LONDRES - Avec l'escalade quotidienne de la crise en Ukraine, il est difficile de s'imaginer l'ancienne république soviétique accueillir les Jeux olympiques. Pourtant, Lviv, une ville située dans l'ouest du pays, n'a pas renoncé à l'idée d'accueillir les Jeux d'hiver de 2022.

Lviv demeure l'une des cinq villes toujours en lice pour organiser ces Jeux, avec Almaty, au Kazakhstan, Pékin, Cracovie, en Pologne, et Oslo.

Mais la candidature de Lviv se retrouve dans les limbes en raison des turbulences géo-politiques impliquant la Russie et l'Ukraine et de l'élection présidentielle du 25 mai prochain, dont le résultat pourrait être crucial pour la suite des choses.

« Présentement, notre rêve est sur la glace en raison des circonstances en Ukraine et au moins jusqu'au scrutin, a déclaré le président du comité de candidature, Sergei Goncharov, à The Associated Press. Nous avons réduit nos opérations et suspendu nos activités promotionnelles et médiatiques jusqu'à la résolution des défis auxquels doit faire face l'Ukraine présentement. »

Goncharov a ajouté que le Comité international olympique a appuyé Lviv sans réserve.

« L'accord que nous avons avec le CIO présentement est que nous allons nous asseoir avec eux dès qu'il nous sera possible de déterminer si nous sommes en mesure de remplir nos engagements et de réaliser notre rêve d'accueillir les Jeux olympiques d'hiver. Le rêve est dorénavant plus important que jamais. »

Les tensions en Ukraine ont augmenté depuis le renversement du président pro-russe Viktor Ianoukovitch et de l'annexation par la Russie de la Crimée. Des insurgés bien armés, financés par la Russie, ont semé le chaos dans l'Est du pays, s'emparant notamment de bâtiments dans 10 villes. Trois militants pro-russes ont été tués quand l'armée ukrainienne a repoussé une attaque sur une base militaire dans la ville portuaire de Mairupo, sur les côtes de la mer Noire, mercredi.

Ces derniers événements représentent un énorme défi pour le gouvernement du président intérimaire Oleksandre Tourtchinov.

« Une fois les élections passées, nous allons nous asseoir en compagnie de nos principaux partenaires et du président pour analyser si nous pouvons remplir nos engagements et répondre aux attentes qui viennent avec l'organisation des Jeux olympiques, a dit Goncharov. On ne veut pas présenter une candidature sans être capable de livrer la marchandise. »

Lviv, une ville d'environ 700 000 habitants, est située dans l'ouest de l'Ukraine et tisse des liens plus étroits avec l'Occident qu'avec Moscou. Elle est considérée comme l'un des pôles culturels et touristiques de l'Ukraine.

« Nous demeurons convaincus de l'impact positif sur les plans économique et politique de tenir les JO, a ajouté Goncharov. Cela aiderait notre processus d'intégration à l'Europe et au reste du monde, ce qui est important dans le moment. »

Lviv n'est pas la seule candidature aux JO 2022 à soulever des interrogations.

Oslo, ville hôtesse des Jeux d'hiver de 1952, n'a pas encore les garanties financières du gouvernement norvégien et de récents sondages démontrent qu'un majorité de Norvégiens s'opposent au projet.

Cracovie a été secouée par la démission, la semaine dernière, de la présidente de son comité de candidature, Jagna Marczulajtis-Walczak, à la suite d'allégations des médais selon lesquelles son conjoint aurait offert de l'argent à des journalistes en échange de reportages favorables aux Jeux. La candidature fera également l'objet d'un référendum, le 25 mai prochain.

Les cinq villes ont soumis leur dossier au CIO le mois dernier et elles feront une présentation par vidéoconférence auprès des membres du CIO le 8 mai prochain. Le comité exécutif du CIO se réunira ensuite à Lausanne, en Suisse, les 8 et 9 juillet, afin de décider les villes qui feront partie de la liste finale de candidates. Les cinq villes pourraient s'y retrouver, mais le CIO pourrait aussi retrancher jusqu'à trois candidatures. Le CIo votera ensuite la gagnante le 31 juillet 2015, à Kuala Lumpur, en Malaisie.

Le CIO aura besoi d'éclaircissements sur la situation ukrainienne avant sa rencontre de juillet prochain.

« Il doit obtenir une réponse claire et honnête de notre part sur notre situation, a déclaré Goncharov. Nous allons le consulter pour prendre notre décision. »