« J'ai admiré Serena, mais elle ne m'a jamais admirée », dit Margaret Court
L'Australienne Margaret Court estime qu'elle ne reçoit pas tout le crédit qu'elle mériterait du monde du tennis pour ses 24 titres individuels en Grand Chelem et que Serena Williams ne lui rend pas la même admiration qu'elle a pour l'Américaine.
Williams – qui détient 23 titres majeurs, un de moins que le record de Court qu'elle a réalisé entre 1960 et 1973 – a été vantée par plusieurs comme la meilleure joueuse de tennis de tous les temps dans ce qui semblait être son dernier tour de piste à Flushing Meadows, après avoir récemment mentionné qu'elle était prête à passer à autre chose. Williams, qui aura 41 ans plus tard en septembre, a été éliminée des Internationaux des États-Unis au troisième tour par Alja Tomljanovic vendredi soir, match lors duquel elle a sauvé cinq balles de match pour prolonger une bataille de plus de trois heures.
« Serena, je l'ai admirée comme joueuse, mais je ne crois pas qu'elle m'a déjà admirée », a confié Court au média britannique Daily Telegraph dans une rare entrevue.
Âgé de 80 ans, Court a dit qu'elle est devenue persona non grata dans le monde du tennis en raison de ses croyances chrétiennes, qui l'ont menée à s'opposer au mariage homosexuel lorsqu'il a été proposé en Australie.
« Beaucoup de médias aujourd'hui, particulièrement dans le tennis, ne veulent pas mentionner mon nom, a dit Court. Je n'ai pas reçu d'honneur pour ce que j'ai fait. Dans ma propre nation, on m'a donné des titres, mais ils [les médias] préfèrent quand même ne pas parler de moi. »
Court a aussi défendu ses accomplissements contre l'idée qu'ils ne seraient pas comparables aux accomplissements de Williams parce qu'elle a majoritairement joué dans l'ère amateure.
« Serena a joué sept ans de plus que moi. J'ai arrêté au début de la trentaine. Les gens oublient que j'ai pris une pause de deux ans. Je me suis d'abord retirée quand j'avais 25 ans, pensant que je ne retournerais jamais au tennis. »
« Je me suis mariée, j'ai eu un enfant, mais j'ai ensuite connu une de mes plus belles saisons en remportant 24 des 25 tournois. »
Court a mentionné qu'elle a maintenu un dossier supérieur à celui de Williams après que les deux soient devenues mères durant leurs carrières respectives.
« Je suis revenue après avoir eu deux enfants. Après le premier enfant, j'ai gagné trois des quatre Grands Chelems », a dit Court, avant de mentionner que « Serena n'a pas gagné de Grand Chelem depuis qu'elle a eu un enfant ».
Le plus récent titre majeur de Williams remonte à 2017, à l'Omnium d'Australie, qu'elle a gagné alors qu'elle était enceinte de huit semaines. Williams n'avait perdu aucune manche.
Durant l'entrevue, Court a également attaqué l'idée que ses 11 titres à l'Omnium d'Australie en simple avaient moins de valeur que les sept sacres de Williams.
« J'entends parfois Billie Jean [King] dire que les joueuses ne venaient pas en Australie dans mes premières années. Mais Maria Bueno, la joueuse no 1 mondiale, est venue. Tout comme Christine Truman, Ann Haydon et Darlene Hard. L'Australie avait également plusieurs excellentes joueuses. Nous avions cinq joueuses dans le top-10. Lesley Bowrey a gagné deux Omniums de France », a défendu Court.
Court a même ajouté qu'elle croyait que la vie d'une joueuse de tennis vedette était plus difficile dans ses années.
« J'aurais aimé jouer dans cette ère. Je crois que c'est beaucoup plus facile. J'aurais aimé pouvoir amener ma famille et mes amis avec moi. Mais je ne pouvais pas. Je devais y aller par moi-même ou avec l'équipe nationale. Les gens ne voient pas ça. »
« Nous n'avions pas de psychologues ou d'entraîneurs avec nous. C'est un monde complètement différent. C'est ce qui me déçoit – que les joueuses d'aujourd'hui ne fassent pas honneur au passé de ce sport. »
Court a mentionné qu'elle avait été déçue que Williams n'ait pas parlé plus de son adversaire Australienne, Tomljanovic, après sa défaite.
« Je crois que c'est mal que Williams n'ait pas parlé plus de son adversaire quand elle a parlé, a admis Court. On nous enseignait d'honorer nos adversaires. Nous nous respections. »