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Par sa simple présence, Christine Sinclair prépare sa propre succession

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MONTRÉAL – Le mandat de Bev Priestman sera double durant la prochaine séquence de quatre matchs de l'équipe nationale féminine, séquence qui s'amorcera au Stade Saputo samedi avec la première de deux parties contre le Brésil.

D'une manière générale, la sélectionneuse canadienne lancera officiellement la préparation de son groupe en vue des Jeux olympiques de 2024, pour lesquels les médaillées d'or en titre se sont qualifiées en remportant une série aller-retour contre la Jamaïque en septembre. Mais en parallèle, Priestman devra s'assurer de faire voir du terrain à une joueuse sur qui elle sait déjà qu'elle ne pourra pas compter à Paris.

S'assurer, oui, parce qu'on ne parle pas ici de n'importe quelle joueuse. À moins que vous ayez passé la dernière semaine dans une retraite de méditation, vous savez que Christine Sinclair a démarré le compte-à-rebours des derniers jours de sa carrière internationale. La plus grande buteuse de l'histoire accompagne présentement la sélection pour des rendez-vous à Montréal et Halifax. Sa tournée d'adieu se conclura en décembre avec un programme double contre l'Australie à Vancouver, dans sa province natale.

Dans une conversation avec son entraîneuse, Sinclair aurait précisé ne pas vouloir être une distraction pour ses coéquipières dans leur préparation olympique. L'histoire ne dit pas si son interlocutrice a pu retenir un éclat de rire devant une telle hypothèse. Priestman se contente de dire qu'elle a fait comprendre à son attaquante qu'autant elle-même que son public méritaient de vivre un dernier moment de communion. Et aussi qu'elle pouvait jouer un rôle crucial dans le numéro de jonglerie que la tacticienne devra élaborer afin d'honorer le passé tout en préparant l'avenir.

Les détenteurs de billets verront donc Sinclair à l'œuvre. Dans quel rôle? Ça reste à voir. Mais le plus important, c'est que dans l'ombre, sa présence continuera de solidifier les standards qu'elle a établis depuis le début du millénaire. Au final, tout le monde y gagnera.

« Je la sens particulièrement en paix depuis le début de ce camp et je pense qu'elle pourra soutirer le meilleur du groupe, a indiqué Priestman. Tout est dans les détails. Deux joueuses font actuellement leur début avec l'équipe et l'autre jour, à la fin d'une session, elles ont vu la meilleure joueuse de tous les temps faire du temps supplémentaire. Ce sont des petites choses qui donnent le ton et montrent ce qu'il est nécessaire de faire pour gagner des matchs aux Olympiques. »

Priestman cite aussi en exemple le fait que sa capitaine continue de se présenter aux rencontres d'équipe avec un carnet de notes qu'elle remplit chaque fois d'observations, « même si elle sait qu'elle est sur son départ. » Elle continue aussi de transmettre ses valeurs au sein du groupe de leaders mis sur pied par le personnel d'entraîneurs, contribuant ainsi à ce que l'équipe soit entre bonnes mains après son départ.

« À sa manière, donc, elle participe à la transition vers la nouvelle génération, a poursuivi l'entraîneuse. Je la sens plus apte à le faire maintenant qu'elle n'a plus nécessairement à se concentrer à être au sommet de son art. Je ne vois donc pas sa présence comme un fardeau, mais bien plus comme une véritable force. Tout ce qu'elle a dans son bagage peut nous être utile. »  

« Comme à l'école »

La Québécoise Évelyne Viens côtoie Christine Sinclair depuis bientôt trois ans. En unisson avec le discours populaire, elle vante d'abord le professionnalisme et le leadership de sa coéquipière. Mais pour une attaquante comme elle, chaque occasion de partager le terrain avec l'humble vedette était particulièrement enrichissante.

« Je pense qu'au début, mes premiers camps, je la regardais et j'étais tellement impressionnée, a partagé Viens à sa sortie de l'entraînement vendredi. Je voyais comment je faisais des choses différemment, j'ai appris. On a des styles de jeu différents aussi, mais faire des frappes avec la meilleure joueuse au monde, ce n'est pas tout le monde qui a cette chance-là. C'est comme si j'étais à l'école et j'en ai profité. »

Viens parle d'une joueuse calme et intelligente. « Tu comprends vite comment elle a pu jouer jusqu'à son âge », évoque-t-elle. Comme défenseuse, Gabrielle Carle peut en témoigner. L'athlète de Québec avait 17 ans quand elle a donné ses premiers coups de pieds avec l'équipe nationale. Durant les huit dernières années, elle a été hissée vers le haut par ses confrontations avec la numéro 12.

« Ça t'aide à créer un certain niveau que tu dois atteindre et auquel tu dois rester », explique-t-elle.

« Son mouvement de jeu est tellement intelligent. Ça a toujours été comme ça et ça va toujours rester comme ça. La façon dont elle bouge sur le terrain, c'est tellement impressionnant. C'est pour ça qu'elle est aussi bonne. Elle sait comment se faire oublier pour revenir, elle sait comment manipuler une défense. »