TORONTO - Quelque part dans le domicile de Peter Eriksson se trouve la lettre que Chantal Petitclerc lui a écrite il y a 25 ans.

Petitclerc était une adolescente à l'époque et tentait de trouver une façon d'assouvir son désir de faire du sport. Mais à titre de seule personne en fauteuil roulant à Saint-Marc-des-Carrières - une ville d'environ 2000 habitants -, ce n'était pas facile.

« Son anglais était très mauvais. Elle m'a écrit une lettre et m'a demandé si j'étais intéressé à devenir son entraîneur, a dit Eriksson, qui vivait à Edmonton à l'époque. Je l'avais vue dans une compétition l'année précédente et j'ai demandé qui elle était. On m'a répondu qu'elle était nouvelle sur le circuit et que c'était une de ses premières compétitions.

« J'ai alors dit à cette personne qu'elle sera très bonne. Je me rappelais donc son nom quand j'ai lu la lettre. Je l'ai quelque part. Un jour, je vais essayer de la retrouver. C'était très spécial. »

L'ardent désir de compétition qui a poussé Petitclerc à déménager à Edmonton pour s'entraîner - le début d'une des plus belles carrières sportives au Canada - brûle toujours chez la femme de 44 ans, selon Eriksson. C'est pourquoi son ex-entraîneur croit qu'elle était le choix parfait pour devenir le chef de mission du Canada aux Jeux du Commonwealth, qui s'amorceront dans quelques jours à Glasgow, en Écosse.

« Ça a toujours été la même chose, ce désir de s'améliorer, de demeurer concentrée, d'établir clairement ses objectifs et les sacrifices qui devront être faits pour les atteindre, s'est rappelé Eriksson. Je suis très fier qu'elle soit chef de mission, car je sais qu'elle fera du bon boulot. Elle est très bonne dans ce qu'elle fait, elle comprend le sport d'élite et c'est une excellente représentante pour le Canada. »

Petitclerc croit être la première athlète paralympique à être nommée chef de mission à des jeux multisports. Le chef de mission est en charge de la délégation et est le porte-parole des athlètes.

Quelques mois après avoir perdu l'usage de ses jambes quand une porte de ferme lui est tombée dessus alors qu'elle était âgée de 13 ans, elle s'est mise à la pratique du sport - la natation d'abord, puis la course en fauteuil roulant.

Petitclerc est ensuite devenue une des athlètes canadiennes les plus décorées. Elle détient des records du monde sur trois distances différentes en fauteuil roulant et a remporté 21 médailles paralympiques, dont 14 d'or. Elle a gagné cinq médailles d'or aux Jeux d'Athènes, en 2004, et de Pékin, en 2008.

Les Jeux du Commonwealth sont les seuls grands jeux multisports intégrés, ce qui rend son rôle de chef de mission encore plus important à ses yeux.

« Je conserve de très bons souvenirs de mes expériences aux Jeux du Commonwealth. Je pense que ce sont de grands jeux, a déclaré Petitclerc. J'y ai gagné l'or en 2002, la toute première médaille inclusive en parasport. Ça demeure un de mes plus beaux souvenirs. Ça valait beaucoup pour moi que cette médaille ne soit pas une médaille de démonstration et qu'elle compte au total de médailles de mon pays.

« À titre d'athlète paralympique, vous travaillez tellement fort pour prouver que vous êtes un athlète au même titre que les autres, que vous vous entraînez aussi fort, que votre niveau d'engagement est le même qu'un athlète olympique. De voir un événement international reconnaître cela, c'était historique. »

Eriksson ne voit pas Petitclerc comme étant la première athlète paralympique nommée chef de mission. Il la voit comme la plus récente des grands athlètes canadiens à occuper ce rôle: le cycliste Curt Harnett aux Jeux panaméricains de 2011, le nageur Mark Tewksbury au Jeux olympiques de 2012, puis le skieur Steve Podborski aux derniers Jeux d'hiver.

« Vous pouvez dire qu'elle était une grande paralympienne. Moi, je dis qu'elle était une grande athlète, précise Eriksson. Peu importe les critères, elle est une des plus grandes athlètes féminines de l'histoire du Canada. »

Pour son rôle de chef de mission, Petitclerc s'inspire des athlètes qui ont occupé le poste avant elle, ajoutant qu'elle souhaiterait baser son approche sur celle de Tewksbury.

« Il a vraiment eu un impact sur les performances et les expériences vécues par les athlètes, a dit la maman du petit Elliott, né en décembre dernier. Il se disait le partisan no 1 de l'équipe à Londres. C'est ce que je veux être : inspirante. »

Les Jeux du Commonwealth s'amorceront le 23 juillet. Pas moins de 17 sports sont à l'affiche pendant les 11 jours de compétition, en plus de 22 disciplines paralympiques réparties dans cinq sports.