Serena Williams, briseuse des codes vestimentaires d'un sport corseté
PARIS, France - Du blanc exigé à Wimbledon aux combinaisons moulantes bannies de Roland-Garros, le tennis impose des codes vestimentaires parfois très stricts, que Serena Williams, dingue de mode, n'a eu de cesse de vouloir transgresser.
« Je savais que j'avais deux amours, le tennis et la mode, et que je devais trouver le moyen de concilier les deux », expliquait Williams sur son compte Instagram en 2018.
Légende du tennis titrée 23 fois en Grand Chelem, elle est aussi une figure de la mode: à la tête d'une marque de vêtements (« S By Serena »), d'une ligne de bijoux (« Serena Williams Jewelry »), elle a collaboré avec des créateurs légendaires comme Virgil Abloh et a fait plusieurs fois la Une de Vogue...
L'Américaine, dont la fortune est estimée par Forbes à 259 millions $US, faisant d'elle la sportive la plus riche de tous les temps, exprimait aussi sa passion de la mode sur les courts, à travers ses tenues.
Et ce que beaucoup ont perçu comme de l'extravagance ne lui a pas attiré que des éloges. En fait, l'Américaine a souvent récolté des remarques moqueuses, parfois ouvertement sexistes de journalistes ou de hauts dignitaires du tennis.
Pas suffisant pour la faire renoncer aux pièces originales, colorées, ajourées ou près du corps.
Si le port de la jupe sur les courts est un usage très résistant, aucune point du règlement WTA ne l'oblige explicitement. Seule exigence: porter une tenue « appropriée ».
Pour Roland-Garros 2018, Serena Williams choisit une combinaison intégrale moulante noire, en référence aux tenues des combattants du « Wakanda », pays fictif dans lequel se déroule le film de Marvel « Black Panther ».
« Choquant »
« Je me sens comme une guerrière là-dedans, une princesse-guerrière », dit alors Williams.
Sa tenue n'est pas au goût de Bernard Giudicelli, alors président de la Fédération française de tennis. « Je crois qu'on est parfois allé trop loin. La combinaison de Serena cette année, par exemple, ça ne sera plus accepté. Il faut respecter le jeu et l'endroit », déclare-t-il.
Une sortie qui fait réagir la Française Alizé Cornet. « Il y a encore des gens comme le président de ma Fédération qui vivent dans un autre temps [...] Je trouve cela extrêmement choquant. »
L'ancien président de la FFT de 2009 à 2017, Jean Gachassin, se dit lui dit « estomaqué » par ces propos « malvenus » et appelle à ne « surtout pas juger unilatéralement de la beauté ou non d'une tenue ».
Beaucoup se sont permis de le faire, au cours des 27 ans de carrière de Serena Williams.
Lorsqu'elle a remporté son deuxième US Open en 2002, dans une combinaison noire courte et moulante, la joueuse a été victime des sarcasmes de certains journalistes en conférence de presse.
« Belle tenue. Où sont les palmes, le masque et le tuba qui vont avec? », lui demande-t-on.
« Ce n'est pas une combinaison de plongée », répond Williams. « C'est fabriqué en Lycra [...] Si vous n'avez pas une belle silhouette, ce n'est pas la meilleure tenue à porter », lance-t-elle.
Shorts
L'Américaine est aussi entrée en bottes de cuir sur le court à Flushing Meadows, où elle a joué en tutu. En Australie, au Grand Chelem de Melbourne, elle tente une jupe « ajourée » qu'elle même aurait considéré « inappropriée » si elle avait été plus courte.
Des ensembles asymétriques, aussi, dont une autre combinaison intégrale, plus colorée, aux Internationaux d'Australie 2021. Avec une seule jambe couverte, Williams explique vouloir rendre hommage à la sprinteuse Florence Griffith Joyner, qui portait une jambière du côté droit.
Elle se permet un autre coup d'éclat à Wimbledon, le plus conservateur des tournois avec sa règle du blanc obligatoire. L'Américaine arrive sur le court en manteau et se fend d'un trait d'esprit: « Il ne repoussera peut-être pas la pluie, mais on peut toujours espérer. »
Le public apprécie, le Daily Express salue: « Jeu, set et glam, Miss Williams ».
À New York, pour sa dernière danse, Serena s'est parée de noir, mais pour mieux étinceler une ultime fois: sur ses chaussures, outre la célèbre virgule en diamants incrustés, les lacets étaient surmontés de petits bijoux de sa propre marque, « sertis à la main de 400 diamants en céramique noire » où apparaissaient les mots « QUEEN » et « MAMA ».
D'après Nike, son équipementier, l'Américaine a participé à cette dernière création en s'inspirant des « tenues de compétition gracieuses portées par les patineuses artistiques ».