Dans sept mois jour pour jour, l’équipe canadienne fera son entrée dans le Stade Maracanã pour célébrer le début des Jeux paralympiques de Rio. Pour plusieurs athlètes, le décompte est commencé depuis déjà bien longtemps et les prochaines semaines seront déterminantes. Quelques points, quelques mètres, quelques centièmes de seconde décideront peut-être s’ils seront de ceux qui paraderont en brandissant l’unifolié le 7 septembre.

En ce début 2016, le joueur de tennis en fauteuil Philippe Bédard est l’un de ceux qui peuvent se permettre de souffler un peu. Sa qualification pour les Jeux de Rio est maintenant presque une formalité.

Au terme du processus de sélection qui se terminera le 23 mai prochain, l’actuelle 31e raquette mondiale doit demeurer parmi le top-34 du classement international. « J’ai besoin d’une centaine de points pour protéger ceux que j’ai obtenus en mars et en avril 2015 », explique l’athlète de Bromont.

Sans cette pression supplémentaire sur les épaules, Bédard peut ainsi se concentrer sur son jeu. Et un gros mois d’entraînement attend le Québécois en février. « Le plan est de faire venir des joueurs à Montréal avec qui je pourrais m’entraîner. »

S’il se retrouve dans cette agréable situation, c’est surtout grâce à ses exploits de l’été et l’automne derniers qui lui ont notamment permis d’atteindre le meilleur classement mondial de sa carrière, une 28e place obtenue à la fin octobre.  « J’ai fait des choses exceptionnelles !  » raconte le finaliste des Championnats Pacific NW Sectional (Beaverton, Oregon) et le demi-finaliste aux Championnats internationaux Tennis Canada (Montréal).

Selon le Québécois, plusieurs facteurs expliquent ces récents succès. « C’était la fin de la saison alors j’avais beaucoup de tennis dans le corps. J’ai profité des ouvertures que j’avais dans les tableaux et j’ai fait de gros points qui m'ont permis de battre de gros noms », explique celui qui avait pourtant dû prendre congé des courts pendant deux mois en milieu de saison pour soigner une blessure au bas du dos.

Philippe Bédard a également entamé l’année 2016 en force. L’athlète de 34 ans a déjà participé à deux tournois et a même remporté la finale de double de l’Open d’Arizona aux côtés de l’Américain Steve T. Baldwin. « J’ai travaillé fort pendant la saison morte et j’ai beaucoup amélioré mon jeu. Ç’a beaucoup paru dans les derniers tournois », se réjouit-il.

De Londres à Rio

Membre de la délégation canadienne aux Jeux paralympiques de Londres en 2012, Philippe Bédard l’admet sans détour. Il n’est plus du tout le même joueur derrière sa raquette.

« En 2012, ça faisait trois ans que j’avais commencé à jouer au tennis en fauteuil roulant. Je n’avais pas beaucoup d’expérience sur le circuit. J’ai joué de gros matchs, dans de gros tournois. J’ai appris à bien gérer mes émotions, bien appliquer mes plans de match. J’ai aussi beaucoup développé mon jeu.  »

Éliminé au deuxième tour en simple et en première ronde de double lors de sa première aventure paralympique, Bédard avait été impressionné par l’envergure des Jeux. « Mon entraîneuse me disait d’en profiter au maximum et de bien ouvrir les yeux pour saisir les beaux moments. »

Médaillé de bronze en double aux Jeux parapanaméricains de Toronto l’été dernier, habitué du circuit international et participant à de nombreuses Coupes du monde, Philippe Bédard a maintenant l’expérience d’un vétéran et n’aborde plus ses tournois de la même façon. « Remporter une médaille aux Jeux parapanaméricains, ça donne beaucoup de confiance.  Tu arrives ensuite dans de gros matchs et tu peux mieux gérer la pression. »

Bien qu’il ne sera pas un prétendant à une médaille aux Jeux paralympiques de Rio, Bédard veut s’y présenter en jouant son meilleur tennis. « Je n’aurai pas cette pression d’une médaille, mais je veux arriver là-bas au meilleur de ma forme. »

À sept mois de la cérémonie d’ouverture, Philippe Bédard se sent déjà fébrile à l’idée de participer à ses deuxièmes Jeux paralympiques. « J’ai vraiment hâte. C’est vraiment excitant et c’est motivant pour continuer de m’entraîner aussi fort. »

L’année sera certainement marquante de plus d’une façon puisqu’il se mariera également en juillet. « Ça faisait longtemps que j’attendais 2016 ! »