Eugenie Bouchard, reprogrammée au pickleball
C'est comment de passer du tennis professionnel au pickleball?
C'est « wacky », a récemment répondu Eugenie Bouchard, dans une entrevue offerte à notre confrère de TSN Mark Masters.
Pour les besoins de la cause, nous traduirons le terme « wacky » par bizarre. Bizarre, car c'est essentiellement comment se sentait la Québécoise de 30 ans lorsqu'elle a fait ses débuts chez les professionnels de la balle perforée en janvier dernier.
« C'est fou, c'est une expérience complètement différente, a développé Genie. Le plus grand choc, c'était le niveau de jeu des joueurs. Ce sont tous des professionnels et avant d'accepter de jouer avec eux, je n'avais joué qu'avec des amis qui, même s'ils étaient des joueurs de tennis, étaient quand même des joueurs amateurs de pickleball. »
Si elle estime s'être améliorée depuis et s'approcher du niveau de jeu de ses consoeurs, Bouchard rappelle que le tennis a encore une place prépondérante dans son ADN.
« La plus grosse différence, c'est le dinking (l'amorti au pickleball, NDLR). J'ai appris pendant 25 ans qu'une balle courte dans le milieu du terrain, ce n'est pas bon au tennis. Mais soudainement, je joue un sport où c'est bon. Ç'a vraiment été une lutte interne pour me reprogrammer le cerveau, spécialement à mesure que le point avance et que le rythme accélère. Je n'ai pas le temps de penser, alors je reviens à mes instincts, et mes instincts c'est le tennis.
« Je pense honnêtement que si je n'arrivais pas du tennis, je ferais mieux. Le tennis est si différent, alors je dois changer des choses qui sont dans mon cerveau depuis si longtemps. »
Le défi, toutefois, l'emballe. Tout comme les avantages qu'offre la pratique de ce sport chez les professionnels. À commencer par le voyagement.
« C'est moins intense qu'au tennis. C'est seulement aux États-Unis et les tournois durent de quatre à six jours. C'est moins d'une semaine et je n'ai pas à faire les longs voyages comme on fait au tennis. »
N'empêche, l'ancienne no 5 mondiale qui a notamment atteint la finale de Wimbledon en 2014, ne tire pas pour autant un trait sur sa carrière sur les courts de tennis. Elle compte entre autres participer à l'Omnium Banque Nationale de Toronto en août prochain et possiblement à d'autres tournois par la suite.
En novembre dernier, Bouchard a fait sa part dans le triomphe canadien en finale de la Coupe Billie Jean King. Puis, en mai, elle a tenté sa chance dans un tournoi ITF à Tampa en Floride. Elle s'en rappelle encore.
« Retourner au tennis après le pickleball a été un choc pour mon corps. J'étais tellement en douleur. J'ai joué dans des conditions extrêmes; c'était très chaud et humide. Mon corps faisait mal de partout pendant des jours après ça. [...] C'était brutal, tous mes muscles me faisaient mal. »
Mais peu importe, frapper à nouveau la balle jaune a fait du bien.
« Ce qui me manque le plus, c'est vraiment de juste frapper la balle, a-t-elle confié. J'adore le tennis. C'est l'amour de ma vie et c'est ce avec quoi j'ai commencé quand j'étais jeune. Rien ne pourra remplacer ça. »
Des projets, encore des projets
Outre le pickleball et le tennis, Bouchard compte de plus saisir toutes les opportunités qui s'offriront à elles en marge de sa carrière d'athlète.
Celle qui agit notamment à titre d'analyste occasionnelle pour Tennis Channel, a ses yeux sur des projets de télévision, voire même de cinéma.
« Pourquoi ne rester que dans une seule voie? Autrefois, quand je faisais d'autres choses, les gens étaient sur mon cas. Mais aujourd'hui, tout le monde s'essaie dans tout. C'est beaucoup plus accepté maintenant de tout faire.
« J'étais la première joueuse de tennis sur les médias sociaux, j'étais la première à faire toutes ces autres affaires. J'ai reçu beaucoup de haine pour ça, alors que maintenant, si on ne le fait pas, on nous demande pourquoi. Autrefois, quand je le faisais, on me disait que je devais me concentrer que sur le tennis. J'aime penser que j'ai ouvert la voie à mes homologues. »