TORONTO - Des projets visant à bonifier le Centre d'athlétisme de Toronto en vue des Jeux panaméricains de 2015 ont été abandonnés, semant le mécontentement parmi les meilleurs sprinters du pays.

Et des délais dans le remplacement de la piste intérieure de l'Université York donnent aux athlètes l'impression qu'ils sont abandonnés à leur sort.

Un porte-parole du comité organisateur des Jeux panaméricains a confirmé vendredi que les projets, incluant la construction d'une nouvelle salle de musculation, de salles de conférence et la prolongation de la ligne droite de la piste de 200 mètres de l'Université York, ont été annulés.

Terry Katz a dit souhaiter que les projets pour le Centre d'athlétisme se réalisent après les Jeux. Toutefois, il n'a pu expliquer pourquoi ces projets, applaudis par les responsables d'Athlétisme Canada lors de leur annonce il y a deux ans, ont été mis de côté.

Il s'agit de mauvaises nouvelles pour les sprinters canadiens, qui se préparent pour les Jeux dans une salle exiguë à l'Université York. Toronto sera la ville-hôtesse de ces Jeux, du 10 au 26 juillet 2015.

La spécialiste du 100 mètres haies, Phylicia George, a ouvertement déploré la situation.

« Nous avions ces attentes, avant d'amorcer l'année, et nous nous disions que ce serait extraordinaire de compter sur des installations intérieures, que l'on prendrait soin de nous, que les Jeux panaméricains approchaient, que tout serait merveilleux, et que ce seraient les installations idéales en vue de Rio (site des Jeux olympiques de 2016), a confié George.

« Mais c'est tout le contraire, et c'est comme si nous étions laissés à nous-mêmes. C'est comme si on nous disait, 'trouvez vous-mêmes la solution'. C'est frustrant. Nous essayons de ne pas rabâcher là-dessus jour après jour, parce que c'est la réalité. Je dois poursuivre l'entraînement, je veux toujours aller aux Jeux panaméricains et connaître du succès. Je ne peux m'asseoir et me plaindre. Nous faisons tout en notre pouvoir pour être prêts. Est-ce la situation optimale? Non, pas du tout. »

George, qui a terminé en sixième place du 100 mètres haies aux Jeux de Londres, en 2012, s'entraîne toute l'année à l'Université York en compagnie d'un groupe d'athlètes qui inclut la médaillée olympique Priscilla Lopes-Schliep ainsi que les membres de l'équipe masculine de relais qui a arraché la médaille de bronze aux Championnats du monde de 2013.

Une étroite pièce dans le complexe intérieur, un édifice qui a à peine changé depuis les jours de Ben Johnson et d'Angela Issajenko, durant les années '80, permet aux athlètes de soulever des poids et haltères, recevoir des massages, prendre des bains glacés et de tenir des rencontres. Par moments, une vingtaine de personnes peuvent s'y retrouver en même temps.

Le local ne compte qu'un support servant à faire des flexions des jambes et une plateforme réservée aux poids et haltères, ce qui fait que les athlètes doivent souvent faire la file pour les utiliser, note George.

« Lorsqu'il y a beaucoup de monde, ça peut devenir chaotique, ajoute Dontae Richards-Kwok, un membre de l'équipe canadienne de relais.

« C'est notre salle de musculation, c'est là que nous nous réunissons, c'est là que les thérapeutes viennent nous rejoindre... Il peut y avoir deux thérapeutes donnant des massages, et nos entraîneurs peuvent être présents parmi nos sacs à dos et effets personnels. Imaginez lorsqu'il y a 20 personnes dans cette pièce qui ne mesure que 20 pieds par 10 pieds; ça peut devenir assez agité. »

« Je comprends entièrement la frustration des athlètes, a réagi le directeur général d'Athlétisme Canada, Rob Guy. Voici des athlètes qui ont mis leur vie en veilleuse, qui tentent de gagner des médailles pour le Canada et en ce moment, il y a autant de questions que de réponses », a-t-il commenté.