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RÉSULTATS

La meilleure carte de l'histoire de la boxe?

Gala Beterbiev c. Bivol Gala Beterbiev c. Bivol - RDS
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COLLABORATION SPÉCIALE

Il y a huit combats prévus le 22 février dans le cadre des «  Saison de Riyad » dans le Kingdom Arena en Arabie Saoudite dont sept combats de championnat du monde.

Eddie Hearn, le président de Matchroom, et l'un des promoteurs de l'événement qualifie ce gala comme le plus relevé, le plus significatif et le plus important de l'histoire de la boxe!

Dans ma chronique de la semaine prochaine, je vais me concentrer sur le combat principal Beterbiev/Bivol, mais aujourd'hui je vais analyser les autres confrontations en lice, leur impact sur cet événement, dans leurs divisions respectives et placer cet événement dans son contexte historique.

Tout d'abord, ce fastueux spectacle est parrainé et financé par « General Entertainment Authority » et son président Turki Alalshikh. Je ne connais personne dans toute l'histoire de la boxe qui aurait eu ce genre de ressources.

Je sais que depuis un an je vous ai parlé souvent d'Alalshikh et ses projets, mais c'est tout simplement impossible de passer à côté tellement il a complètement révolutionné la boxe professionnelle avec des répercussions partout dans le monde, même ici au Québec.

Et ce n'est qu'un début, le grand argentier de ce bouleversement dans l'industrie a annoncé un engagement jusqu'en 2030!

Pour réaliser ce somptueux programme, son éminence a d'abord réuni les tops promoteurs au monde, Bob Arum (Top Rank), Eddie Hearn (Matchroom Boxing), Frank Warren (Queensberry Promotions), Tom Brown (Premier Boxing Champions), Oscar De La Hoya (Golden Boy) et Ben Shalom (Boxxer).

Ce groupe de promoteurs contrôle 90% des finances de la boxe internationale, rien de moins.

Il y a un an à peine, tous ces promoteurs étaient indépendants les uns des autres et chacun contrôlait son petit territoire avec ses champions, ses affiliations de streaming ou de télévision. Chacun gardait précieusement sa chasse et ne collaborait que par ultime nécessité avec le compétiteur.

On a souvent été témoins d'invectives et d'accusations graves les uns contre les autres et on se regardait comme des chiens de faïence.

En moins d'un an tous ces antagonistes ont tour à tour enterré la hache de guerre, évidemment par intérêts, à l'arrivée des geysers abondants de petro dollars qui semblent jaillir à l'infinie.

Le résultat est qu'il n'y a plus de frontières ni limites pour mettre sur pied toutes les confrontations et ses combinaisons imaginable qui capte l'attention du Saoudien.

Alors, pour l'événement présenté la semaine suivant la St-Valentin, on a réuni des combattants talentueux qui vont tenter d'impressionner pour être à nouveau invités à Riyad, car c'est davantage ça l'enjeu… les titres sont accessoires.

Championnat IBF des louds : Dubois c. Parker

La demi-finale va opposer le seul champion du monde des lourds qui ne s'appelle pas Usyk, Daniel Dubois (22-2-0, 21 K.-O.) qui va défendre pour la première fois sa ceinture IBF contre le néo-zélandais Joseph Parker (35-3-0, 23 K.-O.).

L'Anglais de 27 ans est sur une lancée de trois victoires consécutives, dont sa dernière contre l'ancien dieu des stades du Royaume-Uni, Anthony Joshua (28-4-0, 25 K.-O.) devant 90 000 spectateurs à Wembley, en lui passant le K.-O. en moins de cinq rounds.

Parker, 33 ans, a détenu le titre mondial WBO pour trois combats de 2016 à 2017 avant de le perdre aux mains de Joshua en 2018. Sa carrière a semblé plafonner à ce moment mais il s'est réhabilité avec cinq victoires consécutives depuis 2023, dont des décisions surprises sur l'ancien cerbère WBC Deontay Wilder et sur le colosse chinois Zhilei Zhang.

Dubois combat avec une énergie nerveuse et ses poings sont très dangereux. Parker a beaucoup d'expérience et est un fin stratège. On est certainement en présence des deux plus solides poids lourds après l'Ukrainien.

