Karen Khachanov soutient le Karabakh et ça ne plait pas
MELBOURNE, Australie – Karen Khachanov joue sans drapeau russe à côté de son nom et refuse d'évoquer les sanctions qui le frappent en tant que Russe sur le circuit, mais il affiche son soutien aux Arméniens du Nagorny-Karabakh... tant qu'on ne le lui interdit pas.
« Artsakh, reste fort! » ou encore, « Continue d'y croire jusqu'au bout!!! Artsakh reste fort!!! », a ainsi écrit Khachanov sur les objectifs des caméras qui filment la sortie du court aux Internationaux d'Australie. Le premier message après sa victoire contre Frances Tiafoe au troisième tour et le second après celle contre Yoshihito Nishioka en huitième de finale.
Durant son match contre Sebastian Korda mardi en quart de finale ont été déployés dans les tribunes du Rod Laver Arena des drapeaux de cette région majoritairement peuplée d'Arméniens et que l'Azerbaïdjan tente de récupérer par la force.
« J'ai des racines arméniennes. Du côté de mon père, mon grand-père, mais également du côté de ma mère. Je suis à moitié arménien », a expliqué le joueur de 26 ans mardi.
« Je voulais montrer mon soutien à mon peuple, leur donner des forces, c'est tout », a-t-il ajouté.
En ce qui le concerne, la tribune politique s'arrêtera là. « Je ne veux pas aller plus loin » dans les commentaires et les explications, a-t-il tranché.
Mais la Fédération azerbaïdjanaise a assez peu goûté sa prise de position et a protesté auprès de la Fédération internationale (ITF) en qualifiant les messages de Khachanov d'« attaques inacceptables ».
L'instance azerbaïdjanaise réclame des « mesures plus sévères pour punir le joueur afin d'éviter de tels incidents à l'avenir ».
Mardi, le joueur a dit, un peu gêné, qu'il n'avait eu aucun retour « jusque-là ».
Sollicitée par l'AFP, l'instance internationale a confirmé avoir « reçu une lettre de la Fédération azerbaïdjanaise de tennis » et l'avoir « faite suivre aux autorités compétentes ». En l'occurrence, les organisateurs du tournoi.
Incertitude sur Wimbledon
À l'entrée du Melbourne Park, des écriteaux préviennent le public que les drapeaux russes sont interdits dans l'enceinte du complexe.
Autorisées en début de tournoi « à condition de ne pas causer de problème », des bannières blanc-bleu-rouge avaient été déployées dans les tribunes. Ce qui avait suscité l'ire de l'Ukraine, une réaction officielle de son ambassadeur en Australie et, finalement, l'interdiction de ces drapeaux.
Autre joueur russe en lice à Melbourne, Andrey Rublev avait quant à lui été provoqué par des spectateurs agitant sous son nez un drapeau ukrainien durant son match du deuxième tour contre Emil Ruusuvuori.
« Le drapeau, OK pas de problème. Mais ils m'insultent », s'était-il plaint auprès de l'arbitre.
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les joueurs russes et bélarusses sont autorisés à jouer la plupart des tournois, à conditions que leur nationalité ne soit mentionnée nulle part. Seule la Fédération britannique, sous pression du gouvernement, avait refusé les Russes et Bélarusses l'an dernier, y compris à Wimbledon qui avait du coup été privé de points ATP et WTA.
Le Majeur sur gazon n'a pas encore pris de décision pour cette année. Et Khachanov attend, résigné.
« Je n'ai pas de message à faire passer (aux organisateurs). On fera ce qu'ils décident. Qu'est-ce que je peux y faire de toutes façons? Mes mots n'y changeront rien, donc autant que je me taise », a-t-il expliqué.
Estime-t-il que l'exclusion en 2022 a apporté quelque chose? « C'est à eux qu'il faut demander, pas à moi », a-t-il répondu.
La guerre en Ukraine, déclenchée par l'invasion russe en février dernier, se poursuit presque un an plus tard.