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La nouvelle championne de l'US Open Sabalenka est devenue « sa propre psychologue »

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NEW YORK – Un tigre tatoué sur le bras et un sourire candide : ultra puissante, avec un coup droit qu'elle frappe en moyenne plus fort que Carlos Alcaraz, Jannik Sinner ou Novak Djokovic selon les mesures des Internationaux des États-Unis 2024, Aryna Sabalenka n'est freinée que par son émotivité.

Car quand elle dompte ses nerfs, c'est bien le tigre qui rugit : samedi aux Internationaux des États-Unis, elle a remporté son troisième titre du Grand Chelem un an après s'être effondrée, en finale déjà face à Coco Gauff, alors qu'elle avait remporté le premier set.

Cette année, après sa demie, elle a confié avoir eu peur de revivre cet effondrement alors qu'elle ne parvenait pas à conclure.

« Je me suis dit pendant le match "Non, non, non, Aryna, ça ne peut pas se reproduire! Contrôle tes nerfs, concentre-toi sur toi. Il y a aussi des gens qui sont pour toi, ton box, ta famille, tu dois te battre" ».

Née il y a 26 ans à Minsk au Bélarus, Sabalenka a commencé le tennis à 6 ans et par hasard, lorsque, en passant en voiture avec son père Serguei – lui-même joueur de hockey sur glace – devant des courts, ils ont décidé de lui faire essayer.

« Pas mal fait »

Ses premiers souvenirs de matchs de tennis professionnels sont assez flous.

« Je me souviens vaguement d'un match entre Kerber et Serena, c'était en finale (des Internationaux d'Australie 2016), non? J'avais commandé un chocolat dans un café et il y avait une télévision. J'ai regardé d'un oeil en me disant "Oui, pas mal fait... je peux avoir mon chocolat, s'il vous plaît?" Mais en fait, je ne regardais pas vraiment de tennis. Je ne sais pas pourquoi. J'ai honte maintenant », raconte-t-elle.

La même année, de son côté, elle a fait ses débuts sur le circuit WTA à Rabat et perdu en qualifications des Internationaux des États-Unis. C'est sur ces mêmes courts de Flushing Meadows qu'elle a remporté dimanche son troisième titre du Grand Chelem, après l'Australie en janvier 2023 et 2024.

Dès 2017, elle est entrée dans le top-100 en finissant la saison au 78e rang avec notamment une finale perdue à Tianjin contre Maria Sharapova. La même année toutefois, elle s'est fait connaître en emmenant le Bélarus en finale de la Coupe Fed.

Ses premiers titres n'arriveront que la saison suivante (New Haven et Wuhan), mais elle commence alors à croire en ses capacités à remporter un jour un tournoi du Grand Chelem.

« J'ai commencé à avoir un peu plus confiance en moi. J'ai commencé à comprendre qu'avec du travail, avec les années, je serais peut-être capable de le faire », raconte-t-elle.

Travail psychologique 

Ce travail, elle l'a fait et a mis en place un jeu très agressif. Elle est devenue une joueuse puissante, aux frappes lourdes et au service dévastateur, mais commettant énormément de fautes. Ce qui l'a entraînée parfois dans des abîmes de doute.

Alors elle a ajouté à son entraînement un travail psychologique.

Mais c'est finalement sans l'aide d'un psychologue qu'elle a remporté son premier Majeur, en Australie en 2023, année où elle s'est hissée à la place de no 1 mondiale.

« À l'intersaison, j'ai décidé d'arrêter de travailler avec un psychologue. J'ai réalisé que j'étais la seule à pouvoir m'aider. J'ai dit à mon psychologue que je pensais devoir gérer tout ça toute seule parce que compter à chaque fois sur quelqu'un pour régler mes problèmes, au bout du compte ça ne réglait rien », explique-t-elle.

Depuis, en discutant avec sa famille, son équipe, elle est devenue sa « propre psychologue », sourit-elle.

« Je me connais bien et je sais gérer mes émotions », savoure-t-elle.

La joueuse a notamment retenu la leçon de sa finale des Internationaux des États-Unis 2023 face à la prodige américaine Coco Gauff qui avait été poussée par près de 24 000 spectateurs en fusion.

« Mon erreur a été d'oublier qu'elle était aussi gênée par le bruit. Oui, ils l'encouragent, mais comment peuvent-ils l'aider à gagner le match? Le seul moyen c'est d'entrer dans ma tête et de me faire perdre, moi », récite-t-elle.

Car depuis 2023, Aryna Sabalenka a un nouveau credo : « il est normal de se sentir nerveux ».