionné. Je vois la suite comme un nouveau départ et je crois qu'il faut maintenant se détacher du passé. On a vécu une belle aventure. C'en est une nouvelle qui commence. »

Pour façonner le nouveau visage de son collectif, Biello a convoqué quatre joueurs du CF Montréal et un total de six Québécois.

En battant Trinidad-et-Tobago, le Canada s'insérerait automatiquement dans le groupe A de la Copa América, où l'attendent déjà l'Argentine, le Pérou et le Chili. Il commencerait son tournoi contre les champions du monde en titre le 20 juin.