Je sais que je suis à contre-courant, mais j'ai l'impression que Parker va être en mesure de manœuvrer pour contrôler l'agressivité et la pression de son jeune adversaire pour saisir une victoire par décision.

WBC intérimaire des lourds : Zhang c. Kabayal

Un championnat du monde des lourds, en préliminaire…certes une première. Comme Usyk n'est pas pressé de remonter sur les planches et quand il en aura envie ce sera sûrement contre le gagnant Dubois/Parker, la WBC a décidé de déterminer un champion intérimaire.

Les deux premiers aspirants WBC sont conviés à en découdre. Le vétéran gaucher de 41 ans Zhilei Zhang (27-2-1, 22 K.-O.) semblait destiné à être un aspirant marginal après un match nul contre le faire valoir Jerry Forrest en 2021.

C'est à l'aube de ses 40 ans qu'il a peut-être, comme Obélix, tombé dans une marmite de potion magique, mais malgré deux défaites à ses cinq derniers combats, il s'avère être un mastodonte aux mains vives et à la détente létale. Il a passé le K.-O. à Joe Joyce deux fois et a pratiquement mis fin à la carrière à Deontay Wilder, à sa dernière sortie, en l'assommant au 5ème.

L'Allemand de 32 ans Agit Kabayel (25-0, 17 K.-O.) s'est révélé à ses deux dernières sorties, en détruisant littéralement les espoirs internationaux Arslanbek Makhmudov et Frank Sanchez qui étaient tous les deux invaincus.

Kabayel, qu'on connaissait peu, était le négligé dans ces deux bagarres qui ont eu lieu à Riyad. Il s'est avéré être un boxeur complet, brillant en défensive et créatif en attaque. Contrairement à Zhang, il n'est pas du genre à vous assommer d'un coup mais ses combinaisons rapides et précises sont tout à fait destructrices.

Un combat dangereux pour Kabayel, mais plus jeune et plus vigoureux, je m'attends à ce qu'il évite la dangereuse droite du concitoyen de Ki Jinping et qu'il l'emporte par décision.

WBC poids moyens : Adames c. Sheeraz

La division des moyens a célébré de nombreux grands champions comme Sugar Ray Robinson, Carlos Monzon, Marvin Hagler, Bernard Hopkins ou Gennady Golovkin, mais elle a depuis longtemps perdu son lustre.

Les champions actuels sont Erislandy Lara (31-3-3, 19 K.-O.) qui aura 42 ans dans deux mois et Zhanibek Alimkhanuly (16-0, 11 K.-O.) qui est bon, mais sans plus.

Selon son promoteur Frank Warren, on aurait trouvé la prochaine merveille des poids moyens en Hamzah Sheeraz (21-0, 17 K.-O.) de l'Angleterre.

On va en avoir une très bonne idée de son talent le 22 février. Le longiligne combattant de 6'3'', 25 ans, va tenter de détrôner le champion WBC Carlos Adames (24-1, 18 K.-O.) de la République Dominicaine.

Adames est solide et expérimenté. Il fait tout bien sur le ring mais en même temps rien de spécial.

J'ai bien hâte de voir si Sheeraz est l'enfant prodigue annoncé.

WBC super mi-moyens intérimaire : Ortiz Jr. c. Madrimov

On a découvert Israil Madrimov (10-1-1, 7 K.-O.) à sa dernière sortie contre Terence Crawford, une défaite extrêmement serrée dont un seul petit round a départagé, comme en font foi les pointages de 115-113 deux fois et l'autre 116-112.

Madrimov s'est avéré un boxeur tenace, brillant en défensive et solide en attaque, assez pour dérouter l'un des meilleurs au monde livre pour livre. On va savoir si pour l'Uzbek c'était un « One Hit Wonder » ou bien s'il est réel face au jeune surdoué de 26 ans Vergil Ortiz Jr. (22-0, 21 K.-O.).

Le protégé d'Oscar de la Hoya semble posséder tous les atouts, charisme, athlétisme, vitesse, habileté pour non seulement dominer, mais devenir une grande vedette internationale.

