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RÉSULTATS

Chère Serena, tu nous manqueras

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COLLABORATION SPÉCIALE

 

Voilà, c'est la fin du très beau parcours tennistique de Serena Williams alors qu'elle s'incline de justesse au 3e tour des Internationaux des États-Unis en trois gros sets devant Ajla Tomljanovic. Dommage, car l'Américaine l'avait au bout de la raquette ce match. Quoi qu'il en soit « la lionne » surprend durant la quinzaine en allant chercher deux belles victoires, dont une devant la 2e mondiale Anett Kontaveit. Avouez que c'est bien au-delà des espérances. D'ailleurs, c'est ce qui a fait dire à Serena en entrevue sur le terrain après le match : « J'aurais dû me préparer plus tôt dans l'année, car je sentais que plus j'avançais dans le tournoi, meilleure j'étais ». C'est bien ce que Patrick Mouratoglou, son ancien coach, lui avait suggéré il y a quelques mois. D'ailleurs, le Français la décrit en ces termes : « Serena est un mélange de gamine capricieuse et diva vaporeuse, mais attachante ».

 

Quoi qu'il en soit, Serena pour moi aura été une immense championne qui n'avait peur de personne, mais détestait plus qu'autre chose la défaite. Cela amenait cependant quelques fois cette bagarreuse extrême à verser dans le drame. Ce que je retiendrai c'est que son jeu puissant et précis a élevé le niveau sur le circuit plus haut, toujours plus haut. Gagner les plus grands trophées pendant trois décennies prouve aussi toute la détermination, l'ambition et le courage qu'elle possède. Par périodes cependant j'ai senti qu'elle était peut-être prisonnière du « star system » qui l'invitait à toujours aller plus loin, à repousser les limites du sport spectacle en arborant des tenues excentriques et des comportements limites du « fair play ».

 

À la fin, elle réussit à nous embarquer dans son aventure et à nous partager son immense passion. Je suis aussi contente pour elle de cette association avec la grande Anna Wintour. Les photos et l'article dans le magazine Vogue sont absolument magnifiques et mettent en valeur une championne digne et épanouie, fière de ses origines et bien dans son corps. Le tout sur un bon fond de classe.

 

Bien sûr, plus le temps passe, grand est mon désir de mettre l'accent sur ses grandes conquêtes, mais pour moi c'est Margaret Court qui est la plus grande de tous les temps. L'Australienne a remporté 24 couronnes Grand Chelem en simple et 64 au total avec le double féminin et le mixte. Quand je pense à elle, je vois encore aujourd'hui à 80 ans, une grande dame humble et forte, une muraille de justice qui n'appelle pas le mal bien, et le bien mal. En tout temps, dans la victoire comme dans la défaite, elle se comporte avec dignité et classe. Je l'admire beaucoup et la considère comme une compétitrice équilibrée en plus d'être encore un bel exemple pour la société.

 

Un mot aussi sur Rick Macci qui aura été la personne la plus importante dans la vie des Williams puisque c'est lui le premier entraineur des deux soeurs. Macci raconte que papa Richard avait réussi à le convaincre de venir passer du temps à Compton en Californie pour évaluer ses deux vedettes en devenir. Ce qu'il faut savoir c'est que jamais l'entraineur de renom ne quittait son académie nichée à Haines City au sud d'Orlando puisque beaucoup trop occupé et en demande. Facile à comprendre puisqu'il est celui qui a développé Jennifer Capriati qui, à 14 ans, est 10e mondiale. Avouez comme référence, c'est difficile de faire mieux!

 

Macci remarque lors de la première journée à l'entrainement qu'elles ne sont pas disciplinées ou intenses. Il décide de voir si cela sera la même chose en jouant des points. Il réalise rapidement qu'elles seront les championnes du futur. L'énergie se transforme complètement puisque soudainement elles démontrent une telle rage au coeur pour tout ramener en jeu pour gagner! C'est à ce moment que Macci réalise que le projet en vaut le coup. Il se confie: « Aller à Compton furent les meilleures vacances de ma vie! ».

 

Ce qu'il faut savoir c'est qu'à cette époque, le coach est l'un des meilleurs pour ce qui est de la compréhension de la technique et surtout de la biomécanique, terme très peu utilisé dans les années 70 et 80. Donc grâce à son expertise ce fut possible de les cadrer techniquement pour leur permettre de grandir et rapidement exceller au plus haut niveau. Ce qu'il les fait travailler, à raison de 6 à 8 heures sur le terrain par jour.

 

Macci raconte aussi quelques anecdotes juteuses des trucs utilisés par papa Richard pour motiver ses filles. Par exemple, il les forçait à s'entrainer parfois avec un cordage brisé pour développer en elles le désir de survivre. Puis, il étalait en fond de terrain de la vitre concassée pour les forcer à rester proche de la ligne de fond pour les endurcir. Unique en son genre, avouez...

 

Les mots de la fin sur la carrière de Serena, je les laisse à Rick Macci parce qu'il a trop longtemps été mis aux oubliettes et mérite d'être reconnu à sa juste valeur. Je le cite: « Serena me fait penser à cette sculpture de 60 pieds de haut au Dakota du Sud, là où est gravé dans la pierre le visage de 4 présidents des États-Unis et non les moindres: George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln ». Ce spectaculaire monument est un symbole de l'histoire des États-Unis qui est aussi un lieu de rencontre des contradictions. « Oui c'est bien vrai, Serena est le Mont Rushmore. »