MONACO - Le président de la fédération russe d'athlétisme a été suspendu puisqu'on le suspecte d'entrave au travail des enquêteurs dans un dossier de dopage, une décision qui pourrait avoir des répercussions majeures sur la présence de la Russie aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020.

L'Unité d'intégrité de l'athlétisme (UIA), qui a le mandat de trancher dans les enjeux disciplinaires, a porté des accusations contre Dmitri Shlyakhtin et six autres individus.

Elles sont toutes reliées au dossier du sauteur Danil Lysenko, qui a présenté de faux relevés médicaux après avoir été accusé d'avoir volontairement évité des tests antidopage.

La fédération est elle-même confrontée à diverses accusations, tout comme Shlyakhtin et quatre autres hauts dirigeants. Lysenko et son entraîneur Evgeny Zagorulko ont aussi été accusés.

Parmi les autres dirigeants ciblés se trouve Elena Orlova, qui était la chef de mission des athlètes russes aux Championnats du monde en septembre et octobre, où la Russie a décroché six médailles. Les autres accusés sont le directeur exécutif de la fédération russe, Alexander Parkin, et l'un des membres du conseil d'administration, Artur Karamyan.

La porte-parole de la fédération russe, Nataliya Yukhareva, a déclaré à l'Associated Press que Shlyakhtin et la fédération avaient jusqu'au 12 décembre pour répondre aux accusations. Aucune date n'a été établie pour une audience.

« Nous avons besoin de temps pour permettre aux avocats d'étudier le dossier », a relevé Yukhareva, en ajoutant que Shlyakhtin « entend défendre sa réputation ».

Elle a ajouté que Shlyakhtin se retirera de ses fonctions de président et que le conseil d'administration de la fédération élira bientôt un président intérimaire. Shlyakhtin agit aussi à titre de sous-ministre des Sports en Russie, et on ignore pour l'instant s'il conservera cette fonction.

L'UIA a mentionné que son enquête s'était déroulée pendant 15 mois et qu'elle comprenait des entretiens intensifs ainsi que des analyses informatiques. Elle a conclu que « les dirigeants (russes) ont été impliqués dans la fabrication d'excuses et de faux documents transmis à l'UIA pour justifier l'absence d'un athlète (à un test antidopage) ».

En septembre, les enquêteurs de World Athletics ont indiqué que Lysenko avait admis avoir fourni de faux documents avec l'aide des dirigeants russes, avant de revenir sur sa version des faits.

Cette annonce arrive au moment même où la Russie est confrontée, dans un dossier distinct, à des allégations d'avoir fourni des relevés informatiques incomplets à l'Agence mondiale antidopage, ce qui pourrait entraîner de nouvelles sanctions le mois prochain.

La fédération russe a officiellement été suspendue des compétitions internationales d'athlétisme en 2015, après que de nombreux cas de dopage aient été relevés.

Elle avait bon espoir d'être réadmise plus tôt cette année à la suite de négociations menées par Shlyakhtin, mais les dirigeants de 'World Athletics' ont exprimé leurs préoccupations quant à la possibilité que les nouvelles règles antidopage ne soient pas appliquées concrètement sur le terrain.

Cette annonce est survenue à la veille d'une rencontre de l'organisation World Athletics, jadis appelée l'IAAF, qui chapeaute l'athlétisme sur la planète.

Les athlètes russes ont reçu le feu vert pour participer aux épreuves sportives sous une bannière neutre, après avoir présenté aux dirigeants tous leurs relevés antidopage. Les athlètes russes qui ont répondu à ces critères pourraient représenter leur pays, sous la bannière russe, aux Jeux de Tokyo l'été prochain.

L'UIA a souligné que l'Agence russe antidopage, mieux connue sous le nom de RUSADA, avait coopéré à l'enquête. Le directeur exécutif de la RUSADA a mentionné en juin que son implication dans le dossier avait entraîné le déclenchement de nombreuses enquêtes des procureurs russes afin de déterminer s'il avait l'autorisation d'y participer.