Je m'attends à une performance flamboyante de l'Américain qui devra se contenter d'une victoire par décision pour une deuxième fois en carrière.

WBC des légers : Stevenson c. Schofield

Une prédiction facile ici alors que l'efficace et habile champion, médaillé d'argent des JO de Rio 2016, mais peu spectaculaire Shakur Stevenson (22-0, 10 K.-O.) contre un très jeune aspirant de 22 ans Floyd Schofield du Texas.

Stevenson est trop complet pour Schofield el il devra trouver une façon d'être spectaculaire, lui qui a essuyé des huées à sa dernière sortie pour ses performances sans émotions. Cette fois-ci, il ne pourra pas blâmer son ex-promoteur Bob Arum pour ne pas avoir soigner son image.

WBO intérim des mi-louds : Bustsi c. Smith

On cherche un successeur au duo dominant chez les mi-lourds, Beterbiev et Bivol. Certains croient que c'est David Benavidez qui a été brillant dans sa victoire contre David Morrell il y a deux semaines.

Ici, on retrouve le médaillé de bronze aux JO de Rio et invaincu Joshua Buatsi (19-0, 13 K.-O.) contre son compatriote du Royaume-Uni Callum Smith (30-2, 22 K.-O.)

C'est déjà établi, le dauphin des mi-lourds ne sera pas Callum Smith, considérant la râclée qu'il a reçu à Québec l'an dernier contre Artur Beterbiev. Un travail de démolition qui s'est terminé au 7ème et qui n'a laissé aucun doute sur l'écart qui le sépare d'un couronnement à 175 livres.

L'inconnu ici est Buatsi, 31 ans qui a dominé l'opposition qu'on lui a donné sans jamais créer « d'effet wow » autour de lui.

Buatsi devrait l'emporter mais une victoire par décision partagée contre Willy Hutchinson (18-2, 13 K.-O.) à sa dernière rixe n'annonce pas grand-chose.

La meilleure carte de l'histoire

En conclusion, est-ce que cette sous-carte, combinée au grand combat revanche entre les deux géants des mi-lourds représente la meilleure carte de l'histoire?

À l'époque où HBO BOXING présentait le summum en boxe, au moins cinq des huit combats présentés le 22 février auraient fait des finales.

Alors sur papier, ça me semble bien être la plus importante carte de boxe de l'histoire, mais est-ce de cette façon qu'on va la retenir?

Le temps qui nous dira la véritable valeur de la soirée pour ce que notre mémoire va retenir. Quand on se rappelle les grands combats de l'histoire, on ne retient jamais l'identité des participants de la demi-finale et la majorité du temps d'aucun des autres participants.

Alors si un jour, en parlant de Beterbiev/Bivol II, on évoque facilement une performance ou une victoire style : « Ah oui, je me souviens c'est le jour où Parker a détrôné Dubois ou Ortiz Jr a tellement été brillant ce soir-là… »  On pourra dire c'était la plus grande de l'histoire, mais j'en doute.

Le 22 février, on risque d'assister à un marathon qui va présenter beaucoup de boxeurs de talent certes, mais également des longueurs dans le déroulement qui vont peut-être tester notre enthousiasme.

Une constance dans toute l'histoire de la boxe est que la valeur d'un gala est toujours jugée par la qualité de sa finale et le spectacle que les deux vedettes auront livré. La place historique qu'occupera ce gala sera déterminé par les actions de Beterbiev et de Bivol. Les autres combats, aussi prestigieux qu'ils soient, auront peu d'impact sur notre sentiment de plaisir et de bonheur.

Un bel exemple récent; la soirée Paul/Tyson sur Netflix. En préliminaire, on a assisté à deux grands combats, dont probablement le plus spectaculaire et intense combat féminin de l'histoire, Amanda Serrano contre Kathy Taylor.

Ce que la mémoire collective retient de cette soirée c'est Tyson faisait ses 58 ans.

La semaine prochaine je me concentre sur le grand duel des mi-lourds Beterbiev/Bivol

Au Canada on peut regarder cette soirée en s'abonnant à DAZN puis en déboursant la somme supplémentaire de 25,99 en argent canadien.

Bonne boxe

Et bonne St-Valentin.

À la semaine prochaine